Vue de Jérusalem
Charles-Louis de Villeneuve a la grande chance d'avoir rencontré le comte de l'X. conservateur à la bibliothèque de l'Arsenal, et membre de plusieurs sociétés savantes, en particulier président de la Société des antiquaires de France ...
Ce savant est passionné par le Moyen-âge, et il va entreprendre un voyage en Terre Sainte, et au retour traverse - d'Italie où il débarque - l'empire d'Autriche-Hongrie, jusqu'en Bohème pour revenir à Paris par les états allemands...
Voyage dont il va rendre compte à Charles-Louis, d'autant que le comte a gardé avec lui ses questions sur les Templiers... Des questions que partagent fort le Comte de l'X. qui a pour objectif d'aller à Jérusalem pour se faire adouber chevalier de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, ce qu'il obtenir le 21 juillet 1837, en effet, depuis le XVe siècle, la Custodie de Terre sainte a le privilège exclusif de créer des " chevaliers du Saint-Sépulcre ".. Et, autre objectif : acquérir des objets palestiniens les plus anciens possibles, pour ses propres collections; et pourquoi pas de ''saintes reliques '' ... !
Le Voyage en Orient, est pour le riche voyageur romantique un incontournable ... pour reprendre la formule de Gérard de Nerval, '' Orient '' signifie " la terre maternelle ", la matrice originelle, le fantasme de son enfance.
A cette époque, le voyage vers Jérusalem était plus difficile et plus périlleux qu'aujourd'hui... Chateaubriand l'avait précédé en 1806.. La publication de son Itinéraire de Paris à Jérusalem en 1811 est devenu " la Bible " de tous les pèlerins qui se rendent aux Lieux Saints dans la première moitié du siècle...
Ce aventure, est réservée à une élite qui en a les moyens ; mais toujours soumise aux dangers qu'ont toujours connu les explorateurs : vents contraires, maladies, difficultés d'hébergement ou même hostilité déclarée des populations. On loge dans un caravansérail plein de cafards, de puces et de poux. Selon le guide Joanne du milieu du siècle " à l'intérieur de la Grèce, de l'Asie, de la Syrie on ne peut voyager qu'à cheval et loger sous la tente ". La situation paraît meilleure en Turquie et en Egypte.
Le voyage vers la Palestine depuis l'Europe se fait uniquement en bateau au départ de Marseille ou de Venise. Chateaubriand arrive en Terre Sainte après un périple à travers l'Italie, la Grèce, Constantinople pour arriver à Jaffa près de deux mois et demi après son départ de France.
Les environs de Jérusalem sont dévastés ; sur un sol stérile , blanchâtre et pierreux, croissent çà et là quelques oliviers au pâle feuillage, quelques vignes et quelques figuiers.
Pour les déplacements, le sentier reste la norme et le cheval ou le mulet les soutiens indispensables pour se rendre dans la Ville Sainte
" Tout est triste et désolé autour de Jérusalem, dans Jérusalem; et cependant la vue seule de cette mystérieuse ville prend tout votre être, et le tient comme suspendu entre Dieu et le monde. "
Chateaubiand séjourne une semaine à Jérusalem, dont il compare, " les maisons à des prisons ou des sépulcres " et dont il trouve les rues désertes. Sa vision est proprement " morbide " : " Pour tout bruit dans la cité déicide, on entend par intervalles le galop de la cavale du désert, c'est le janissaire qui apporte la tête du Bédouin ou qui va piller le fellah ". Il note aussi que les Juifs y vivent de la charité et que l'accès à l'Esplanade des Mosquées est défendu à tout chrétien sous peine de mort.
1839 Citadelle de Jérusalem, Tour de David - David Roberts -De 1831 à 1840, Jérusalem est occupée par les armées du vice-roi d'Égypte, Méhémet Ali, et a obtenu de nombreux droits pour les catholiques orientaux : celui de posséder des lieux de culte spécifiques et d'avoir un représentant direct auprès du Sultan.
" La ville sainte est située sur un terrain très inégal, ou plutôt sur trois montagnes de différentes grandeurs : le mont Moria, où s'élevait le temple de Salomon ; le mont Sion, dont le nom retentit si souvent dans les Écritures, et le mont Calvaire ou Golgotha, qui vit les derniers instants du Fils de l'homme. La cité est enfermée dans des remparts qui ont une lieue de circonférence et qui furent construits par Soliman Il vers le milieu du XIe siècle. Jérusalem a six portes qu'on ferme tous les soirs après le coucher du soleil : celles de Saint-Étienne à l'orient, de Damas au nord, de Bethléem et de David au midi, d'Hérode et Herquiline au sud-est. Du côté de l'orient la cité est naturellement défendue par la vallée de Josaphat et le torrent de Cédron. Les maisons sont construites en pierres ; elles ont, en général, deux étages et sont d'une mesquine apparence. "