Sortir des sentiers rabattus, être son " Robinson ", s'installer là où bon vent vous pousse, être libéré de ses mouvements ? C'est ça l'option idoine, le camping sauvage pratiqué en Bretagne. Trois semaines en septembre dernier, pas un seul jour de pluie, un ciel à rendre jaloux les cagoles marseillaises. 1000 bornes entre le Guilvinec et Rennes, en passant par la pointe du Raz, les monts d'Arrhées, le pays d'Iroise, le Léon, Morlaix, Perros Guirec, la baie de st Brieuc, st Malo et Rennes. La monture ? Un Kia Carnival de 2006 équipé d'un lit gonflable, d'un réchaud, d'un convertisseur 12v-240w, d'un ordi portable, d'un téléphone avec partage Internet et un VTT. en respectant l'environnement (partir en laissant l'endroit plus propre qu'en arrivant). Ce seront des vacances à peu de frais, dans une région où il n'y a pas un flic à chaque carrefour pour vous faire circuler après vous avoir dressé une contredanse pour installation interdite. Une ou deux nuits par ci par là, sans déranger quiconque, apprécier le son des vagues, le vent sifflant entre les rochers, les couchers de soleil enflammés et les levers au son des mouettes, des coqs, que sais-je ? C'est spartiate : Tôt le matin frisquet d'être en caleçon pour se laver, se raser à partir d'un bidon de 2 litres tout en buvant un café bien chaud, faire ses besoins et surtout ramasser le pécu, ne rien laisser derrière soi et afin de régler son dû à dame nature : collecter toutes les saloperies alentour (c'est incroyable les cochonneries éparpillées partout), et partir comme venu, sans laisser de trace, avec un sac poubelle souvent bien rempli...
Les joies du camping sauvage c'est que lorsque le soleil descend il faille trouver " sa maison " pour la nuit. " Maison " voulant dire : un terrain où mettre son véhicule, loin de toute habitation, dans un lieu tranquille, loin des routes, des campings, et des camping-cars - genres de véhicules, gros comme des baraques sur roues qui pullulent en Bretagne, particulièrement en septembre/octobre, et donc, les aires pleines comme un jour de foire à Trifouilli la vache folle.
L'avantage d'un véhicule comme le mien ou comme un Volkswagen Combi, c'est assez spacieux pour y dormir à deux, mais avec l'encombrement d'une berline, ça passe facile sur les chemins de terre et ne se fait pas remarquer par " les gens bien intentionnés " toujours prêt à téléphoner à la maréchaussée pour y signaler " des individus louches ". Comme j'aime mon confort 21eme siècle ; pour m'endormir je regarde toujours un docu ou un film, j'ai découvert pour capter Internet qu'il faut se garer pas à plus de 2 km d'un châteaux d'eau et ils pullulent en notre beau pays, car sur leur sommet y sont installés les antennes téléphoniques. Une fois " campiné " pénard, rassasié, je branche mon ordi, et me mate une bonne toile juste pour moi tout seul au son du silence voisinant... Puis, plouf, dans les bras de Morphée (faute de mieux).
Le " challenge " chaque soir trouver : un terrain isolé et plat, un château d'eau et une belle vue. J'y suis presque parvenu à chaque fois, sauf sur la route des falaises du coté de Paimpol où la concentration d'habitations et le nombre de touristes me força d'aller dans un camping à la ferme... Ou j'étais seul. J'ai passé en tout à peu près 5 nuits en camping sur tout mon séjour, dont l'un d'eux totalement isolé du bout du monde : géré par une famille, ce camping me plut par son désordre, son gérant folklorique, ses résidents à l'année et par ses plages à deux pas, mesurant des kms et totalement désertes ; Je vous livre le nom de cet ilot : Camping de Bon Abry sur la commune de Hillion dans les cotes d'Armor ( 10 euros la nuit, avec douche chaude, cuisine, électricité
, rappelez-vous, le port où Sarkozy s'est fait traiter " d'enculé " par un marin pêcheur très lucide... Je dors la 1ere nuit vers la . RAS, bien dormi et réveillé tout seul à 6 heures, ablutions dans les toilettes/lavabos public, café, sandwich et vroom, parti !
phare d'Eckmühl Pouldreuzic , capitale mondiale du fameux et délicieux pâté HENAFF. Je me dirige ensuite vers la cote afin de trouver " ma sweet home " pour la nuit : à , traversez le village et à sa sortie prendre un chemin de terre sur la gauche pendant 1 km, et s'arrêter entre le dernier champ de maïs et la plage. Pas âme qui vive à des lieus. Seul le bruit des épis sous le vent et au loin celui des vagues rythmeront mon sommeil de plomb. Le lendemain toujours vers le nord, je passe dire bonjour aux mecs de l'école de char à voile ( Plein Ouest plage de la Palu , belle ville qui vaut son coup d'œil, puis poursuis. Je me trouve sur un promontoire pour la nuit, un " spot " avec vue sur pors Loubous . Le matin, très tôt j'arrive sur le parking de notre dame des naufrages à la pointe du Raz . Je vais escalader de rocher en rocher afin de pouvoir m'asseoir sur la dernière roche du continent qui fait face à l'Amérique de l'autre coté. C'est au moins deux heures de crapahutage allez et autant retour, y ajouter 2 heures déjeuner/sieste et ainsi la journée est bien entamée lorsque je retrouve mon fidele Kia. J'ai dormi cette nuit là juste à coté de la buvette de pors Théolen pointe de Brézellec , puis un gros stop pour visiter la citée médiévale de ; qui vaut son pesant de sesterces pour ceux qui aiment les vieilles pierres celtiques. Ensuite direction plein est vers les monts d'Arrée . Je passe la nuit tout en haut de la colline de saint Michel de Brasparts , avec une vue incroyable au levé du soleil : à mes pied tout en bas sur des kms carrés d'un paysage surprenant, presque surnaturel, où bruyères, ajoncs et crêtes rocheuses se mêlent à perte de vue ; je suis là, contemplatif tout en me disant que je suis le plus heureux des hommes. Comme envouté par ce plateau d'Armorique où courent les légendes les plus folles et où la nuit les druides invoquent des dieux, qui font resurgir du sol les trolls. Je décide de passer la journée et la nuit sur les rives du Lac de Brennilis A moins de deux mètres du rivage, je patauge tranquille, somnole sur ma chaise longue, grignote, glandouille, lis, et ne voit âme qui vive durant mon court séjour. La nuit, les arbres bruissent et l'eau qui clapote me berce ; les sirènes du lac m'emmène faire un tour dans l'ondée ? En fait, je vais y rester deux jours. Pour trouver cet endroit : Sur la carte du lac saint Michel, la fin du chemin de Loqueffret...
A Brest je retrouve des amis. Une ville pas très belle mais avec cette énergie bouillonnante que l'on retrouve dans les citées de djeunes comme : Rennes, Grenoble, Nantes, Toulouse, Montpellier. Ca brasse, ca bouge ! Je pars ensuite vers le Conquet, plage courue des brestois. Et comme j'adore me retrouver où personne ne va, je commence à musarder le long de la cote. Sur la commune de Plougonvelin, j'arrive au bout d'un chemin et sur un parking remplit de camping-cars j'aperçois sur la gauche un chemin de terre, je m'y engouffre. A peine 50 mètres et c'est la grève. Il n'y a plus plus rien, sauf des herbes courtes et la roche affleurant. Je conduis un bon km et stop : en surplomb d'un falaise à au moins 30 mètres au dessus des flots. Une prairie en pente douce m'accueille...Je contemple un coucher de soleil en mégavision : tout au loin les lumières du port de Brest encadrées par deux bandes d'horizons rougeoyantes, arc en ciel. Pas un bruit, pas un son comme une morte affalée...Rideau.
Le lendemain, arrêt à la pointe saint Mathieu, c'est à voir !Ensuite dans les terres visite du château de Kergroadez sur la commune de Lanrivoaré, puis retour vers la cote.
Portsall, rappelez vous ? La marée noire, l'Amoco Cadiz. Piquenique à l'aber wrac'h, puis direction Roscoff. Pour terminer le journée, comme un pèlerinage, à Plouescat et Porsguen, là, où jeune je faisais les 400 coups ! Je déconseille à quiconque de ne jamais retourner sur la terre de ses vertes années, car, comme partout Plouescat s'est endormie, avachie, embourgeoisée. Tout est propret, tiré au cordeau, ya pas un papier qui traine, pas une tête de breton qui dépasse. Le temps s'est envolé et à lessivé ceux qui pourtant mettaient une sacrée pagaille dans les années Mitterrand... Si aujourd'hui les jeunes faisaient le quart du dixième de ce que nous avons pu faire ; ce serait la prison ou l'hosto psychiatrique...Nous avons vécu une époque épique, (pas hippique banane !) mais nous n'avons plus rien d'épique, en ces temps, de nos jours...
A Porsguen, je m'arrête sur le parking du Theven, une discothèque où je fus deux saison d'été le DJ. La façade est repeinte en gris, et la porte est ouverte. J'entre et trouve l'endroit sans dessus dessous. C'est les grands travaux, et qu'est ce que je vois sur ma droite, ma vieille cabine de DJ où j'animasse ; Il reste encore la boule à facette au plafond... Je vous jure, un vrai choc, en 2 secondes je suis de retour aux années " Police, Bee Gees, Clash "...Le nouveau proprio arrive, je lui explique, sympa il me fait le tour, et ainsi " ma " discothèque va se transformer en maison d'habitation... Je prends deux ou trois clichés de cette cabine qui a vue tant de jolies filles défilées... Mon " mausolée " sera détruit la semaine suivante, et c'est un bout de ma jeunesse turbulente qui va foutre le camp dans l'anonymat d'un chantier de réfection...Dans une benne à ordure, au bourrier comme ils disent par ici.
Pour en revenir à nos bigorneaux, à Plouescat, Il ya a plus qu'un casino comme animation défoulatoire c'est là, où le pêchou, le retraité, le déprimé vient dilapider une triste monnaie dans les bandits manchots ; alors " qu'avant " il y avait pas moins d'une dizaine de bistrots, 3 discothèques, le resto " les pompiers ", ou " chez Abjean " et des plans d'herbes de celle qui fait rire... Ils ont même fait exploser le rocher en forme de pénis dont le haut avait été peint en rouge, les bigots coincés du cul l'ont fait ratiboiser, c'était devant le resto Roc Armor, là où la raie au beurre noire était digne de tous les Bocuse de la galaxie ; Bref, en ravalant mes souvenirs, je trouvais un petit terrain avec une grange désaffectée pour y garer le Kia. Plus question de se mettre le long de la cote, c'est plein de villas, de " défense d'entrer " et autres campings à étoiles... Oh toiles, oh désespoir !
Le lendemain, je filais donc...