Je pianote sur l'ordinateur pendant que son propriétaire parle au téléphone avec sa mère, sa soeur ou que sais-je. Je coupe la musique. Il ne parle russe qu'avec sa famille. J'aime, sa voix change quand il parle sa langue maternelle.
La phrase qui a fait ZING: "Toutes les femmes sont des saintes, sauf ma mère qui est une pute" François Truffaut
Depuis deux semaines, j'ai jeté mon dévolu sur de vieux cinémas. Dans des fauteuils rigides, qui craquent. A des heures indécentes. Nosferatu, Un dernier Tango à Paris. Dans certains cinémas, on met des mannequins au dernier rang, habillés en costumes d'époque... pour que le spectateur se sente moins seul. Et quelques nouveautés, ailleurs, Paranoid Park de Gus Van Sant. L'affiche sort du lot, j'aime les bandes découpées. Le film libère son propre langage, crée un rythme comme une respiration.
Et sur l'invitation d'un ami du bout du monde, j'ai mis le bout de mon nez sur Facebook. Il y a dix jours, j'ignorais à peu près tout de ce bidule et je savais mon ennui chronique vis-à-vis de Msn, Myspace et tutti quanti. Mais quelque chose s'est produit, quelque chose d'irréel, d'irréalisable j'en étais persuadée. Je m'étais abandonnée à l'idée que je ne retrouverais jamais les visages qui pullulaient quand je devais être haute comme ... six pommes. Ils sont tous là. Et bien d'autres. Dispersés géographiquement, mais le lien est renoué. Je n'arrive pas y croire.Peut-être que j'avais commencé ce blog pour ça. Peut-être pas. Je me sens moins démembrée.
Il faut que je retrouve la dernière personne. Il faudra que j'aille sur place, que je parte quelque temps.
Hier m'a étonnée. J'avais fini très tôt, j'avais amplement le temps de vagabonder, de jouer à me perdre. Puis j'ai retrouvé des endroits familiers. Un photographe magique et une photo chinée dans ses archives, une photo qui m'entête. Dans un pays où je n'ai pas posé un pied, du mouvement, un regard à la dérobée. Et plongée dans ma fixation sur cette photo, j'oubliais le temps, mon rendez-vous aussi. Arrivée au théâtre un peu désorientée, je savoure de me retrouver devant la scène, ça faisait longtemps que je n'avais plus assisté à une pièce. Le metteur en scène est talentueux et, ce qui ne gâche rien, charmant. Je suis ses pièces, de près mais surtout de loin, depuis des années. Avant je n'osais pas lui parler quand on dînait à la même table et j'étais terriblement mal quand on cherchait à lui présenter ce que je faisais, ce qui m'intéressait. Et puis j'étais une gamine. Hier, il m'a fait une proposition qui change tout.
Maciek KobielskiEt un défaut singulier me joue des tours. Sans le vouloir, en passant à côté d'une plaque d'immatriculation, j'enregistre le code, je la retiens cette fichue plaque. Et puis j'y pense plus, je vois tellement de voitures. Mais quand je retombe sur la même plaque, c'est déconcertant. Je me souviens où je l'ai croisée. Ça revient toujours, c'est ennuyeux comme dysfonctionnement. Dysfonctionnement "which is fucking weird honey" dixit un copain dans la confidence.
Phil Poynter