2 - Les légitimistes préparent l'insurrection – 1832 -

Publié le 23 octobre 2018 par Perceval

1832

C'est une femme : Félicie de La Rochejaquelein (1798-1883) qui revendique un rôle de premier plan dans la préparation du soulèvement. Convaincue de la force de la fidélité royaliste dans les campagnes de l'Ouest, fière de renouer avec l'épopée militaire de la Vendée catholique et royale, elle organise elle-même la résistance.

Félicie est âgée de trente-deux ans, ardente, intrépide, infatigable, toujours accompagnée d'une amie, Félicie de Fauveau (1799-1886) - sculpteur romantique, proche d'Ary Scheffer, passionnée pour le Moyen Âge, ayant exposé au Salon de 1827 des groupes inspirés de Walter Scott -

elle « va partout annonçant l'aurore des temps nouveaux », n'hésitant pas à s'associer à des réunions d'hommes.

Dès 1831, elle parcourt en amazone toute la rive gauche de la Loire ; elle excite ceux qui hésitent, rassemble des fonds et des munitions, collecte des informations, tandis que Mlle de Fauveau dessine «des modèles d'uniformes pittoresques pour les troupes». Elle envoie des lettres, écrites au citron et en partie chiffrées à son mari - qu'elle désigne sous le nom de code de « Godefroy » M, symbole du rôle chevaleresque dont elle rêve pour lui -, au maréchal de Bourmont, ancien chef chouan, qui devient en 1831 chef suprême des insurgés auxquels il apporte son expérience et son prestige de la récente victoire d'Alger, et surtout à la duchesse de Berry.

A Limoges:

Pendant ce temps, Charles-Louis de Chateauneuf, s'émeut du sort du jeune duc de Bordeaux... En effet, avec lui, un petit groupe de ''chevaliers du Roi'' rêve de gloire et d'honneur. En effet, ce groupe de jeunes hommes a été très tôt sensibilisé à cette mélancolie d'une époque qui, avec la Restauration, ployait sous l'ennui... Quelques-uns se font royalistes ultras, (en attendant de devenir républicain..!) comme si l'utopie d'un retour à une féodalité romanesque et à une foi violente pouvait leur remplacer leurs ambitions de gloire militaire ( disparue depuis la chute de l'Empire...) ou autre: littéraire par exemple ...

Madame la Comtesse de La ROCHEJAQUELEIN ♧ Le Complot de LANDEBAUDIERE

A partir de 1831, et à l'initiative de la comtesse de La Rochejaquelein, chez elle, des nobles organisent des réunions afin de préparer une nouvelle insurrection contre le gouvernement de Louis-Philippe.

« Le 9 novembre 1831, après une perquisition dans une métairie dépendante de Landebaudière, au cours de laquelle ont été découverts de la poudre, une presse lithographique et 20000 pierres à fusil, Félicie et sa fidèle amie, cachées dans un four, tombent aux mains de la police.

Toutes deux sont astreintes à résidence à Landebaudière, cerné par un bataillon d'infanterie. Déguisée en fille de cuisine, Félicie parvient à s'échapper.

Pendant quinze mois, à partir de novembre 1831, elle réussit à se cacher sans jamais être capturée. Rejointe quelque temps plus tard par Mlle de Fauveau qui a été libérée, elle poursuit la lutte et devient le véritable chef politique du bocage vendéen. Toutes deux assurent la coordination des mouvements entre les départements de la Vendée et des Deux-Sèvres, intensifient la propagande, excitent les défaitistes et recrutent toute « une compagnie d'amazones » : Chacune de ces dames avait son casque, sa petite cuirasse, ses armes défensives et offensives. La plupart avait choisi un chevalier, lequel portait un bracelet de fer rivé et avait juré de ne le quitter qu'au retour d'Henri V. » (*)

(*) Sources : Mension-Rigau Éric. L'aventure au féminin : le destin de Félicie de Duras, comtesse Auguste de La Rochejaquelein (1798-1883). In: Histoire, économie et société, 1999,

Cette année d'étude 1832, de Charles-Louis de Chateauneuf, est fortement perturbée... Si on ne sait ce qu'il fait ; il se pourrait bien qu'il soit parti en Vendée soutenir la rébellion légitimiste. On l'imagine bien se faire chevalier de l'une de ces ''amazones'' après lui avoir promis allégeance dans une déclaration d'amour courtois ...

L.-E._Vigée-Lebrun_-_La_duchesse_de_Berry

Félicie de La Rochejaquelein (1798-1883), presse la duchesse de Berry de venir en France : «Voilà, Madame, ce qui est digne de vous, dussiez-vous succomber» lui écrit-elle...

La duchesse de Berry (1798-1870) est la veuve du Duc de Berry (1778-1820) : deuxième fils de Charles X. Il est le seul prince royal susceptible de perpétuer la dynastie des Bourbons. Il émigra dès les débuts de la Révolution et servit dans l’armée de Condé, puis passa en Angleterre. De retour en France au moment de la Première Restauration, il suivit son oncle, Louis XVIII, à Gand pendant les Cent-Jours et il épousera, en 1816, la princesse Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, originaire de Palerme.. Mais le duc est assassiné par Louvel, en février 1820. Cependant, sa veuve, la duchesse de Berry, donne naissance sept mois après à un fils. Le jeune enfant : Henri, Duc de Bordeaux, perpétuait donc la lignée des Bourbons et sera considéré comme « l'enfant du miracle » par les royalistes car il devient le successeur potentiel de la lignée (sous le nom de Henri V).

Le 10 Avril 1832, le gouvernement de Louis-Philippe va voter une loi qui condamne au "bannissement perpétuel" les membres de la famille de Charles X (Bourbon).

Les Trois Glorieuses (27-28-29 juillet 1830) ont pris de court la duchesse... Elle serait prête à emmener elle-même le duc de Bordeaux, âgé d’à peine 10 ans, à l’Hôtel de ville pour le faire acclamer par la foule parisienne... Mais elle comprend que Paris est perdue... Alors, elle pense à animer la résistance depuis la Vendée ; mais pour l'heure, elle suit la famille royale dans sa piteuse retraite...

Départ de la famille royale de France

Charles X finit par donner l'autorisation à Marie-Caroline de Bourbon-Siciles (devenue en 1816 duchesse de Berry), avec le comte de Bourmont, maréchal de France et ancien chouan, de diriger l’insurrection destinée à renverser Louis-Philippe.

Elle traverse l’Allemagne du sud, se rend à Gênes, puis à Turin, à Rome et à Naples. Le banquier Ouvrard, les rois de Sardaigne et de Hollande, le duc de Brunswick et des grands propriétaires terriens l’assurent de leur aide financière.

Depuis, les États du duc de Modène, seul souverain à n’avoir pas reconnu Louis-Philippe, elle parvient à prendre - elle-même- la tête de la mouvance légitimiste en congédiant le duc de Blacas ( qui devait contrôler le conseil de régence), ce qui consomme la rupture avec le reste de la famille royale.

La duchesse de Berry, considère, que la régence lui revient de droit. Elle décide de passer à l’action. 

Mr. De Ferrari, de l'une des plus puissantes familles de Gènes, met à la disposition de la duchesse un navire à vapeur le «Carlo Alberto» pour son expédition hasardeuse. Le 24 avril 1832, le départ de Livourne a lieu à onze heures du soir et la duchesse s'embarque avec une poignée de fidèles. Elle est déguisée en bourgeois et est accompagnée du Maréchal de Bourmont..

La Duchesse de Berry, à bord

Pendant le voyage, elle rédige une proclamation – qui devait être diffusée dans Marseille... afin d'exalter les cœurs :

«  Soldats, une funeste révolution a violemment séparé la France de la famille de ses rois ; cette révolution s’est faites sans vous ; elle s’est faite contre vous. La petite fille de Henri IV vient vous demander votre appui. (…) C’est à votre amour, à celui de tous les bons français, des français seuls, que Henri V veut devoir sa couronne. Française et mère, je vous confie l’avenir de la France et les droits de mon fils. »

Elle débarque à l’aube du 29 avril 1832, dans une calanque proche de Marseille, à Séon-St-Henri. Le «Carlo Alberto» retourne ensuite en rade de La Ciotat, le 3 mai 1832, en plein jour, afin de donner le change et de permettre à la duchesse de fuir. Elle attend les résultats du soulèvement provençal prévu le lendemain.

A suivre ….