La confusion des pouvoirs

Publié le 30 juillet 2018 par Observatoiredumensonge

L'affaire Benalla fait apparaître que nous avons là un gros problème du point de vue de nos institutions, mais aussi, avec Emmanuel Macron.

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Pour l'instant, nous ne voyons que le pire de l'ancien.

Par Claude Picard

L'affaire Benalla fait apparaître que nous avons là un gros problème du point de vue de nos institutions, mais aussi, avec Emmanuel Macron.
Les péripéties du chargé de mission, Alexandre Benalla, ne sont rien par rapport aux responsabilités élyséennes.
D'autant, que le Président de la République, confirme qu'il est le seul responsable des actes commis par son protégé ; soit !
Et pour, probablement, désamorcer la légitime fronde des parlementaires, il proclame avec arrogance : " S'ils veulent un responsable, il est devant vous, qu'ils viennent me chercher " !
Mais on est où ?
Dans une cour de récré ?
Ce n'est pas sérieux, pas à la hauteur de la fonction et cette interjection jette un trouble sur la personnalité, pour le moins immature, du Président de la République.
Il semblerait qu'il se prenne pour un chef de clan ou un petit caïd de banlieue, et qu'il n'ait pas bien compris les limites de sa fonction.
Il a été élu, à la magistrature suprême, certes pour appliquer son programme, mais aussi pour être le garant de nos institutions, pas pour dire et faire n'importe quoi, n'importe comment.
Et certainement pas pour étendre son hégémonie sur tout l'appareil d'État.
Cette affaire Benalla, qui devient de fait l'affaire Macron, révèle, outre l'ego démesuré du président de la République, la confusion dans le fonctionnement de l'État de droit.
Dans notre démocratie, une garde rapprochée, même chargée de mission auprès du cabinet du Président, n'a pas à interférer sur les missions régaliennes de sécurité.
Les dérives de cette affaire, et si tous les faits sont avérés, posent la vraie question : y a-t-il de la part d'Emmanuel Macron une volonté d'installer une police parallèle ?
Nous connaissons sa répulsion pour tout ce qui concerne le service public, la police comme le reste, et il n'a jamais fait mystère de sa fascination pour la privatisation des services, administratifs, économiques et financiers.
Superposer au service officiel de sécurité une armada d'agents contractuels recrutés, rémunérés et affectés, selon son désir et pour la durée souhaitée, ne semble pas impossible.
Loin d'être une chimère, cette possibilité apparaît, sous-jacente, dans l'audition, devant les commission des lois de l'Assemblée nationale et du Sénat, des collaborateurs de la chaîne hiérarchique dédiée à la sécurité élyséenne.
Quant aux privilèges exorbitants, disproportionnés et à la protection qu'accorde le Président de la République à un simple chargé de mission (laquelle ?), il y a matière à s'interroger : relation particulière, politique ou diplomatique ?
On ne sait toujours pas et pour l'instant cette affaire pose plus de questions qu'elle ne reçoit de réponses, sinon sibyllines, en tout cas, restreintes. Vraisemblablement, il y a un grave dysfonctionnement au sommet de l' État.
Par népotisme, par inexpérience, par négligence ? Espérons que la commission des lois du Sénat nous en dira plus quand elle publiera son rapport sur l'affaire, puisque le résultat de l'enquête de la commission des lois de l'Assemblée nationale est d'ores et déjà pipé et que, d'autre part, cette commission n'a pas pu faire son travail sereinement jusqu'au bout.
En tout état de cause, nous ne pouvons que constater que le nouveau monde a du mal à émerger.
Pour l'instant, nous ne voyons que le pire de l'ancien.
Le pire du pire, qui donne la nausée !

Claude Picard

Auteur de Un colonialisme qui ne dit pas son nom
etLes tartuffes de la compassion
*** Citation : "L'optimisme est la foi des révolutions." de Jacques Bainville - Lectures.

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