(Sous-bock signé Placid)
+ Le "sous-bockisme" ou l'art de dessiner sur des sous-bocks, lancé par le bédéaste Lolmède au début du XXIe siècle, énième avatar de l'effort de certains artistes modernes pour désacraliser l'art (Magritte, Duchamp, Ben...).
Paradoxalement la désacralisation revêt parfois à son tour un caractère sacré, un peu comme certains pratiquent le doute avec une foi inébranlable.
+ Gilles Rochier lit "Ta mère la pute" dans "La BD à voix haute", websérie vidéo produite par "Lyon BD" (festival) et "Québec BD".
A partir de croquis et de témoignages recueillis dans les "quartiers" où il a grandi, G. Rochier les raconte avec une sincérité qui tranche singulièrement avec la dramaturgie médiatique.
+ Pierre Lungheretti (directeur de la Cité internationale de la Bande dessinée et de l'Image) a publié en janvier 2019 un rapport commandé par le ministère de la Culture sur l'état de la bande dessinée et ses acteurs.
Le rapport pointe du doigt le mercantilisme des producteurs de bande dessinées, annoncé et dénoncé par certains auteurs... il y a 40 ans déjà. C'est ce qui s'appelle enfoncer une porte ouverte. Plus nettement que ce rapport, il faut dire à ceux qui gobent le slogan de "l'ouverture culturelle" que la mode des mangas japonais découle entièrement de cette stratégie mercantile stupide que les éditeurs belges plus intelligents n'adoptèrent pas dans les années 60 face aux comics américains et à Disney.
Les auteurs et regroupements d'auteurs (impuissants) à qui le rapport donne la parole accusent plus franchement les éditeurs et les organisateurs de festivals d'avoir contribué à appauvrir les auteurs. On peut se demander pourquoi les auteurs de BD se sont laissé tondre aussi facilement, ou pourquoi ils se laissent berner par "l'artification" (sic) en cours de la BD, récupération qui ne profite qu'à quelques-uns, dont le lecteur lui aussi maltraité par ces stratégies éditoriales n'a cure ?
Les remèdes proposés par le rapporteur sont plus symboliques qu'efficaces ; parmi ces mesures on note la création d'un musée de la BD à Paris, à l'imitation de Bruxelles. Le nouveau ministre en réceptionnant le rapport a prononcé un joli discours, osant même parler de "nouvel âge d'or de la BD" ; entre les grandes phrases on devine que le mercantilisme ne risque pas de se heurter au ministère de la Culture. Il serait bien naïf d'espérer obtenir du ministère de la Culture ce que l'on n'obtient pas du ministère de l'Agriculture ou de l'Industrie.