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Le pertuis qui s’agrandit

Publié le 28 février 2019 par Zappeuse

En Charente-Maritime, les détroits portent le nom de « pertuis ». Au nord de l’île de Ré se trouve le pertuis Breton, entre Ré et l’île d’Oléron se trouve le pertuis d’Antioche. Le plus étroit est aussi le plus méridional : il s’agit du pertuis de Maumusson, entre le sud de l’île d’Oléron et la presqu’île d’Arvert (région de Royan), qui ne dépasse pas un kilomètre de large à marée basse dans sa partie la plus étroite, et qui s’ouvre sur une sorte de petite mer intérieure entre St-Trojan (sur l’île) et La Tremblade (sur le continent) :

Le pertuis qui s’agrandit

Le pertuis de Maumusson tire son nom du vieux français « mauvaise musse », qui signifie « mauvais chemin ». En effet, les courants dans cet étroit goulet sont violents, dangereux, et ont déjà causé de nombreux naufrages : Wikipédia en dresse une liste non exhaustive à la fin de la notice consacrée au pertuis en question. Cette violence des courants est aussi une des causes de la modification du trait de côte de part et d’autre du détroit, celui-ci ayant tendance à s’élargir, comme on peut le deviner sur ces images provenant de GoogleEarth, prises à seulement douze ans d’écart :

Le pertuis qui s’agrandit

Sur l’île d’Oléron, le trait de côte évolue particulièrement vite depuis les années 1970. On peut même affirmer que l’île rétrécit. Au XIXe siècle, des pins maritimes furent plantés sur la commune de St-Trojan, pour éviter les débordements intempestifs du sable sur le village. Jusque dans les années 1970, ces pins ont rempli leur mission, retenant la dune et permettant même à la plage de s’agrandir. Néanmoins, au printemps 1979, les collectivités locales lancent un SOS contre l’érosion marine, qui menace les habitations et les installations ostréicoles. Le pin ne peut plus rien. On accuse les tempêtes, on soupçonne autre chose qu’on ne sait pas encore bien nommer : le réchauffement climatique, et les dérèglements qu’il induit, est en marche.

Le pertuis qui s’agrandit

Depuis le milieu des années 1990, le phénomène d’érosion s’accentue plutôt plus vite qu’ailleurs. Les tempêtes font tomber de véritables falaises de sable et les arbres qui y sont plantés et qui ne retiennent plus rien.

Le pertuis qui s’agrandit

Entre 1996 et 2000, le recul du trait de côte a été de 15 mètres par an en moyenne dans la partie oléronnaise du pertuis de Maumusson. Et ça ne s’est pas arrangé depuis, obligeant notamment la gare du petit train touristique à reculer régulièrement dans les terres, et la rendant difficile d’accès en hiver :

Le pertuis qui s’agrandit

Les changements sont visibles semaine après semaine. La cabane ci-dessous, bâtie par des promeneurs avec du bois flotté, était encore bien plantée sur sa dune en novembre 2018. Trois mois plus tard, elle était en partie effondrée :

Le pertuis qui s’agrandit

Sources :

  • GABET C. L’érosion des côtes sableuses de la Charente-Maritime. In: Norois, n°104, Octobre-Décembre 1979 – https://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182x_1979_num_104_1_3810
  • RIBATET Gercende. L’évolution du trait de côte du littoral Atlantique de la Seudre à l’Adour depuis l’époque historique.. In: Travaux du Laboratoire de Géographie Physique Appliquée, n°15, Février 1997 – https://www.persee.fr/doc/tlgpa_0249-647x_1996_num_15_1_936
  • PRAT Marie-Claire. La côte charentaise : une dynamique littorale exacerbée (Côte sud-ouest de l’île d’Oléron et côte d’Arvert). In: Travaux du Laboratoire de Géographie Physique Appliquée, n°19, Mars 2001. pp. 73-84 – https://www.persee.fr/doc/tlgpa_0249-647x_2000_num_19_1_977

Les photos qui illustrent cette note ont été réalisées le 24 février 2019

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