P Hélène Sanguinetti, " Lettre au bord ", 2, in
Photo D. Warzy
[PREMIER SOLEIL]
remier soleil qui touche un vieux feuillage dansant. Torses bombés des moineaux friquets, une bande de lampions sur les branches.
Le vrai froid d'hiver est annoncé pour demain.
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Le domaine est désert. Tout se tait, les langues, raidies, la parole reste coincée à l'intérieur des poitrines, elle brûle d'être retenue là, mais le corps est glacé malgré 3 épaisseurs de laine. Je ne peux lire qu'avec des gants, et plus d'écran à ma disposition - ils ont fini par me confisquer mon appareil, " la direction doit veiller à l'intégrité physique de ses hôtes ", répondre quoi ?
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Froid intense depuis 10 jours, vent furieux.
[...]
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En rentrant j'ai trouvé un mot sous ma porte :
QUELQU'UN ACCEPTERAIT-IL DE DONNER QUELQUES HEURES DE COURS À LA TRÈS JEUNE FILLE ÉTRANGÈRE, ELLE SAIT À PEINE LIRE ET ÉCRIRE ET PARLE TRÈS MAL NOTRE LANGUE - SE FAIRE CONNAÎTRE À L'ACCUEIL - D'AVANCE MERCI
Je touche mon ventre, ma langue, limace bien accrochée, puis le sommet de la tête que ce fut si tendre jadis qu'on pouvait passer à travers en appuyant, mourir à peine né, je touche à une sorte d'intérieur à la surface, tout ensemble sur la terre et en chacun tient de la sorte, merveilleusement.
Chez moi, ça tient plutôt de la panthère et ses petits.
Pour qui on se prend, des fois !
J'ai répondu que je pouvais bien sûr, à condition qu'ils me paient avec du bon chocolat !
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Pluie.
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Soleil d'hiver.
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Pluie.
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Orage bref qui ne sert à rien, qu'à rentrer la tête dans les épaules, racler les pieds dans la chambre avec les pantoufles.
Monde + ce qui l'habite = usés= air connu
Neuf reviendra. Sentira bon, un moment du moins.
En attendant, ne pas se laisser avaler par la bestiaccia qui sait fouiller avec ses cornes de 3 mètres. Jamais. Jamais. Jamais.
Domaine des englués, suivi de Six réponses à Jean-Baptiste Para, éditions de La Lettre volée, 2017, pp. 105, 107, 108.