Conte : Le monstre aristocrate '' Iscariotte''

Publié le 29 juillet 2018 par Perceval

Face au conte précédent populaire et rural; il est intéressant d'y adjoindre un conte parisien et orléaniste : ''Le Dernier cri du monstre'' (1789), qui est un conte orléaniste. Il exalte les exploits du preux Sanelor (duc d'Orléans) face aux intrigues de la Cour et aux manœuvres de la fée Cangilope (Polignac)...

C'est l'histoire d'un monstre : le géant aristocrate '' Iscariotte''.

Ce monstre est d'abord une gravure : " Ses couleurs vives impressionnent, le corps fait d'écaillés vertes recouvertes en partie par un " Corselet brassard " et un " Cuissard " de fer, une chevelure mêlant des serpents verts et leur gueule rouge sang, du même rouge que la pointe du poignard ou que les taches de " rousseur " qui troublent le visage rose pâle. Des parements d'or sur le corselet, or que l'on retrouve sur la " couronne de piques ", l'épée et les griffes. " On voit ( et on comprend) également : Une Bastille en arrière-plan; les emblèmes de la tyrannie dans la main de la créature, sur sa tête et à son côté. Voici le " monstre du despotisme ", rôdant autour de la forteresse qu'il veut défendre..

Le géant Iscariotte, aristocrate, slnd, BN : Cabinet des estampes, coll. de Vinck 3659. (Cette gravure est commentée dans A. de Baecque, La caricature révolutionnaire, Paris, Presses du CNRS, 1988, pp. 138-139)

La gravure est commentée ainsi :

" Ce monstre représente la Figure d'un Enfant furieux ayant une chevelure de Serpents surmontée d'une Couronne de piques. Il tient un poignard prêt à frapper ceux qui s'opposent à sa tirannie. Il est vêtu d'un Corselet brassard et Cuissard de Fer. Il a les pieds et les mains Armés de Griffes de Tigre. "

Ce conte se passe dans un royaume imaginaire, la ''Gallie '' ( la France en juillet 1789). Les Gallins, gouvernés par un sultan pourtant sans reproche, ''Civis-King '' ( Louis XVI), sont divisés : les uns sont orgueilleux, " grandissant démesurément ", les autres sont des goinfres paillards dont " le ventre s'enfle et se tend comme un tambour " et les derniers, trop timorés " restent noués et rachitiques "...

Le sultan appelle " Kernec " (Necker) pour résoudre ces problèmes. Celui-ci trouve la source du mal : un " arbre d'airain " qui fait ombrage au royaume, arbre maléfique, protégé par un monstre redoutable, " Iscariotte " ( aristocrate) , habité par des magiciens, la fée " Cangilop " (Polignac), l'enchanteur " Umaïr " (Maury) et le sorcier " Vadul " (Duval d'Epréménil).

La Grande Peur 1789

Une expédition se monte, animée par Kernec et " Sanelor " (le duc d'Orléans), dont le but est de chasser ces êtres de l'ombre, de déraciner l'arbre d'airain, pour permettre aux " 1 200 constructeurs " de bâtir un nouveau temple sur l'emplacement de l'arbre maléfique.

Finalement, au sommet du récit, c'est le combat entre le chevalier Sanelor et le monstre Iscariotte : " Le prince se précipite sur le monstre qui, de son côté, défend sa vie et son asyle avec une fureur égale à la vigueur de l'attaque. [...] Trois fois, le héros ramasse ses forces pour frapper un coup décisif, et trois fois l'écaillé qui enveloppe le monstre repousse le terrible acier. Il le force enfin de quitter son obscur repaire. Alors, jetant au loin ses armes, il le saisit et l'étouffé comme Hercule étouffa Antée. Le monstre en expirant poussa un cri formidable, et le souffle de son esprit démoniaque s'échappa de son fondement, vautour noir s'en allant rejoindre ses compères dans l'antre de Lucifer. L'arbre d'airain tombant de lui-même fit retentir les échos du bruit de sa chute. La horde impure des fées, des enchanteurs et des magiciens courut cacher dans l'ombre la honte de sa défaite; et le grand Civis-King, le valeureux Sanelor et le sage Kernec, s'empressèrent avec les bons architectes de jeter les premiers fondements du temple de la félicité publique. "

Iscariotte est l'incarnation " terrifiante " mais complaisante (donc rassurante) du despotisme que terrassent les patriotes et leurs héros.

C'est la prise de la Bastille, qui s'effondre avec le despotisme, et la fuite des aristocrates ; peut s'élever la nouvelle Assemblée, dont les députés, sous l'égide du bon roi, sous la protection du prince et sous la conduite de ministre éclairé, vont enfin donner une constitution à la France.