José-Flore Tappy | Les pylônes

Publié le 21 août 2018 par Angèle Paoli

LES PYLONES (extrait) J usqu'à l'aube, jusqu'à la pointe laiteuse José-Flore Tappy, " Les pylônes " in
du jour, jusqu'au bord de nos lèvres,
tout un pays s'approche derrière la nuit
et vient d'une langue avide
lécher nos mains, redonner vie
aux ombres mortes
Trás-os-montes (poèmes), La Dogana, Collection Poésie, Genève, 2018, pp. 72-73-74.

[...]
C'est l'heure où
les jardins encore humides
sous les arbres en fleurs
déplient leurs couvertures
comme une terre promise
avant que monte avec le jour
l'amertume poussiéreuse
des fenouils
On fait des nœuds aux phrases
on les attache entre elles,
maille après maille,
ainsi s'étend autour de nous
un grand filet de bruits,
de conversations, de murmures,
où s'éveille, suspendu,
tout un village de terre,
d'asphalte
nos voix se croisent dans l'aube
comme des phares un peu flous,
comme les marguerites effacées
de ton vieux tablier
ténues, elles frôlent le sol
sans se briser
Sur les collines, les pylônes,
grands insectes aériens,
vont s'envoler
et la terre alentour se couvrir
de pommiers, de barrières, d'abricotiers,
comme une table vide,
d'échos