Dans le système scolaire terrien, c'est la grande mode : lorsqu'un enfant va plus vite que les autres dans ses apprentissages scolaires, on lui fait sauter une classe (à la grande fierté des parents). Voire une deuxième quelques années plus tard, et même parfois plus, ce qui amène par exemple les médias à s'extasier chaque année sur le parcours de très jeunes candidats au bac.
Moi, je les plains, ces gamins.
Car où est l'intérêt de l'enfant dans ces sauts de classe ? N'est-ce pas plutôt une manière de se débarrasser du problème ?
Dans d'autres cultures, on n'a pas peur de faire de la pédagogie différenciée. Pour ceux qui vont plus vite que la musique, l'enseignant propose un enrichissement horizontal, c'est à dire d'approfondir et/ou d'élargir la notion. L'avancement "vertical", c'est à dire le passage à la notion suivante n'est pas la seule solution quand un élève apprend vite.
Dans ces cultures, on ne sépare pas non plus l'humain de l'académique. L'école est un échantillon de la société dans laquelle on doit trouver sa place. J'ai eu un vrai choc culturel (ce n'était pas une école terrienne...) lorsque la mère d'une camarade de Fille Aînée a préféré la laisser en CE2 plutôt que de la faire passer au CM1. Après 15 jours en CM1, mère et fille étaient d'accord pour un retour en CE2 : "quand elles jouent entre elles, quand elles parlent dans la cour, les filles de CM1 ont des préoccupations tout autres !" On parle de gamines de 8 ans d'un côté, et 9 de l'autre !
Autre exemple, inverse celui-là : un garçon de 14 ans en Terminale avec Fille Aînée encore, mais cette fois dans un lycée terrien. Donc trois classes sautées. A l'heure des premières sorties le soir, et des premiers émois amoureux, quelle vie sociale pouvait avoir ce gosse ?
Il y a des tas de manières d'occuper un enfant plus rapide que la moyenne dans ses apprentissages, mais c'est un fait qu'il ne faut pas compter sur l'école terrienne. On peut le déplorer, mais en attendant la révolution culturelle qui viendra peut-être un jour: musique, sport, langues étrangères...
Et n'oublions pas de leur laisser le temps de s'ennuyer. Il se passe beaucoup de choses très utiles dans un cerveau d'enfant qui "s'ennuie" !
Mais surtout, il faut bien comprendre que ces gamins ont déjà potentiellement plus de difficultés à socialiser avec leurs pairs de part leur maturité intellectuelle, et là je parle de ma propre expérience. Il est primordial de ne pas leur créer de difficultés supplémentaires sur ce plan en leur faisant sauter des classes à tort et à travers.
PS : aujourd'hui que je fais du soutien scolaire, j'en vois passer, des adolescents qui ont sauté une classe en primaire et à qui il manque un an de maturité pour faire face aux défis du lycée !