+ Bernard-Henri Lévy a repris son bâton de pèlerin pour prêcher l'Europe et ses valeurs aux Français de
Laissons de côté l'aspect économique et financier du projet européen, puisque BHL n'est pas un de ces banquiers internationaux cupides qui se complaisent dans l'onanique manipulation des chiffres et des statistiques. Tenons-nous en à la "culture européenne" au sens noble.
Hélas cette notion de "culture européenne" est des plus obscures, un vrai trou noir ! BHL donne quelques exemples de ses auteurs préférés : Vargas-Llosa, Kundéra, Philippe Val, lui-même..., mais on a du mal à se faire une idée générale, ou même à dénicher dans cette liste un auteur satirique qui nous délivre de l'oppressant optimisme du totalitarisme.
M. Onfray caricaturé par Pancho ("Canard Enchaîné")
+ Il paraît que le monde et la philosophie modernes sont complexes, affaires de spécialistes. N'empêche que l'éthique de BHL (bon antifachiste contre méchant fachiste) est limpide comme de l'eau de roche ou comme un album de Tintin, infatigable héros cosmopolite défenseur du droit de certains peuples (tibétain, amérindien...) à disposer d'eux-mêmes (tant que ça ne nuit pas aux intérêts belges).
Frédéric Pagès pour sa part suggère un rapprochement entre la morale de Michel Onfray et la série "Alix" ("Canard Enchaîné", 17 janvier). En effet l'essayiste rival de BHL prône de son côté le retour de la vertu romaine : courage, fidélité, amitié, famille, patrie... dont le bavardage des théologiens chrétiens nous aurait éloigné.
C'est bien beau la culture : Tintin, BHL, Onfray... mais le moins pragmatique des citoyens français devine que ça ne règle pas le problème des milliers de milliards de dettes accumulées par les élites politiques françaises, allemandes ou britanniques. Il faudra bien que quelqu'un paie.
+ A propos de culture -japonaise, cette fois-, on sait le rôle prépondérant de la télévision dans la mode
TF1 se passionne encore en 2019 pour la culture asiatique puisque le groupe vient d'investir dans la "start-up" Delitoon, qui diffuse des mangas sur tablettes numériques selon un procédé de lecture en vogue en Corée du Sud. Delitoon, diffuseur de mangas traduits en français se targue de 400.000 abonnés.
Le festival d'Angoulême fournit sa caution à cette mode asiatique, qui a cette année décerné son prix à la mangaka Rumiko Takahashi ("Ranma 1/2", "Maison Ikkoku").
On voit ici à quel point l'idée de "culture européenne" est théorique voire dépassée. Toutes les politiques protectionnistes dans le domaine de la culture ont échoué face à une culture de plus en plus mondialisée.
Il faut dire de cette culture de masse qu'elle est la moins "populaire" qui soit, contrairement à l'étiquette couramment apposée dessus, et la plus "élitiste" compte tenu de son mode de production industriel.
Cette culture est aussi de plus en plus spécialisée (par sexe, voire par goût sexuel, mais aussi par tranche d'âge, passion pour telle ou telle pratique sportive...), et par conséquent de moins en moins "universelle" selon un terme galvaudé.
(Vignette ci-contre extraite de "Juliette, je t'aime !" par Rumiko Takahashi.)