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La malédiction élyséenne

Publié le 04 septembre 2018 par Observatoiredumensonge

La cote de popularité du Président de la République continue de s'effondrer...

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Observatoire du MENSONGE

Par Maxime Tandonnet

La cote de popularité du président de la République continue de s'effondrer: - 5% pour atteindre 34% de satisfaits. C'est moins bien que Nicolas Sarkozy et encore un peu au dessus de Français Hollande mais à l'époque, celui-ci faisait face à une explosion du chômage ce qui n'est pas le cas de l'actuel.
Ce phénomène n'est rien d'autre que la poursuite ou l'accélération d'un mouvement que je décrivais déjà l'an dernier.[D'ailleurs, cette analyse avait suscité de nombreuses réactions de désaccord]
Le système politique français est un épouvantable désastre. Il part d'un élection présidentielle manipulée et faussée. La radio et la télévision produisent ex nihilo une image présidentielle qui leur convient, compatible avec leur idéologie (l'individualisme radical et l'argent roi sans frontières) qu'ils encensent et en diabolisent d'autres. L'électeur est influençable, c'est ainsi. Avec le monstrueux système électoral français, il suffit du soutien de 18% des votants pour être élu. Puis, dans la foulée des présidentielles, les élections législatives - le coeur de toute démocratie - sont réduites à néant et ne font que confirmer la mystification présidentielle.

La malédiction élyséenne

Des facteurs psychologiques interviennent alors. Le chef de l'Etat élu a ses caractéristiques mentales. Pour vouloir être élu chef de l'Etat dans les conditions actuelles, il faut forcément une fragilité d'ordre psychologique, l'absence de surmoi, une désinhibition totale, un narcissisme exacerbé. A cela s'ajoute le choc invraisemblable du triomphe. La raison, le sens des réalités, la conscience du monde se voient emportées, comme balayées.
Tout le système repose sur une gigantesque imposture, un prodigieux mensonge. Il vénère une image individuelle, fonde un vertigineux culte de la personnalité, réduit l'essence du pouvoir politique à un visage médiatisé. Les autres sources de la régulation politique ou de l'autorité sont niées: Premier ministre, Gouvernement, parlementaires, élus locaux. Or, cette image d'autorité, contenue dans le mythe du chef, est purement illusoire. Le chef de l'Etat ne dispose en aucun cas à lui seul des outils pour diriger et faire changer la société, surtout depuis le transfert de nombreuses compétences à l'échelle bruxelloise (par exemple la monnaie). L'idée de l'autorité présidentielle qui fonde tout le régime est une gigantesque mystification.
En l'absence des outils de régulation et de direction de la société, niés ou affaiblis dans ce schéma, les ministres, les parlementaires, collectivités, le pouvoir, concentré dans l'image hors-sol présidentielle, ne cesse de fuir le monde réel. Les drames du quotidien, dans un monde sans direction ni pilotage, ne cessent de s'aggraver: violence, chômage, pauvreté, immigration, banlieue, pouvoir d'achat, désintégration de la société, dette publique et fiscalité, place de la France dans le monde...
Mais un système fondé sur l'image surexposée médiatiquement est d'une extrême fragilité. Il suffit d'un rien pour que celle-ci bascule. Celui qui incarnait le renouveau et l'espoir devient soudain, à la faveur d'inévitables scandales et polémiques, la représentation du mensonge et du mépris. Le prestige présidentiel se transforme inévitablement en lynchage et en chasse à l'homme et le " guide de la France " (dixit de Gaulle), devient le bouc émissaire national, le responsable ultime de tous les maux du pays.
Une course poursuite est engagée. L'image présidentielle, essence même de ce pouvoir, devient une fin en soi. Il faut à tout prix la sauvegarder, la sauver, la récupérer. La politique se réduit dès lors à une affaire de grand spectacle, de posture, de cinéma. Le chef de l'Etat est un acteur et non plus un décideur. Il se donne un style, communique, se présente comme le grand transformateur en inventant des réformes inexistantes ou dérisoires. Dans l'obsession de l'image à reconquérir , il n'est absolument pas question de prendre des risques, d'entreprendre des réformes authentiques qui peuvent secouer la France et aggraver son impopularité. On est dans le grand cinéma: faire semblant d'agir et de commander pour brasser le moins d'ennuis possibles.
L'obsession de la réélection présidentielle, dans un univers rongé par le narcissisme absolu, devient la fin ultime du régime, au prix de tous les abandons et de la négation de l'intérêt général et du bien commun.
La question de la responsabilité individuelle ne peut pas être écartée. L'actuel chef de l'Etat, par son profil personnel, se prête plus particulièrement à ce schéma. D'où la rapidité de sa chute. Mais il en serait exactement pareil, le même processus s'appliquerait, avec des nuances de forme liées à la différence d'image à n'importe quel autre: Mme Pécresse, M. Mélenchon, M. Wauquiez, M. ou Mme le Pen, M. Bertrand, M. Copé, etc... Les gesticulations narcissiques des leaders de l'opposition pour prendre la place du calife, 4 ans à l'avance, et s'installer sous les ors de l'Elysée, plutôt que de préparer ensemble l'avenir de la France, atteignent à mes yeux la quintessence de la bêtise .
Ma solution? Elle est de restaurer la République française, en abolissant le despotisme narcissique pour replacer le débat d'idées, le projet collectif et le bien commun au centre de la vie politique. Je ne demande pas une nouvelle Constitution mais seulement que soit respectée la Constitution de 1958 avec un chef de l'Etat modeste et discret qui préside (élu pour 7 ans non renouvelable) et fixe le cap, un Premier ministre et des ministres qui gouvernent dans le seul intérêt de la France, un Parlement qui contrôle et sanctionne, des communes puissantes qui ne se plient pas aux oukases parisiens et le recours fréquents au référendum pour rendre la souveraineté à la Nation.
Il ne fait aucun doute à mes yeux que le régime politique actuel est une source du désastre français sous toutes ses formes. Je comprends que ce que j'écris contraste avec le maelström ambiant. Il serait beaucoup plus facile de se donner une idole et de se dire qu'en remplaçant M. Macron par untel, le salut du pays sera assuré. C'est faux, c'est un mensonge. C'est tout le régime politique, la culture politique, l'intelligence collective, le fonctionnement des institutions qui doivent être repensés. Cette vérité est aujourd'hui totalement inaudible. Je ne désespère pas quelle fasse son chemin peu à peu.

Maxime Tandonnet

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Ancien conseiller à la Présidence de la République sous Sarkozy, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...

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