Ecole : Quand j’étais petit, si on nous faisait sortir de l’école une fois dans l’année, c’était le bout du monde et, dans ce cas-là, on avait un bus spécial qui nous menait directement à bon port sans que nous ayons eu à déranger les autres usagers. Aujourd’hui, il n’est pas rare, quand je prends le bus, que je doive supporter la compagnie d’une classe en virée au moins une fois par jour ! Que l’éducation nationale n’ait plus les moyens financiers de payer un bus spécial, voilà qui n’est, hélas, pas fait pour me surprendre : mais faire sortir sans arrêt les gosses, à quoi ça peut bien servir, à part à emmerder le monde ? On me dira que les maintenir enfermés toute la journée dans leur classe n’est pas bon pour leur « épanouissement »… L’épanouissement ! C’est devenu la préoccupation numéro 1, on ne se pose pas d’autre préoccupation que celle-là ! Quand j’étais enfant, tout ce qui comptait à l’école, c’était d’apprendre à lire, écrire et compter pour devenir un citoyen éclairé, ce qui n’était déjà pas toujours facile pour les enseignants ; mais aujourd’hui, ça ne suffit plus, il faut aussi que les chers petits « s’épanouissent » ! Quand on voit le résultat, avec tous ces jeunes désespérés et mal dans leur peau, je me demande s’il n’aurait pas mieux valu s’en tenir à la première option ! Qu’on s’entende bien : je n’ai absolument rien contre les enfants, je ne suis pas pédophobe, j’ai même souvent été surpris de voir à quel point certains pouvaient être intéressants à écouter ; mais c’était parce que je n’en voyais qu’un à la fois ! Dès qu’ils sont plus de deux, c’est insupportable ! Même avec les enfants, la parole du grand Georges se vérifie : le pluriel ne vaut rien à l’homme. Les enseignants ne doivent pas rigoler tous les jours… Ah mais d’accord, je comprends : si on impose aux usagers des transports en commun la présence de ces petits démons, c’est pour permettre aux profs de se venger en faisant subir aux individus lambda ce qu’ils endurent à longueur de journée ! Une sorte de compensation morale pour ne pas avoir à leur accorder d’augmentation de salaire, en somme… Au moins ma lassitude morale est-elle socialement utile.