Peut-on vivre un coup de foudre littéraire ? Lire un livre si riche en émotions que l'on en ressort retourné(e), avec l'envie irrésistible de reprendre la lecture au début sitôt la dernière page terminée ?
La réponse est OUI : j'ai vécu ce coup de foudre avec L'aile des vierges, qui est désormais mon roman préféré de Laurence Peyrin.
Quatrième de couverture
Angleterre, avril 1946. La jeune femme qui remonte l’allée de Sheperd House, majestueux manoir du Kent, a le cœur lourd. Car aujourd’hui, Maggie Fuller, jeune veuve au fort caractère, petite-fille d’une des premières suffragettes, fille d’une sage-femme féministe, entre au service des très riches Lyon-Thorpe. Elle qui rêvait de partir en Amérique et de devenir médecin va s’installer dans une chambre de bonne. Intégrer la petite armée de domestiques semblant vivre encore au siècle précédent n’est pas chose aisée pour cette jeune femme cultivée et émancipée. Mais Maggie va bientôt découvrir qu’elle n’est pas seule à se sentir prise au piège à Sheperd House et que, contre toute attente, son douloureux échec sera le début d’un long chemin passionnel vers la liberté.
Mon avis
J'avais déjà eu un coup de cœur l'année dernière pour Miss Cyclone, qui m'avait emportée dans New York à la fois sombre et lumineux pendant deux merveilleux jours de lecture. Je ne pensais pas pouvoir revivre des émotions d'une même intensité avec un roman de Laurence Peyrin. Et pourtant, L'aile des vierges m'a transportée dans un univers romanesque où tout m'a séduite. C'est un véritable coup de foudre comme j'en ai rarement éprouvés.
J'ai suivi le teasing que Laurence Peyrin a fait sur Instagram dans les mois qui ont précédé la parution du roman, et rien qu'à son contexte historique (l'après seconde guerre mondiale en Angleterre), j'avais terriblement envie de le lire. Je me le suis donc offert pour mon anniversaire et j'ai savouré chacune des pages de ce livre.
Dès les premières lignes, j'ai su que ce texte allait me faire vibrer. L'écriture de Laurence Peyrin, délicate et sublime, se bonifie roman après roman. Elle plante le décor d'une manière si précise que vous pouvez presque sentir sous vos doigts la rugosité des pierres du manoir de Sheperd House et percevoir le parfum de Sir John Lyon-Thorpe, le maître des lieux. Rien que de lire ces lignes, c'est déjà un voyage.
Mais le roman tire sa puissance de son héroïne, Maggie Fuller. Avec son caractère si affirmé et sa féminité portée comme un étendard, elle n'a pas pu m'empêcher de me rappeler l'un de mes personnages littéraires préférés : Jane Eyre. J'ai admiré la détermination de Maggie, son ambition parfois outrancière, et malgré tout sa sensibilité qui la rend terriblement attachante. J'ai adoré la suivre dans tous ses combats, de l'Angleterre à New-York puis à l'Afrique.
Et enfin, cerise sur le gâteau, il y a cette histoire d'amour passionnelle et romantique qu'entretient Maggie avec son amant. Certains passages sont d'une sensualité délicieuse. Cette passion décousue a pourtant le mérite de ne jamais tomber dans la romance à l'eau de rose, mais au contraire fait passer Maggie (et le lecteur qui s'attache à elle) par une myriade d'émotions fortes et parfois contraires.
N'est-ce pas le signe d'un grand écrivain que de savoir faire naître des émotions ingérables chez le lecteur ? Laurence Peyrin réussit en tout cas le pari d'écrire un roman à la fois passionnant et d'une grande profondeur qui pose des questions universelles et d'une grande modernité. Chapeau.
En bref
Un roman sublime qui raconte l'histoire mouvementée d'une femme en quête de liberté dans l'Angleterre des années 50. Ce texte est un magnifique portait de femme forte, doublé d'une histoire d'amour passionnelle. Un roman coup de foudre !
Le livre
L'aile des vierges de Laurence Peyrin Editions Calmann-Lévy (2018), 468 pages