Voilà ça fait une semaine que je suis à nouveau dans le bain bouillonnant des études... Les cours ont à peine repris mais je m'étonne déjà de l'ambiance qui semble régner dans les rangs. En fait, je me régale: des dizaines de têtes décoiffées, des parcours atypiques et surtout des accents, des noms étranges, des pays où je n'ai jamais posé un pied. On forme une drôle de tour de Babel et ça je ne m'y attendais pas du tout.
J'ai rencontré un dessinateur de bandes dessinées, venu se perfectionner dans le scénario, un Roumain révolutionnaire cynique, un Hollandais épicé, un mono-maniaque de Kubrick et mes profs ont un délicieux air de momie savante. Des profs un rien snob, mais par principe j'aime ceux avec qui je ne vais pas être d'accord, ils ont donc le profil idéal.
Décidée à conquérir de nouveaux territoires, j'ai pris un feutre et j'ai dessiné un visage sur le rideau de douche.
Et puis ce fut aussi un grand moment de questionnement ou, comme le dit un copain scandaleux, de "doutage". Voilà le noeud existentiel du problème: pourquoi les filles ne fréquentent-elles que des spermatozoïdes lymphatiques?
Et puis, ce fut épique d'échapper à un mariage sexy comme un enterrement, les mariés étant le versant humain des répulsifs à insectes. Bon sang, il ne manquait que le linceul et c'était embarqué dans une petite boîte. Ça va donc procréer. Ça me fait penser à ce film de zombies que je n'ai toujours pas été voir... "28 semaines plus tard". Oui mais au cinéma, happy end oblige, il y a l'éradication in extremis des morts-vivants. Là les morts-vivants en ont au moins pour cinq ans avant de penser au divorce. Ça laisse une marge conséquente.
Mais je suis labellisée "impolie, insoluble dans les fêtes". Mon honneur en prend un coup. D'autant que j'aurais pu trouver un bon parti blafard et aphasique, évidemment crapuleusement riche... J'y penserai la prochaine fois que des morts-vivants décideront d'unir leur fabuleux destin.
Décidée à diluer ma hantise des mariages-cercueils, je me suis amourachée d'une salle noire et j'ai avalé avec volupté "Caramel", film franco-libanais réalisé par Nadine Labaki. J'aurais pu dire: "J'ai vu Caramel et j'ai fondu", le coeur y était. Nimbée dans la délicieuse athmosphère du film, je me suis baladée, au hasard bien entendu, et une espèce de liseuse de bonne aventure a voulu me lire les lignes de la main. Argh... l'horreur! Pas de ça avec moi madame! Ma vie, mon destin et tutti quanti, c'est à moi et c'est pas gribouillé dans mes petites menottes. Ni une ni deux, je me barre.
Et si elle m'avait prédit le fameux bon-parti-blafard-et-aphasique? Non mais.