Si l'armée est surnommée " la grande muette ", l'éducation nationale devrait être dénommée " la grande silencieuse "... Pas un bruit, pas un son, toute vie est éteinte. Mais on entend parfois, comme une morne plainte etc...
Que ce soit les chefs d'établissements, les enseignants, les surveillants, les administratifs, tout ce monde vit dans une atmosphère d'omerta feutré, de non-dits soyeux ; Bien sûr, le rythme de la vie scolaire est ponctué de nombreuses réunions, où bien souvent il n'en sort pas grand-chose, il n'est pas question de se plaindre, sinon, se mettre en maladie, ou donner sa démission, quant aux personnelsnon-titulaires,lesremplaçants,les contractuels, et bien, c'est du marche ou crève : non est exitum
Lors d'entretiens professionnels, les supérieurs fixent des objectifs : la carrière dépendra de la capacité à les atteindre. Pour cela, aucun conflit ne doit venir entacher l'action, il ne faut avancer qu'en silence. S'il est demandé comme objectif l'amélioration du climat scolaire ? Pour cela, il suffit de réduire artificiellement le nombre de sanctions et de conseils de discipline dans l'établissement et ainsi, les affaires continueront as usual. Beaucoup de chefs minimisent les incidents et enterrent le maximum d'affaires, car cela ternit la réputation de l'institution. Plus il y a de vagues, plus l'image de la structure est entachée, les enfants des " familles biens " ne viendront plus s'inscrire ; quant à la carrière personnelle ? Cela est très mal vu et est un frein à gros patins.
. Bien souvent il est préférable d'enterrer l'affaire du fait que ce sont toujours les mêmes impliqués. Ce sera aussi, passer du temps à téléphoner aux parents pour la ième fois, rédiger un rapport au professeur principal, donner une punition, avec un travail qu'il faudra corriger et noter, et si cela va plus loin, en conseil de discipline ce sera encore du temps, de l'énergie ; donc, se taire, endurer ou craquer. Ceux qui lâchent, font que les élèves s'y habituent, et savent qu'ils pourront toujours s'en tirer et faire n'importe quoi... ( Pour les enseignants pas étonnant que plus tard le système fabrique des Cahuzac). Pour ceux qui poursuivent lors d'incidents, ceux là doivent rédiger un rapport très précis...Et tenter de retranscrire les insultes ou les violences d'un l'élève au mot à mot durant cet incident...A moins que cela ne relève de l'habitude, car, sinon, impossible, car si choquant d'être agressé verbalement et encore pire physiquement par un gamin haut comme trois pommes ; Un tel culot à de quoi en rester coi ! Au final, il y a alors le risque que ce témoignage tombe à l'eau si ce rapport n'est pas assez circonstancié, précis, détaillé....Il y aura aussi la confrontation entre le professeur et l'élève, qui donnera à l'enfant un sentiment de toute puissance car il concentrera l'attention d'un nombre d'adultes ; il sera la " star " dans la cour de récré, alors, qu'il suffirait d'appliquer la loi, à savoir : aucune insulte, aucune violence n'est tolérée et doit être puni séance tenante et de manière très ferme. Au bout du compte, l'enseignant peut être accusé de ne pas savoir tenir sa classe, d'être un mauvais pédagogue, de ne pas être à l'écoute, de ne pas savoir négocier, temporiser, de ne pas avoir de patience... Il est donc recommandé, mais c'est écrit nulle part de bien vouloir composer avec des actes, des mots, des insultes et parfois des violences et faire avec, tout en rasant les murs.
Au cas où il serait renvoyé de son école, un autre, lui-même renvoyé d'ailleurs viendrait le remplacer, parfois, au prix de tractations entre chef d'établissement...
Quant à l'enseignant ? Il devra subir les ricanements et ravaler sa fierté et subir un gamin de 12 ans ou 15 ans sans broncher. Des classes entières sont gâchées, des scolarités sont ruinées par quelques individus seulement là pour nuire à la vie commune.
Lors des conseils de classe, un langage très codifié décrit ces élèves comme " perturbateurs ", suit un blablabla d'une demie heure, puis vogue la galère, la galère vogue et silence sur le pont !
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,