Et merde, il est 1:30 du mat’ et impossible de trouver le sommeil. Ce genre de chose m’arrive de temps en temps, c’est rare mais quand ça survient, ce n’est pas à moitié. Pas la peine de lutter dans mon lit, je me suis relevée, préparée de quoi boire et fumer, et me voilà devant l’ordi à une heure indécente. Ça m’apprendra à somnoler tout l’après-midi devant la télé !
Reçu un drôle de coup de fil hier soir. Une petite heure de discussion avec M. alors qu’il vient d’arriver en France avec femme et enfant pour l’été. Cette fois-ci, on espère bien se voir. Car cela fait presque 14 ans. Il ne sait pas à quel point il est responsable d’une part de ce que je suis, de ce que j’ai été, de ce que je suis devenue. La jeune fille passionnée, torturée, blessée est devenue une femme amoureuse. Et ma façon d’aimer s’est certainement construite sur les fondations de cette si courte passion passée. Pendant une dizaine d’années, combien de lettres comme autant de bouteilles à la mer, combien de coups de fil sans oser prononcer un mot, et surtout, combien de rêves hantés combien d’histoires d’amour malmenées… Mes lectures, quelques-uns de mes goûts musicaux, mon plaisir à croquer la pomme, ma façon d’embrasser, mon inclination pour les post-liminaires, la goûte de vinaigre sur les tomates-mozzarelle… Il a profondément marqué les fondations de la personne que je suis aujourd’hui, debout sur mes deux pieds et heureuse de l’être ! Sauf qu’en réalité, ce n’est pas tant lui que le souvenir que je me suis fabriqué. J’avais pensé à ça en voyant Solaris de Steven Soderbergh : qui sont vraiment les personnes qui nous aimons, elles vraiment ou plutôt l’image que l’on se construit d’elles, ce qu’on croit savoir d’elles, ce qu’on s’imagine, ce qu’on se plait à croire ? Et la question est d’autant plus fondamentale lorsqu’il s’agit d’une passion. De fait, ce n’est donc pas lui le responsable mais bien moi, à la façon dont j’ai d’abord souffert puis appris à vivre avec l’image que je me suis construite de lui. Et puis, il avait raison à l’époque, en me disant qu’il valait mieux pour moi vivre certaines expériences avec des garçons de mon âge plutôt qu’avec lui, et qu’un jour sûrement, on se recroiserait, chacun au bras de notre amoureux/se, avec des enfants, et alors on parlerait musique, bouquins etc… Mais lorsqu’il disait ça, y croyait-il vraiment ou tentait-il seulement de rendre la pilule moins amère ? Et en l’écoutant hier soir au téléphone, je réalisais à quel point son caractère m’est finalement étranger, m’interrogeant sur ce que nous serions devenus tous les deux si nous nous étions accordé plus de temps. Et puis que serais-je devenue si je n’avais pas (ré)appris à aimer sereinement avec mon Homme aujourd’hui ?
Est-ce que penser à tout ça fait partie de la fameuse crise des 30 ans sur laquelle une bonne (d)ame a attiré mon attention dernièrement, et dont je discutais cet après-midi même avec Julo ? Lorsqu’on a 15 ans, les années paraissent des décennies, en une semaine votre vie bascule, chaque matin est la promesse de nouvelles émotions fortes, on fait des plans sur la comète, on s’invente un futur différent chaque jour. Et voilà que le temps a passé, certains vœux sont exaucés, quelques ambitions réalisées, une certaine forme de bonheur trouvé. Oui mais, et après ?! Il semble que dans cette questions réside donc ce qu’il entendu d’appeler la crise de la trentaine. Dites 33, et tout se passera bien… Peut-être aussi que de revoir SdC passé à la maison comme ça à l’improviste m’a rappelé mes années d’ado à Lyon.
Et ce soir dans mes oreilles, le dernier NERD, spéciale dédicace à P* dont le second s’est finalement décidé à arriver ce matin du 10 juillet… Non, je n’allais quand même écouter Macéo Parker en écrivant ces quelques lignes sur M., ça aurait été too much !