Ça sent le renfermé ici! Mais je n'avais qu'à passer par ici et me triturer les méninges pour tenter d'écrire quelque chose de présentable, oui c'est "confusant". Pourtant ce n'est pas par excès de fainéantise, ni en raison d'une escale impromptue dans une ville-mystère. Cours et salles obscures, mon unique métro-boulot-dodo. Je ne me plains évidément pas. Ni rassasiée de films ni effrayée par les congénères de ma section et last but not least pas déçue par ces spécialistes un brin rachitiques qui se font appeler prof. Un état d'Eden qui pourrait sembler suspect. Je vais choper le cancer de la prostate...
L'inconnu gothique au yeux bleusEt la Tour de Babel s'étoffe... Ce matin, en essayant de saisir toute la subtilité de documentaires muets des années 20, j'étais joyeusement entourée d'un Vénitien râleur ("Il manque de tout à Venise"), d'une luciole indienne, d'un Mexicain complètement dépaysé. Tout ce brouha-ha de trajectoires me plaît, rien ne se ressemble. Je m'en sors bien: un seul spécimen lyophilisé à déclarer parmi ces têtes hirsutes. J'en suis encore incrédule. Aux intercours, on jacasse, on refait le monde, le cinéma, j'apprends bien plus qu'auparavant. Un jour, quand je me sentirai d'humeur révolutionnaire, je ferai un article intitulé "Sciences Po pour les nuls". Ça va, c'est assez racoleur comme titre...?
Et puis quand la réalité égale la fiction... Un éphèbe nonchalant, mêlant tous les jours la panoplie complète du costume strict ET des baskets trouées, s'est révélé être la copie du personnage principal d'American Psychode Brett Easton Ellis, ce très cher Bateman. Point de pulsion à l'ouverture saignante d'abdomen, ni au trucide collectif, non. C'est encore mieux. Un mélange de je-m'en-foutisme aigu, une propension évidente à la bouteille, un clope au bec en guise d'accessoire de mode, un discours désabusé, ... Et une obsession pour sa santé: une pomme par jour, que du bio, du light, des séances pluri-hebdomadaires de fitness, des pilules "qui font du bien à l'intérieur et ça se voit à l'extérieur". Je le soupçonne de piocher ses petits doigts dans les horreurs puantes made in"Parce que je vaux bien". Des crèmes anti-âge sans aucun doute. Curieux phénomène, oscillant entre conformisme et angoisses existentielles, entre détachement profond et consumérisme. Mais il a assez d'auto-dérision pour être fréquentable... voire de bonne compagnie. Et puis les vices étranges des autres, c'est fascinant. Je ne vais pas le mettre dans un bocal, je suis contre les expérimentations de ce genre. Je vais me contenter de l'observer évoluer dans son milieu naturel: entre alcool à gogo et vitamines en gélules tous les matins. Entre le coca light et sa manie des pilules monstrueusement saines, j'éspère qu'il se drogue. Avec des trucs qui liquifient le cerveau tant qu'à faire, mais n'altérent pas son épiderme bien entendu.Et tant qu'à faire, autant en profiter pour parler des affres et des surprises du box-office... Je fais une réaction épidermique à presque tous les films français (c'est un fait) et là, en l'espace de trois jours, le hasard a voulu que je découvre et récompense MON nanar de l'année... et que je sois stupéfaite par un autre film... Un peu d'ordre, de méthode, ceci est mon blog je peux donc m'inventer modèle de cohérence et de clarté...
Alors, je suis fière d'annoncer que j'ai découvert la pépite qui manquait à mon arsenal anti-cinéma français:
L'Invité, réalisé par Laurent Bouhnik, avec Daniel Auteuil, Valérie Lemercier et Thierry Lhermitte. Par où commencer tant le sujet est inépuisable? Le dialoguiste a dû se barrer, ça c'est incontestable, c'était donc une comédie absolument dénuée d'humour. Mauvais point. Mais encore, ça peut arriver. Les acteurs se foutent de nous (ah ouais les spectateurs...?), j'ai rarement vu un jeu aussi mauvais (à part Orlando Bloom, mais lui c'est un concept). Une bande-son atrooooooce, empilant les clichés sans une once de second degré. Les plans très planplan, dont plusieurs plans fixes sur une bestiole rouge dans un bocal qui tournait consciencieusement en rond (comme le réalisateur). Au bout de trois minutes de dialogues, j'avais envie de prendre mes cliques et mes claques... mais les comparses étaient crispés sur leur siège, avec des espoirs déplacés. Pendant tout le film, j'ai été obligée de me demander comment un film comme ça pouvait être distribué (dans les maillons de la chaîne, personne n'a eu l'idée de lacérer les bobines?). Moralité: il n'y a pas de personnes charitables dans la chaîne de production du cinéma français.Tandis que j'entendais autour de moi, la même critique sur 99 Francs, encore et encore, j'ai eu envie de me faire mon opinion. Allez, un navet de plus et je dis NIET aux films français. C'est bon l'esprit de contradiction, ça m'a forcé à aller me plonger dans un film qui ne m'intéressait pas. Et là... Chapeau bas m'sieur Kounen! Rythme incroyable, humour
féroce, parfaite compréhension des codes de la publicité, décapitation en règle des personnages, explosion des dogmes scérosés du cinéma creux-prétentieux. J'ai pris une leçon de cinéma. Mais ça veut dire que je suis à nouveau en désaccord franc avec mes petits camarades... Un pugilat verbal en perspective.Aujourd'hui, pendant je monologuais sur le caractère non-judicieux du mélange pluie torrentielle -T-Shirt clair-soutif noir, je vis passer deux couples. Du 2x2. Assortiment intégral, on n'était pas floué sur la marchandise. Un couple de cachets d'aspirine, symétriquement troublants, habillés chez le même fournisseur d'attrappes-mites. Quelques mètres plus loin, un couple de noirs, idem. J'aurais voulu brouiller les pistes, inverser les amants, mettre le bordel là-dedans, dans ces projets d'hypothèques, de dîner du dimanche après-midi chez belle-maman. Les rendre moins dramatiquement assortis. Ce n'était pas l'un et sa moitié, mais l'un et son parfait sosie. Ça doit être follement excitant.