Avertissement : cet article ( et surtout les suivants...) est une toute petite partie – centrée autour d'un personnage – d'un faisceau d’événements sous-tendus par des sociétés secrètes qui fleurissaient à l'époque...
Nous sommes à l'époque où , un personnage comme, Charles-Louis de Chateauneuf, fréquente une société de salons qui se targue d'être à la pointe des idéaux politiques, pour un monde idéal proche, et sur la lancée d'une Révolution qui n'en finit pas de se terminer ….
Ces révélations sont incertaines, puisque secrètes ; elles reposent sur des témoignages dont la véracité est sujette à caution... Rumeurs familiales, légendes et faits sont traités à même enseigne …
L'esprit de Charles-Louis est de plus en plus occupé par une femme qu'il a rencontré dans le salon d'une duchesse... Mme J. est belle, fine ; et il la tient pour délicate, vertueuse ; et considère que son amour naissant est sans espoir, puisqu'elle est mariée.. ! Tout juste se convainc t-il de lui faire une cour digne d'un chevalier qui aime sa Dame d'un amour courtois...
Alors que le jeune homme parcourt l'une de ces rue, où aucune femme honnête n'ose s'aventurer... Il trouve dans celle qui s'aventure devant lui, une vague ressemblance avec celle qui occupe ses pensées... Son cœur bondit, il s'arrête net … Il l'observe s'éloigner de lui, sa démarche met en valeur la beauté de ses formes, il devine sous son châle, les épaules blanches déjà aperçues... La femme prend une allée... Il a le temps de se presser et de la voir entrer dans une de ces horribles maisons...
Il va attendre... jusqu'à la voir ressortir, et reconnaître celle qu'il aime secrètement. Elle marche vers un fiacre et y monte …
Cette jeune femme appartient au cercle serré des amies de Madame d'A. qui tient un salon du faubourg Saint-Germain où toutes les coteries contre l'usurpateur se tiennent la main …
Dans ce vieil Hôtel, on y a le culte des ancêtres. Les repas sont longs, substantiels ; on offre à ses convives le poisson de ses étangs, le gibier de ses forêts; on leur verse abondamment les vins vieux des ancêtres...
Après la révolution de 1830, le faubourg Saint-Germain se replie sur lui-même, il boude, selon l’expression du temps. On perd des charges, des places, des honneurs ; on affecte de paraître ruiné...
Cependant le vent nouveau, et Madame d'A. ne craignent pas certaines excentricités, ainsi elle attire quelques romantiques : Sainte-Beuve, Eugène Sue, Liszt, etc.
Elle met à la mode la fiction de l’amour platonique ( l'amour courtois...) , qui accommode agréablement les plaisirs de la coquetterie avec les avantages de la vertu. Des étrangères viennent beaucoup chez elle, la comtesse Delphine Potocka, la baronne de Meyendorff, madame Apponyi …
Delfina Potocka (1807-1877) : En 1825 elle épouse le comte Mieczysław Potocki, dont elle se sépare … Elle sera une intime de Chopin, et du poète romantique Zygmunt Krasiński... Delfina Potocka sera le grand amour de Krasiński. Et si en juillet 1843, il épouse la comtesse Eliza Branicka , leur romance dure jusqu'en 1846 …
Les dimanches après-midi de 1833 à 1835, Frédéric Chopin se rend fréquemment au 107 rue Saint-Dominique à Paris. A l’ambassade d’Autriche, le comte et la comtesse Apponyi reçoivent chaque semaine pour une soirée musicale. Ce fut, sous la Monarchie de Juillet, l’un des salons les plus brillants de Paris, l’un des plus réactionnaires aussi, mais où se rencontraient, en territoire "neutre", les légitimistes aussi bien que les orléanistes.
La divine Thérèse est aussi l'une des étudiantes de Chopin; il lui a ouvertement dédié le Nocturne op. 27 …
Chopin Nocturne C Sharp minor op 27 #1 Valentina Lisitsa
Dans cette société d’origine chevaleresque, Madame d'A. reçoit des hommages fervents et constants. Elle règne par la beauté, elle a le privilège de tout dire, le droit d’asile et de grâce; elles décident souverainement de l’opinion dans les délicatesses de la bienséance et dans les délicatesses de l’honneur.
La coquetterie et la galanterie y règnent dans les relations des deux sexes... En amour comme en amitié, les liens sont souples, légers et durables …
Un cercle d'amies fidèles rabat vers son salon, les jeunes gens prometteurs ; elles usent de tous les artifices – sauf leur honneur - pour les fidéliser et le amener à devenir membre d'une certaine société…
Ces nouvelles héroïnes, à la recherche d'une excentricité tapageuse, se rapprochent d'un nouveau type de femme : '' la lionne ''....
« À l’imitation des héroïnes de George Sand, la lionne affecte de dédaigner les grâces féminines. Elle ne veut ni plaire par sa beauté ni charmer par son esprit, mais surprendre, étonner par ses audaces. Cavalière et chasseresse, cravache levée, botte éperonnée, fusil à l’épaule, cigare à la bouche, verre en main, tout impertinence et vacarme, la lionne prend plaisir à défier, à déconcerter en ses extravagances un galant homme. »
Il se peut que ce fut par cette porte, qu'entra en scène la femme du demi-monde... C'est elle qui – à présent - donne le ton, un ton si peu aristocratique … Tentative féministe qui avortera ; cette mode, au lieu de se répandre dans la société, se marginalisera dans la seconde moitié du XIXe, et sera réservée aux « grandes horizontales »
Pour l'heure, des femmes investissent la sphère publique ; et certaines s'opposent de s'en tenir à la tenue du foyer ; quitte à créer le grand scandale en imposant leur choix... Un exemple...
Une amie fidèle de Catherine Belgiojoso : renommée pour être une belle et élégante cavalière, Anne Berthier ( 1816-1878), la dernière des trois enfants du maréchal Berthier. Sa famille, pense l'assagir en la mariant en 1834, à Jules Lebrun, comte de Plaisance (1811 – 1872). Et bien... Familière des salons les plus en vue, elle va créer le scandale... Finalement, elle s’enfuit, avec le mari de la Princesse (!) - le prince Emilio Barbian Belgiojoso - en Italie... Leur histoire d’amour va durer huit ans au cours desquels ils vivent reclus dans la villa Pliniana, située sur le lac de Côme.
A suivre...