LA VIE ÉTERNELLE, I
C hoses de l'oubli. Éric Sautou, " La vie éternelle ", I, in
La rime (avec le vent).
L'autre nom (de votre solitude).
L'immense nuit même s'y apaise.
Jusqu'à de plus sombres degrés.
Seule et inchangée à la vigie du phare.
Ma tête, mon bocal, mon oursin.
Fracas de l'étrave (falaise de craie).
Une huître (fermée).
Verre en pyrex (asparagus).
Là, puis là, puis là encore ou bien là.
Cognée aux vitres en vol.
Petite fleur seulette de Walser.
Tombée de son mouchoir (ou restée seule dans la main).
Une fois l'écrin réouvert, cueillir, et n'offrir, à personne.
L'échelle dans l'herbe (la pomme dans l'arbre).
Traîneau (ou baldaquin de fée).
En sa tour (dévastée).
Enfant comme hier.
Tombe la neige (que même regardent les étourneaux transis).
Où mourir de tant de neige (parmi les herbes et les fleurs).
Cœur vibrant du lapereau.
Cœur humide du bouvreuil.
Se défaire (et se défait).
Au cœur de neige disparaît.
Une infinie précaution, Éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 2016, pp. 37-41.