Alors que notre couple de retraités s'épongent mutuellement le vin et le jus des huîtres, l'assistance pouffe de rire en les regardant. Ce n'est pas une moquerie
mal placée c'est juste que là, franchement, il faut bien l'avouer, c'est pas de bol!
D'ailleurs, le couple de retraités en rigolent aussi.
C'est ça les vacances. On ne se prend pas la tête. On est zen. Le monde peut s'écrouler, on s'en fou, on est en vacances!
Au moment où tout le monde se re-concentre sur son assiette, un "Nicooooooooooo" tonitruant, fend l'assistance.
C'est la patronne. Tout le monde tend l'oreille avec amusement.
- Nicooooooo!!!!!!! Apporte une carafe de rosé à la 26!!
La patronne se retourne, pose une corbeille de pain sur une table et relance un regard en direction du serveur.
- Nicooooooooooooooo!!!!! Une carafe d'eau pour la 13!!
Le serveur est encore en train de remplir la carafe de rosé.
La patronne se dirige vers l'entrée et accueille avec une voix tout douce les nouveaux clients. Elle les installe et lance un nouveau regard à notre serveur alors qu'il est à peine en train
d'apporter la première carafe de rosé. Un nouveau cri fend l'assistance:
- Nicoooooooooooooooooooooooooo!!!!! Apporte les cartes à la 21 et dépêche-toi un peu!
Il n'y a pas de doute. Le pauvre Nico est dans le collimateur et il va en chier!
Tout le monde rigole en terrasse. La situation vire au spectacle et à la caricature. Si bien, que les clients commencent à discuter entre eux et
à échanger leurs avis sur la situation du pauvre Nico. Il ne fait, à présent aucun doute, qu'il va passer une mauvaise soirée.
Le serveur apporte les cartes. Comme il est seul, il se fait bien évidemment intercepter par deux ou trois clients avant de pouvoir déposer les cartes des menus. Pour faire toujours plus vite, pour
faire toujours mieux, Nico en oublie la carafe d'eau. Nico en oublie de servir des tables. Nico en oublie d'en desservir d'autres.
Le retard s'accumule dans le service des plats.
Le plat commencent à s'entasser dans le passe-plat des cuisines.
Une heure après être arrivés, certains clients n'ont toujours pas passé leur commande.
Nico fait de son mieux mais il est complètement paniqué. Il ne gère plus rien. Il est perdu. Il ne sait même plus qui à commandé quoi et il se trompe de table en servant les plats...
Mais personne ne dit rien. Tout le monde le prend au 2ème voire 3ème degrés et ça ne dérange absolument personne de répéter la commande 2 ou 3 fois.
Comme pour l'aider, sa patronne lui met un peu plus la pression en lui disant: "Apporte ceci, fait cela, va chercher ça...." avec un air condescendant. Nico s'exécute sans rien dire mais il perd à
chaque ordre, un peu plus son sourire. Craquera-t-il? Si oui, quand?
La clientèle ne dit toujours rien. Il se fait assez ridiculiser par sa patronne devant tout le monde sans que les gens aient besoin d'en rajouter. D'ailleurs, mal à l'aise, certaines personnes
n'osent même plus demander de pain ou de l'eau.
Une rumeur fend l'assistance.
Et si, Nous, clients que nous sommes, nous nous levions pour débarrasser, aller chercher les plats...
Ça serait sans doute mal perçu alors l'idée avorte.
Tiens, "avorte". Le mot est bien choisit. Je m'explique:
Je regarde, amusé, la patronne, et je me dis, avec dérision, que si elle ne se détend pas davantage, elle va nous faire une fausse-couche! Et oui!! Madame est enceinte!! Et à juger par la grosseur
du ventre, c'est au moins le 4ème ou 5ème mois de grossesse.
Elle est très stressée. Très tendue. Et elle est littéralement en train de lâcher petit à petit ses nerfs sur le serveur Nico qui n'est déjà pas très à l'aise.
Les plats mettent une heure à arriver et sont servis froid.
Devant la détresse du serveur, le barman sors de derrière son comptoir pour se mettre à servir en salle.
Le cuisinier, ne pouvant plus poser de plat sur son passe-plat quitte ses cuisines pour faire le service en salle. Les conventions sont bousculées. Il n'y à plus de rôle "défini". Ça devient
l'anarchie totale.
Pour se faire pardonner, la patronne offre des digestifs quasiment à tout le monde comme pour prolonger son calvaire. Elle fait des rabais de l'ordre de 50% aux clients qui finissent par
partir. Elle offre les repas à ceux qui ont attendus le plus longtemps.
Quelque chose ne change pas.
Elle crie. Elle crie toujours sur Nico, qui est maintenant au bord de l'implosion.
Mais là encore.... ce n'est que le début!!
La patronne se rend bien compte que cette fois, tout le monde est dépassé alors elle se met, en toute logique, à refuser les nouveaux clients en prétextant un problème technique. "Problème"?! Le
mot est faible...
Alors que la clientèle pense qu'il ne peut rien arriver de pire... on est encore loin de s'imaginer que la soirée peut s'aggraver...et pourtant! Même dans ses cauchemars les plus fou, la patronne
n'aurait jamais imaginée que ce qui va suivre puisse lui arriver un jour...
Fin de la partie 2.
A lire aussi: Le resto' de la mort: Partie 1.