Les allusions à peine voilées d’un cambriolage ayant pu être orchestré par la « bande à Sarko » relève soit de la paranoïa la plus grave, pour quelqu’un ayant l’ambition de diriger le pays, soit de la manipulation d’opinion. Je vous laisse le soin de choisir. Evoquer une “drôle de coïncidence” ne fait pas une preuve. Se poser en victime d’un complot ne fait pas une candidate et encore moins une élue.
Rappelons que Mme Royal, invitée au 20h de France 2, le 8 juillet, avait établi “un rapport” entre la fouille de son appartement, cambriolé il y a quinze jours, et ses attaques anti-Sarkozy, parlant d’“une drôle de coïncidence”. “Le lendemain où j’ai dit qu’il fallait mettre fin à la mainmise du clan Sarkozy sur la France, mon domicile a été mis à sac. Je fais un rapport entre les deux”.
Ségolène Royal a pourtant été très proche du Président Mitterrand, elle devrait se rappeler combien il en coûte d’exploiter une victimisation pour se faire valoir. L’observatoire a bien failli être la fin d’une carrière politique.
Pour les plus jeunes : Dans la nuit du 15 au 16 octobre 1959, peu après avoir quitté la brasserie Lipp, François Mitterrand gare sa voiture aux confins du jardin de l’Observatoire, sort de son véhicule et saute une haie avant d’aller se mettre à plat ventre sur le gazon. Un rafale de pistolet mitrailleur est alors tirée sur la voiture vide. Le lendemain, “l’attentat” fait la une des journaux et le sénateur Mitterrand est célébré en héros pour avoir, dit-on, échappé aux terroristes partisans de l’Algérie française. Manque de chance, trois jours plus tard, un dénommé Robert Pesquet s’accuse du forfait et raconte qu’il avait eu pour commanditaire François Mitterrand lui-même. L’affaire jugée et rejugée n’a toujours pas livré son secret, mais il demeure certain que la vie de François Mitterrand n’avait jamais été véritablement mise en danger.Cette histoire de cambriolage d’un début juillet aurait pu passer inaperçue si « des sources proches du dossier », comme on dit, affirmaient qu’il s’agissait « plus “d’une mise en scène” de vol que “d’un vol” à proprement parler. “Il y a eu effraction, mais il n’y a pas eu vol (…), le terme de mise à sac peut être utilisé” Une mise à sac dans les règles avec une volonté évidente de ne pas passer inaperçue. Du faux attentat, au vrai faux cambriolage, il y a un rapprochement qui vient à l’esprit, sans préjuger d’une enquête qu’on espère très poussée et ne négligeant aucune piste.
Dans un registre similaire, le Front National était coutumier du genre, avec ses permanences saccagées au bon moment. A l’inverse on connaît l’exploitation honteuse de la profanation du cimetière de Carpentras attribuée à tort au même Front, alors qu’elle était le fait de petits bourgeois désoeuvrés et en déshérence. Dieu qu’elle avait mobilisé les esprits et les ministres de l’époque, tous plus accusateurs les uns que les autres!
Le PS patauge un peu avec cette nouvelle « gourditude » : Chef de file des députés PS, réélu en dépit des velléités de Montebourg, Jean-Marc Ayrault a estimé que Ségolène Royal « ne parle sans doute pas en l’air » en établissant un lien entre le cambriolage de son appartement et ses propos contre le « clan Sarkozy ». Mais, tout en se refusant à « entrer dans la polémique », Laurent Fabius s’est interrogé sur les éléments en possession de Mme Royal à l’appui de ses allégations.
A qui ce fait divers serait-il sensé profiter ? Sûrement pas à Sarko, lequel n’a aucun intérêt à “victimiser” Mme Royal. Mais alors à qui ? Des amis “PS” de la bonne Dame ?