Si je ne pleure pas Aznavour, en revanche, j’ai eu de la peine en apprenant le décès de René Pétillon qui était un des rares dessinateurs de presse à pouvoir se vanter de m’avoir fait rire à gorge déployée avec un dessin : c’était à l’époque des municipales de 2008, alors qu’un imbroglio invraisemblable secouait la campagne de l’UMP à Neuilly ; il avait résumé l’affaire en montrant Sarkozy engueulant David Martinon en ces termes : « Je te nomme maire de Neuilly et tu n’es pas fichu de le devenir ! » Au-delà de la synthèse bien sentie d’un énième conflit politique, il y avait là une invention verbale tout bonnement géniale qui m’a vraiment fait éclater de rire ! Je n’ai pas vraiment connu Pétillon bien qu’il fût, comme ma famille, originaire de Lesneven et qu’il connût personnellement l’un de mes oncles : je ne l’ai rencontré en chair et en os qu’une fois, peu après la sortie de Palmer en Bretagne, un album qui lui avait valu de devenir, presque malgré lui, acteur du débat sur la pollution du littoral breton et l’avait donc entrainé à la faculté des lettres de Brest pour une conférence à laquelle participait aussi Eaux et rivières de Bretagne. Je fus assez surpris de voir arriver cet homme maigre à la mine sévère, à des lieues des visages rondouillards et rigolards de ses illustres collègues tels que Cabu ou Wolinski : mais bien vite, l’humoriste se manifesta et il apparut avec évidence qu’il était le premier à rire d’être là, dans une posture de conférencier qu’il n’avait jamais recherchée.
En conclusion, je me permettrais juste un bémol concernant l’hommage qui a été rendu à Pétillon : je suis parfaitement d’accord pour dire que sa mort est une grande perte, mais de là à dire qu’il était le dernier grand du dessin de presse, il y a une marge. Et Willem alors ? Et Lefred-Thouron ? Et Lindingre ? Large ? Berth ? Et… Heu, non, je ne ne le dirai pas : restons modeste !