Aujourd’hui, je n’ai pas besoin de puiser dans ce que je vois au festival du film court pour être plus convaincu que jamais de l’actualité de ce dessinateur parti trop tôt. Ces derniers temps, au niveau social, il ne se passe presque rien. Je veux dire : presque rien d’intéressant. Franchement, quel combat donne vraiment envie ? Les fonctionnaires ont manifesté pour conserver leurs droits : c’est tout à leur honneur, mais ce n’est pas très exaltant. Les étudiants se sont mobilisés contre la sélection à l’université : c’est vrai que ce n’est pas avec Parcoursup qu’on va résoudre le problème de l’inégalité devant l’accès aux études, mais peut-on continuer à laisser entrer en fac des jeunes qui savent à peine écrire ? Les zadistes ont obtenu l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, mais depuis, que font-ils ? Passons rapidement sur les gros cons patriotards qui se sentent en danger dès qu’ils entendent parler quelqu’un avec l’accent arabe et déguisent leur xénophobie primaire en résistance contre une « invasion » totalement imaginaire ; ne nous attardons pas non plus sur ceux qui gueulent contre la hausse des prix du carburant : à une heure où il devient urgent d’économiser les énergies fossiles et de limiter l’usage de la voiture individuelle, le « combat » de ces imbéciles est totalement anachronique et ressemble plus à un caprice d’enfants gâtés devenus aveugles.
Bref, la seule lutte vraiment intéressante en ce moment est celle que mènent les femmes, partout dans le monde, pour leur dignité. Le silence a été brisé, le harcèlement sexuel ordinaire n’est plus un tabou et des mâles blancs haut placés sont tombés. Bien sûr, les mâles blancs font de la résistance, ils ne sont pas disposés à renoncer sans combattre à ce pouvoir qu’ils considèrent comme leur revenant de droit sous prétexte que leur bite leur donne une sensation de toute-puissance ; mais on ne peut pas revenir en arrière. Quoi qu’il arrive, on ne pourra plus faire comme si #BalanceTonPorc et #MeToo n’avaient jamais existé. La domination masculine absolue a vécu et c’est tant mieux : c’est de la buffleterie des mâles blancs arrogants et dominateurs que sont nés la plupart des fléaux de l’humanité. Pas d’exploitation outrancière de la nature, pas de grosses cylindrées qui puent et qui tuent, pas de néo-fascisme sans testostérone.
Alors, les filles, continuez ! Continuez à dénoncer, à vous battre ! Vous êtes en train de sauver l’humanité de la médiocrité et peut-être même aussi de bien plus grands périls ! Alors, comme disait Reiser, vive les femmes ! Sauf Marine Le Pen et sa nièce, bien sûr.