La Blequinclopédie (1)

Publié le 24 février 2019 par Legraoully @LeGraoullyOff

ANTISEMITISME : Je garde un souvenir cuisant de l’année 2014 où j’ai dû affronter les défenseurs de Dieudonné ; le pire, c’est que dans les rangs de ces imbéciles, il n’y avait pas que des fachos mais aussi beaucoup de gens de gauche, des libertaires qui, dans un réflexe pavlovien de refus de la « censure » et de rejet d’un gouvernement auto-estampillé « socialiste » qui les décevait, se mettaient à prendre la défense d’idées dont ils seraient eux-mêmes les premières victimes si elles étaient appliquées ! Beaucoup d’entre eux me disaient en substance « Mais c’est de l’humour, tu prends tout au premier degré », soit exactement ce que me répondaient mes tourmenteurs au temps maudit du collège quand j’avais le mauvais goût de me plaindre de ce qu’ils m’infligeaient ; en tout cas, d’après ces dieudolâtres, leur idole disait tout ça pour rire et ça ne pouvait pas avoir de conséquences nuisibles. Bien joué : cinq ans plus tard, les actes antisémites ont fait un bond spectaculaire ! Bien sûr, ni Dieudonné ni ses défenseurs ne sont seuls responsables de cette calamité : mais ils n’en ont pas moins contribué à une banalisation du discours antisémite dont nous subissons aujourd’hui les répercussions. Que ce soit donc claire une fois pour toute : tout discours fondé sur la discrimination est intrinsèquement violent, en tout cas porteur d’une violence physique qu’il contient en germe. C’est la puissance performative du verbe : aucune parole prononcée dans l’espace public ne peut pas avoir de conséquences concrètes à plus ou moins brève échéance… On ne peut pas revenir en arrière mais on peut au moins arrêter les bêtises, c’est-à-dire cesser de s’imaginer qu’il peut être innocent d’affirmer que les Juifs possèdent ou dirigent le monde ! Sinon, il ne faudra pas s’étonner si on assiste à la réouverture de Vel d’hiv… Je suis affligé ! Si les milliers de victimes d’Auschwitz ne suffisent pas, qu’est-ce qu’il leur faut, à ces connards ? 

LAGERFELD (Karl) : Voilà ce que c’est d’être privé d’Internet pendant plus d’une semaine : j’ai appris avec trois jours de retard la mort du « grand couturier ». Je n’ai jamais compris l’utilité de ce qu’on appelle pompeusement la « haute couture » mais, même en admettant que les fringues conçues par ce bourgeois décadent en valaient la peine, il ne m’en laissait pas moins l’impression d’un personnage hautement détestable, hautain et méprisant. Ses propos sur les femmes rondes, qu’il ne voyait pas autrement que se goinfrant de chips devant la télé, j’aurais encore pu les lui pardonner : tous les gays ne sont pas tenus d’apprécier les rondeurs féminines ; mais quand il disait qu’accueillir les migrants originaires de pays musulmans revenait à faire entrer en Europe les « ennemis des Juifs », il y avait de quoi être outré ! Récemment, cette ineptie a été reprise par Marine Le Pen : une telle alliée n’honore pas.  J’ai parfois imaginé ce que je lui aurais répondu si, dans l’hypothèse bien improbable où je l’aurais rencontré, il se serait moqué de mon look : « Tu ne t’es pas regardé, connard ! Tu crois que tu as l’air plus malin, avec ta cuche d’adolescente, tes lunettes d’aveugle et ton col à manger de la tarte ? Tu me fais penser au grand’ père de Tryphon Tournesol ! » Mine de rien, j’aurais vengé toutes celles et tous ceux à qui il avait filé des complexes ! Bref, vous m’avez compris, je crois qu’il ne va pas me manquer outre mesure.