Rentrée, sextuple cheese-burger et lancer de morts-vivants

Publié le 14 juillet 2008 par Tiramisublue

Voilà ça fait une semaine que je suis à nouveau dans le bain bouillonnant des études... Les cours ont à peine repris mais je m'étonne déjà de l'ambiance qui semble régner dans les rangs. En fait, je me régale: des dizaines de têtes décoiffées, des parcours atypiques et surtout des accents, des noms étranges, des pays où je n'ai jamais posé un pied. On forme une drôle de tour de Babel et ça je ne m'y attendais pas du tout.

Henry Horenstein

J'ai rencontré un dessinateur de bandes dessinées, venu se perfectionner dans le scénario, un Roumain révolutionnaire cynique, un Hollandais épicé, un mono-maniaque de Kubrick et mes profs ont un délicieux air de momie savante. Des profs un rien snob, mais par principe j'aime ceux avec qui je ne vais pas être d'accord, ils ont donc le profil idéal.

Ce fut aussi une semaine de grand désoeuvrement gastronomique: cantonnée à un bouillon insipide pour contrer les naïfs virus qui croyaient s'installer, je fantasmais littéralement sur un sextuple cheese-burger. Finalement j'ai troqué mon délire culinaire contre une trouvaille de taille: un libraire faisait table rase de sa boîte à malices et c'est essoufflée mais vaillante que j'ai ramené plus de cadres d'Enki Bilal que ma chambre pouvait décemment en contenir. C'était la décence ou Bilal, et c'est le dessinateur barré qui a gagné. Le peu d'ordre qui subsistait dans ma chambre est définitivement une histoire ancienne, encore plus de cadres jonchent le sol, certains ont trouvé asile en étant suspendus sur mes tiroirs. Je voue un culte kabbalistique au bordel.

Décidée à conquérir de nouveaux territoires, j'ai pris un feutre et j'ai dessiné un visage sur le rideau de douche.

Bilal griffonne, Bilal gribouille

Et puis ce fut aussi un grand moment de questionnement ou, comme le dit un copain scandaleux, de "doutage". Voilà le noeud existentiel du problème: pourquoi les filles ne fréquentent-elles que des spermatozoïdes lymphatiques?

Au rayon pépites verbales, un petit garnement m'a raconté sa technique d'approche envers les filles de sa classe: comment fait-il pour appâter les demoiselles de six ans avec leurs tresses bien nettes...? "Je crache sur mes amoureuses". Euh n'aurais-je pas dû réprimer un sourire gargantuesque? Ah il s'agit de rétablir l'honneur bafoué des filles... je lui cracherai dessus la prochaine fois.

Et puis, ce fut épique d'échapper à un mariage sexy comme un enterrement, les mariés étant le versant humain des répulsifs à insectes. Bon sang, il ne manquait que le linceul et c'était embarqué dans une petite boîte. Ça va donc procréer. Ça me fait penser à ce film de zombies que je n'ai toujours pas été voir... "28 semaines plus tard". Oui mais au cinéma, happy end oblige, il y a l'éradication in extremis des morts-vivants. Là les morts-vivants en ont au moins pour cinq ans avant de penser au divorce. Ça laisse une marge conséquente.

Mais je suis labellisée "impolie, insoluble dans les fêtes". Mon honneur en prend un coup. D'autant que j'aurais pu trouver un bon parti blafard et aphasique, évidemment crapuleusement riche... J'y penserai la prochaine fois que des morts-vivants décideront d'unir leur fabuleux destin.

Décidée à diluer ma hantise des mariages-cercueils, je me suis amourachée d'une salle noire et j'ai avalé avec volupté "Caramel", film franco-libanais réalisé par Nadine Labaki. J'aurais pu dire: "J'ai vu Caramel et j'ai fondu", le coeur y était. Nimbée dans la délicieuse athmosphère du film, je me suis baladée, au hasard bien entendu, et une espèce de liseuse de bonne aventure a voulu me lire les lignes de la main. Argh... l'horreur! Pas de ça avec moi madame! Ma vie, mon destin et tutti quanti, c'est à moi et c'est pas gribouillé dans mes petites menottes. Ni une ni deux, je me barre.

Et si elle m'avait prédit le fameux bon-parti-blafard-et-aphasique? Non mais.