Clermont-Ferrand, environ ÄÂ 400 km de Paris, soit 4h de trajet normalement, si Iyhel n'avait pas choisi un itinéraire assez improbable, qui
ferait dresser les cheveux sur la tête de n'importe quel bibendum Michelin.
Nous sommes partis à 14h et arrivés à 23h, crevés et aigris. L'hôtel sentait le moisi et la cheminée humide. Pas d'eau chaude dans les douches et une salle-de-bain d'une propreté tout à fait
relative. Bienvenue en Auvergne !
Il n'a pas plu le lendemain, mais l'air était humide et le cocktail devait se passer dans le parc du château. Les mariés aux sourires crispés (pourtant, on les avait prévenus qu'ils faisaient une
connerie), sont arrivés dans une belle décapotable rouge, en saluant la foule, style Jackie et JF Kennedy.
Nous discutions dans le parc, pendant que nos orteils se congelaient irrémédiablement. Il y avait Deudeu, Lili et leur bébé ; Iyhel,
Chat d'Oc et leur bébé; Sophie, Thomas et leur bébé ; et Gazmouth et moi (on aurait pu adopter un bébé roumain pour l'occasion, mais le temps nous a manqué).
Bref, nous étions cernés de bébés. Le dîner s'est passé entre les couches et les rôts. Je ne me rappelle plus de ce que nous avons mangé exactement, mais je me rappelle bien du vomi gluant qui
s'est déversé sur le bavoir de bébé alors que les parents vantaient les progrès exceptionnels de la petite chose.
A 23h, il n'y avait plus personne à notre table. Iyhel, Chat d'Oc, Sophie et Thomas avaient déserté parce que c'était l'heure de coucher la marmaille.
Deudeu a pris un siège :
- Alors les amis, ça va ?
- Oui et toi ? Vous vous amusez bien à la table des mariés ?
- Ca va... Mais j'ai les boules. On est tous avec nos bébés et vous... vous devez vous sentir trop mal.
- Non, pas du tout. Ca va très bien.
- Ecoute Cochon, t'étais là quand ça n'allait pas pour moi, alors maintenant moi aussi je suis là quand ça ne va pas pour toi.
- Euh... Deudeu... Je vais bien !
- Ne fais pas semblant. Je te connais, je suis ton ami, je sais que c'est très dur pour vous parce que vous essayez d'avoir un bébé depuis longtemps. Me dit Deudeu en me mettant une main sur
l'épaule et en me regardant, l'oeil humide et ému.
Mais c'est qu'il va me faire chialer, ce con !
- Bon, c'est pas tout ça, mais moi je vais danser !
Et sur ce, il nous laisse, Gazmouth et moi, assis comme des cons à notre table vide.
- Il nous a bien pété le moral...
- Ouais... On rentre à l'hôtel ?
- Je crois que c'est une bonne idée !
Le lendemain, le ciel était gris et la ville aux pierres noires encore plus triste que d'habitude. Nous avons bu de l'alcool et nous avons décidé de passer notre dernière soirée à Clermont, tous
ensemble. On avait envie de s'éclater et de se lâcher pour de bon.
Je suis entrée dans la chambre de Deudeu et Lili. Ils étaient allongés sur le lit avec Cécile. Nous avons commencé à nous déshabiller. Deudeu avait l'air content. Les 2 autres mecs sont arrivés.
Ils se sont déshabillés aussi.
- Bon, on passe aux choses sérieuses.
- On s'installe comment ? A six, il ne va pas y avoir assez de place sur le lit.
- Moi je me mets là et toi là.
- C'est à qui de parler ?
- A moi. Je passe.
- Je passe aussi.
- Moi, je prends une petite et j'appelle le roi de coeur.
- Dites, on crève de chaud dans votre piaule. On va tous finir à poil ! On ne peut pas aérer un peu ?
- Non, la fenêtre ne s'ouvre pas, elle est complètement pourrie.
- Ah, putain d'auvergnats...
- Ouais, putain d'auvergnats... Je mets un trois de pique. A toi de jouer.