Magazine Journal intime

De la perfectibilité humaine

Publié le 11 juillet 2008 par Sebika

Il est des jours où de grandes vagues de solitudes vous submergent.
De ces jours où l’on se sent la dernière personne sur terre, où l’on est proche du caniveau et où vraisemblablement, tout semble fait pour vous conforter vers une seule et même idée : « mais comment en suis-je arrivé(e) là ?! ».

Oh, tiens, un phare !?

Flash back.
Vacances, soleil (embellissons que diable cette triste réalité), job d’été.
Tout se profile pour le mieux… mais, impossible d’empêcher le drame.
Alors que depuis trois ans et pour la quatrième année consécutive j’exerce le même job d’été, voici que le doute m’envahit et sème le trouble, jusqu’à faire défaillir le soupçon d’assurance que j’avait glané.

Le charme n’opère plus. Le public est déçu… et les mauvais commentaires vont bon train.
Je sais pourtant que cette mauvaise expérience est due à une modification de mon rôle, qui s’est amoindrit au point que j’ai parfois l’impression d’être devenue dame-pipi (je n’ai rien contre les dames-pipi, soyons clairs, mais ce n’est pas ce pour quoi je suis employée).
Voici donc que je suis payée pour accueillir, vendre des tickets et faire des visites guidées à la chaîne, dans une industrie où le visiteur arrive toujours réfractaire au lieu qu’il visite.
Il fait un temps de chien, il s’ennuie et il décide d’amener sa ribambelle de gamins insupportables justement là où je bosse. Pas de bol…
Comme si je leur avais forcé la main.
Comme s’ils pensaient trouver Versailles là où ils n’auront que du patrimoine de seconde zone (ce qui n’enlève en rien son charme, mais restons modestes !). Et de faire la grise mine lorsqu’ils pénètrent dans le lieu.
Et vous savez quoi ? C’est forcément ma faute ! Bah voyons !

Là, on m’appelle Madame à tour de bras. (Rhaaa ! Mais ne m’appelez pas, merci, j’aimerais autant !)
Là, je dois accueillir des gens qui n’arrivent jamais à l’heure (et qui ne comprennent pas que sur un horaire de 30mn, si tu passes tout ton temps à attendre qu’ils arrivent, au final tu ne fais rien de l’après-midi), vendre des billets, m’excuser pour les problèmes logistiques qu’ils ont rencontré sur leur passage avant d’arriver jusqu’à moi… me prendre leurs réflections désobligeantes (qui même passées sous le coup de l’humour sont quand même placées)…
Le tout avec le sourire. Et plutôt deux fois qu’une.
Et de commencer un commentaire (court puisque je n’ai qu’une demi-heure pour effectuer l’ensemble de la tâche, visite et progression dans les escaliers comprise) qu’ils ont réclamé, mais qu’ils n’écoutent que d’une oreille, sans même me regarder, tout en continuant parfois à discuter les uns avec les autres.

Bon. Bref. Au final, je ressens un énorme sentiment d’échec.
Alors, bien sûr, il y a toujours des gens absolument charmants. Voire plus.
En ce début de saison, j’ai surtout eu affaire à la première catégorie.

Quand après deux après-midi (heureusement que j’échappe aux matinées !) de travail on rentre chez soi avec en tête quelques insultes, quelques remarques désobligeantes (qui d’ailleurs ne me concernent en rien), quelques billets doux de type « trop de la merde », « la visite c’étaient null », « c’est pourri ici », etc. versés sur le livre d’or… On a beau n’être qu’une simple employée et n’être pas visée par les remarques… Il se trouve que malgré tout, lorsqu’on travaille quelque part, on se trouve être une sorte de « vitrine » du lieu.

Et de se sentir bête, souillé, rabaissé en rentrant chez soi. D’avoir calqué sur soi ces impressions négatives.

J’avais déjà été insultée. Ca oui. Ca avait été difficile sur le coup (c’était la première année et je n’avais pas su gérer une affluence monstre en début de contrat… pour finalement appeler à l’aide en larmes). Depuis, j’avais la situation bien en main.
Mais tout n’évolue jamais dans le même sens.
En supprimant 30mn de temps horaire à mes visites (rentabilité, etc.), soit la moitié de mon temps, on a supprimé l’âme et l’intérêt de mon job. On m’a transformée en dame-pipi. On m’a attribué un rôle qui ne me plaît absolument pas.

C’est la première année que je récolte de mauvais commentaires sur « mon » livre d’or. Qui bien qu’ils soient donnés par de pauvres adolescents boutonneux désireux de se faire remarquer, en révolte ou tout ce que vous voulez… lorsque je lis ces mots, je suis touchée. Et je rentre chez moi dépitée, en passant par 30mn de bouchon où l’automobiliste lambda vient ajouter un poids à mon stress.

Et je voudrais fuir. Loin.
J’ai l’impression de retrouver mes quatorze ans. Cet âge que personne ne devrait jamais vivre.
D’avoir des comptes à rendre. D’endosser des poids adressés à d’autres. D’être incompétente. De perdre confiance trop rapidement jusqu’à disparition de mes moyens et régression au stade infantile.

Puis de digérer. Et de conclure que quoi qu’on fasse, où qu’on aille, c’est le même refrain.
D’être outrée par l’indiscipline et l’impolitesse des masses. De leur bêtise et de leur ignorance.
Et de se demander quelle place nous devons tenir dans ce monde. Si au final, nous n’en sommes pas la tare. Si le problème ne vient pas de soi.
Et d’être le paria d’une société absurde.

Voici mon sentiment, ce soir.
Voici ce que je ressens pratiquement chaque jour (ne serait-ce parfois qu’un millième de seconde).

De ne dresser aucune hierarchie entre soi et les autres mais de constater qu’il existe un fossé béant de l’un à l’autre.
Et d’attendre la délivrance lorsqu’enfin on peut se confronter à ceux qu’on aime en y voyant le reflet de nos propres valeurs. Et d’exulter.

Je me laisse aller ce soir. Un besoin d’évacuer cet étrange sentiment qui me parcourt depuis hier, sentiment renforcé par ce temps maussade et pluvieux.
Etonnant comme les événements peuvent prendre un tout autre jour sous les rayons du soleil.

Confusion, mélange, étourderies.
Je ne me relis jamais. C’est un grand défaut, mais je l’assume.
Oh, et puis je n’ai pas envie de mettre d’image pour le moment. Alors on verra ça plus tard si vous le voulez bien. Si tant est que vous soyiez là pour me lire.
Et le tout sans tag, voyez-vous cela !

Demain sera un autre jour, m’as-tu souvent fait promettre.


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