Résumé : Notre héros est à Paris, plus précisément à France Stratégie, pour assister à la présentation des actes d’un colloque « Georges Pompidou et le bonheur : une certaine idée de la France heureuse » auquel il avait participé il y a deux ans avec une communication sur Charlie Hebdo.
Mardi 16 octobre
19h : Les discours se poursuivent avec une intervention de Gilles de Margerie, commissaire général de France Stratégie : comme l’un des deux ouvrages présentés porte sur la façon dont on envisageait l’avenir sous Pompidou, l’orateur en profite pour nous apprendre que contrairement à une idée répandue, les acteurs privés, c’est-à-dire les grosses entreprises, n’ont pas qu’une vision à court terme et envisagent même leur action à très long terme. Ce n’est pas rassurant du tout : ça veut dire que les capitalistes ont parfaitement conscience des catastrophes que vont provoquer leur méfaits, sur le plan aussi bien social qu’environnemental, et qu’ils envisagent déjà comment ils feront du fric dans ce monde ainsi ravagé ! Ah, les crapules !
19h40 : Les discours étant terminés, je peux me saisir d’un exemplaire du livre auquel j’ai contribué et je jette un coup d’œil ému aux pages de mon article. Oui, je suis ému : je me dis que s’ils pouvaient revivre un instant, Reiser, Gébé, Cavanna, Cabu et Wolinski seraient probablement surpris et amusés de voir leurs noms associés à celui de Georges Pompidou dans une publication érudite ! Mais surtout, je l’avoue, je suis toujours ému chaque fois que ma prose trouve à être publiée sur du beau papier… Autour d’un cocktail (sans alcool, hélas), on me confirme que je suis l’un des rares auteurs à avoir fait le déplacement, même ceux qui habitent Paris ne sont pas venus ! Et je suis fier comme un pou d’apprendre à mes interlocuteurs, pourtant des « tronches » dans leur domaine, des informations sur l’histoire de Charlie Hebdo qui sont, pour moi, le provincial, le pauvre mec, aussi évidentes que « 2+2=4 » ! L’un d’eux me quitte pour, me dit-il, ne pas rater « le match » : il est très étonné quand je lui dis que je ne sais pas de quel match il parle et il est carrément ébahi quand je lui avoue que je n’avais même pas suivi la coupe du monde de football. Un autre me sort un vieil air connu : selon lui, la liberté d’expression aurait reculé depuis l’époque où Charlie Hebdo brocardait le pouvoir pompidolien ! Ma répartie m’a laissé en plan : j’aurais pourtant eu de quoi lui répondre…
21h30 : Après avoir englouti une pizza dans une trattoria bon marché, je regagne mon hôtel passablement sordide, bien décidé à ne pas m’y attarder et à me lever assez tôt pour attraper le premier métro en direction de la gare Montparnasse ! Je me doute que je n’y risque rien mais l’ambiance me déplait tellement que je préfère écourter ma nuit le plus possible.
6h30 : Me voilà déjà à la gare après une très (trop) courte nuitée. J’avais réservé pour un train qui ne partira que six heures plus tard, mais je m’imagine naïvement qu’étant muni d’un titre de transport en bonne et due forme, je n’aurai qu’à sauter dans le premier train pour Brest pour rentrer plus tôt. Bien entendu, je dois vite déchanter : chaque train en partance pour Brest est « protégé » par un portique électronique que je ne peux passer qu’en y scannant mon billet, et comme celui-ci ne correspond pas exactement au train, on me refuse l’entrée… Je poireaute donc pendant six heures en me jurant bien que la prochaine fois, je louerai une chambre simple, quitte à payer plus cher ! Après tout, le bien-être n’a pas de prix.
A suivre…