La terre étant ronde, il n’est pas possible d’aller plus loin que la Nouvelle-Zélande lorsque l’on vient de France. En termes d’heures de vol, je préfère n’y pas songer ; en nombre de kilomètres, idem ; en terme de dépaysement… eh bien c’est la première surprise que réserve ce pays : il est étrangement proche. Bien plus familier que peut être l’Australie (Western Australia en tout cas), laquelle est richissime en faune et flore endogènes. La Nouvelle-Zélande l’est aussi, mais de façon beaucoup plus discrète, plus subtile.
C’est un très beau pays, la mer se marie à toute forme de terre : collines, montagnes, plaines verdoyantes, plages de sable blond ou noir. Quelques îles recouvertes de végétation, d’autres exclusivement minérales. Cette variété en tout est étonnante.
Contrairement à notre projet initial, nous n’irons pas sur l’île du Sud. Mon fils Marcel, qui est résident pour une année dans ce bout du monde, doit s’y rendre pour une randonnée avec des copains dans un peu moins d’un mois, nous allons donc nous concentrer sur l’île du Nord. Nous habitons Tauranga, petite station balnéaire sur le Pacifique, au fond d’un golfe qui la protège des grosses tempêtes. Terre australe, la Nouvelle-Zélande ne connaît pas que des temps cléments. Située d’ailleurs au confluent de deux plaques tectoniques, elle est victime de tremblements de terre fréquents, fort heureusement d’intensité généralement modérée. En revanche, l’activité volcanique est importante. Il y a de nombreuses sources d’eau chaude, des affleurements de soufre, des geysers et plusieurs volcans en activité. A Maunganui Beach, la plage située à cinq cents mètres de la maison, il y a des dizaines de panneaux indiquant comment se sauver en cas de tsunami. On peut notamment grimper sur le mont Maunganui, une ascension plutôt abrupte qui me semble relever de la gageure en cas d’urgence…
Mais l’heure n’est pas à la catastrophe, n’est-ce pas… En attendant, quelques belles visites nous attendent !
Je note immédiatement et avec beaucoup de plaisir que la société est très mélangée. Maoris et Pakeha (il paraît qu’en langue locale, cela signifie « cochon blanc »…) vivent ensemble sans distinction. On ne remarque pas qui est qui et les tatouages sont l’élément le mieux partagé chez les hommes. Chaque lieu est marqué par une légende maori, qui explique pourquoi et comment les choses sont telles qu’elles sont.
Je peux ainsi vous conter l’histoire du héros et demi-dieu Maui, parti pêcher à bord de son canoë (waka en langue maori) lequel était constitué par l’île du Sud. Ce n’était pas un pêcheur, plutôt une sorte de bon-à-rien, passant son temps à faire des blagues à ses frères aînés. Un jour, comme son épouse lui reprochait de n’être qu’un fainéant, il décida de partir à la pêche pour échapper aux reproches. Il se rendit dans la grotte où était enterrés ses ancêtres, et prit les os de la mâchoire de sa grand-mère pour en faire un hameçon en forme de poisson. Quand il arriva près de ses frères, espérant partir en mer avec eux, ceux-ci ne voulurent pas lui donner d’appâts, pour le faire renoncer et éviter d’être en butte à ses farces. Qu’à cela ne tienne, Maui se fit saigner du nez et enduisit son hameçon. Bientôt, un gigantesque poisson y mordit. Une longue lutte s’ensuivit, au terme de laquelle le héros parvint à ramener à la surface cet animal qui s’y trouve encore : c’est l’île du Nord.