Un jeune romantique en ces années 1830 - 3-

Publié le 13 décembre 2018 par Perceval

Le père de la jeune Anaïs Bosio était sculpteur, et il en avait fait le buste ….

Jean Bernard Duseigneur (1808-1866) dit Jehan Du Seigneur est aussi sculpteur, il étudie sous Bosio... Et, vers 1830, il déserte l'école classique, cherchant dans le Moyen Âge chevaleresque et chrétien des inspirations nouvelles. Il fait partie du cénacle qui se groupe autour de Victor Hugo.

Il rencontre Charles-Louis de Villeneuve et lui fait connaître quelqu'un qui fait partie de ce cercle médiéviste qui est en train de se former …

A noter que Jehan fréquente le salon d'Alfred Tattet (1809-1856). Son salon était fréquenté par Charles Nodier, Vigny, Lamartine, Félix Arvers, Roger de Bauvoir, D'Althon Shée, (dont la fidèle épouse fut la maîtresse de Musset, puis du peintre Paul Chenavard qui avait exécuté son portrait), et Ulrich Guttinguer, le plus fervent propagateur du romantisme...

Ainsi, Charles-Louis rencontre, Charles de L'Escalopier (1812-1861), qui en 1840, devient conservateur à la bibliothèque de l'Arsenal sous la direction de l'académicien Charles Nodier (1780-1844),  et membre de plusieurs sociétés savantes...

Passionné par le Moyen-Âge, il décore sa maison en gothique flamboyant et installe un musée médiéval de pièces d'orfèvrerie, d'ivoire, de bronze. Il acquiert des émaux très rares et des reliques pour la plupart douteuses … C'est lui, qui avance à Robert-Houdin, le Magicien– devenu son ami - la somme nécessaire pour ouvrir un théâtre de magie à Paris. Le 3 juillet 1845 a lieu la première des '' Soirées fantastiques de Robert-Houdin '', rue de Valois, au Palais-Royal. C'est le succès immédiat.

En 1835, le comte Charles de l'Escalopier fait donc construire "à la campagne" une maison entourée d'un vaste terrain (à l'époque jusqu'à la rue Joseph de Maistre) ; elle vaut la visite... :

L'Annuaire de Paris et de ses environs de Leblanc de Ferrière décrit la demeure : « La façade sur la cour présente une tour en saillie crénelée en son sommet ; à gauche un avant-corps carré, surmonté d’une terrasse et d’un balcon ; les formes et les ornementations de l’édifice sont dans le style du Bas Moyen Âge, des années 1450, règne de Louis XI ; les encadrements des ouvertures, le balcon, les clochetons et les culs-de-lampe sont d’un gothique plein de délicatesse et de goût dans le choix et la réalisation ; le cadre d’une fenêtre au rez-de-chaussée est une copie fidèle de la porte de Jeanne d’Arc à Domrémy. »

L'Hôtel était agrémenté d'un vaste jardin, d'un gymnase et de serres remarquables : « Contiguës au bâtiment, elles sont exposées vers le sud, sur une ligne de cent vingt pieds de long et de douze pieds de large ; elles sont construites en fer ; ornées de roches et de bassins elles sont chauffées à la vapeur et renferment une collection remarquable de végétaux à propriétés historiques, les plus rares et les plus précieuses. On y entre par le salon dont la glace sans tain au-dessus de la cheminée offre une vue sur ces serres au centre desquelles un pavillon, de vingt-huit pieds de haut avec des colonnes ornées de chapiteaux dorés, est consacré à la culture des bananiers.

Les serres contiennent des bambous, des papayers, des arbres à pain, des cocotiers ; tous ces arbres sont en pleine terre. Dans la quatrième serre se trouvent les plantes qui exigent le plus de chaleur : orchidées, bois de santal, muscadier, cacaoyer, copayer, mangoustanier, mancenillier, vanille… » Leblanc de Ferrière.

L'Hôtel de l'Escalopier fut détruit en 1882.


 

Le comte va constituer une prestigieuse collection de livres. Les serres vont être remplacées par une bibliothèque riche de cinq mille neuf cents ouvrages dédiés à l'Archéologie, à l'Histoire et à la Théologie. Il crée un musée destiné à ses amis et aux visiteurs de passage où l'on peut admirer des bois sculptés, des émaux, des ivoires, de l'orfèvrerie ou encore des verres médiévaux...

Et ce qui est fascinant, pour Charles-Louis de Villeneuve, c'est que cet érudit médiéviste va entreprendre un voyage en ''Terre Sainte'' et se faire adouber chevalier de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem ( le 21 juillet 1837) ; en effet, depuis le XVe siècle, la Custodie de Terre sainte a le privilège exclusif de créer des « chevaliers du Saint-Sépulcre »

Existerait-il donc des templiers en ce XIXème siècle ?

A suivre ...