Ajoutez à ça les menaces qui ont été adressées au dessinateur Alex parce qu’il a osé dire qu’un de leurs représentants avait une « cervelle d’oiseau » ! Rien que ça ! « Cervelle d’oiseau », mais ce n’est rien, ce n’est même pas vraiment insultant ! C’est le genre de truc qu’on dit à un copain étourdi pour le taquiner en lui tapant sur le bide ! Entre nous, compte tenu du fait que le type en question est un complotiste paranoïaque de la pire espèce, c’est plutôt gentil de dire qu’il a une « cervelle d’oiseau » ! Si c’est tout ce qu’on trouve à dire pour dénoncer le gauchisme flicard et puéril, c’est presque sympathique ! Mon collègue Nono m’a bien traité de « barbu » et je n’en ai pas fait tout un plat ! Mais il y a des gens pour qui l’humour est une langue étrangère… C’était bien la peine, il y a quatre ans, de manifester pour défendre la liberté de dérision si c’est pour monter sur leurs grands chevaux quand elle s’exerce à leurs dépends !
Adolescent, je l’avoue, j’ai longtemps espéré une insurrection populaire parce que j’étouffais dans la grisaille chiraco-sarkozienne : mais depuis, j’ai mûri, et maintenant que je connais mieux mes compatriotes français, je n’en ai plus très envie ! J’ai compris qu’en tant qu’artiste, diplômé et handicapé, j’en serais une des premières victimes, au même titre que tous ceux qui restent « indésirables » aux yeux des mâles blancs abreuvés de haine et de bière… J’ai surtout compris que les petites initiatives locales ou individuelles contribuaient, pierre par pierre et à long terme, à changer le monde plus efficacement que peuvent ne le faire les « coups de force » dont les lendemains déchantent la plupart du temps…
Quant à la démocratie directe réclamée à corps et à cris, JE N’Y CROIS PLUS DU TOUT ! J’ai vu trop d’initiatives, qui voulaient aller dans ce sens, dégénérer en tyrannie du plus fort : notre démocratie représentative est pleine de défauts mais elle est, à tout prendre, le seul point d’équilibre possible entre la réalité inexpugnable du pouvoir et la nécessité de rendre cette réalité supportable pour une majorité de personnes. Si on avait écouté le « bon peuple », les femmes n’auraient probablement toujours pas le droit de vote, la peine de mort n’aurait sans doute jamais été abolie et l’aéroport de Notre-Dame-des Landes serait sur le point d’être construit… La démocratie directe sera souhaitable quand l’homme sera parfait : on en est loin.
Non, je n’appelle pas à tirer sur les gilets jaunes comme l’a fait ce crétin de Luc Ferry. Mais j’espère me réveiller un jour de ce cauchemar…