Quand un pouvoir politique est aux abois, quand il est à la dérive, la dernière issue qu'il lui reste, c'est de jeter un os à ronger à la foule en colère. + Article 223-6 du code pénal
Supprimer l'ENA, une mauvaise idée
Par Maxime Tandonnet
Rien n'est plus normal, plus classique.
Quand un pouvoir politique est aux abois, quand il est à la dérive, la dernière issue qu'il lui reste, c'est de jeter un os à ronger à la foule en colère. Le naufrage dans la démagogie est le signe d'un régime en perdition qui n'a plus qu'une seule obsession, se maintenir à tout prix.
Quand la vanité, obsessionnelle, maladive, obscène, au plus profond du néant, écrase toute notion de bien commun, il reste la démagogie, les vieilles ficelles destinées à satisfaire l'instinct de foule. Annoncer la suppression de l'ENA, surtout dans ces conditions, est un réflexe de la pire espèce.
Et qui mettre à la place des quelque 4000 anciens élèves de l'ENA qui ont passé un concours extrêmement sélectif, à un poste pour 200 ou 300 candidats, déjà issus des meilleures formations (dont des agrégés d'histoire, de lettres, de philosophie, des X, des ingénieurs, des HEC et autres écoles de commerce, des sc po, des docteurs en droit, etc), pour lequel ils ont trimé pendant des années, sacrifié plusieurs années de leur jeunesse dans l'espoir de devenir préfets ou ambassadeurs?
Les remplacer par qui, par quoi? Des militants de LREM ou du FN? Nos brillants lettrés de l'UNEF cette pépinière de la gauche française depuis 30 ans qui n'attend que cela? Les enfants, les neveux, les amants ou les maîtresses des uns et des autres? Recaser les B......? T.....? G......? C'est déjà le cas pour une partie de la fonction publique ouverte aux nominations au tour extérieur! Le rêve de certains politiques a toujours été de briser l'ENA pour pouvoir caser sans limites leurs protégés et leurs serviteurs. Règne absolu et sans partage du népotisme, des lèche-culs, de la médiocrité, des passe-droit, du clanisme politicien et du copinage: voilà ce que recèle le projet de supprimer l'ENA.
Il n'est plus question de traiter des vrais problèmes de la France, la crise de l'école et de l'Education nationale, l'effarant niveau des prélèvements obligatoires, la dette publique égale à 100% du PIB, l'explosion de la violence et de la délinquance, la désindustrialisation, les 2 millions de jeunes sans formation ni emploi abandonnés au désœuvrement, le chômage qui touche 5 millions de personnes, les problèmes de pouvoir d'achat, les 8 millions de pauvres, le désastre des banlieues, de l'exclusion, du communautarisme. Alors, comment recouvrir la déliquescence d'une nation, sa fragmentation et le renoncement de ses dirigeants, par lâcheté et aveuglement? Il suffit d'annoncer une mesure symbolique, explosive, pour couvrir tous les désastres, l'impuissance et l'absence de gouvernement, dans une belle polémique: supprimer l'ENA. Et qui peut croire une demi-seconde, que la suppression de l'ENA apporte la moindre solution à la débâcle française?
Le vrai scandale tient à la cosanguinité entre une infime partie de la haute fonction publique et la classe politique, à l'image des 2 derniers occupants de l'Elysée. Pour cela, comme en Angleterre, il suffit d'obliger ceux qui s'engagent en politique à démissionner de la fonction publique. Tout le monde le sait mais personne n'a jamais eu le courage de le faire. Les individus qui ont utilisé l'ENA pour accomplir leur dessein politique et une fois parvenus à leurs fins, se retournent en crachant dans la soupe, sont une infime minorité à la source de l'image ambiguë de cette école: 1 ou 2%, pas plus.
Les autres sont des hauts fonctionnaires qui ont choisi le beau métier de serviteur de l'Etat et de leur pays et auraient pu multiplier leur rémunération par 2 ou 3 en allant dans le privé (constat de fait). Ils ont choisi la voie de l'épreuve intellectuelle du concours pour se donner un métier, préfet, ambassadeur, directeur d'administration centrale, plutôt que le jeu des réseaux claniques, familiaux et du copinage qui caractérise la plupart des autres filières de promotion sociale. Supprimer l'ENA, faire de cette Ecole le bouc émissaire des lâchetés, des renoncements, des fautes, de la bêtise et de la mégalomanie de quelques dirigeants politiques et de la déliquescence avancée d'une nation serait pire qu'un crime: une faute.
Maxime Tandonnet
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Article 223-6 du code pénal
Par Maxime Tandonnet
S'il me vient la faiblesse de raconter une anecdote, ce n'est sûrement pas pour parler de moi, mais en témoignage et au regard de ce qu'elle nous dit de la société et du monde actuel. Dimanche 14 avril, vers 17H15, le métro est bondé sur la ligne 8, Créteil, direction Balard. Quelques stations avant République (je ne sais plus exactement laquelle), un jeune homme d'une vingtaine d'années fait la manche et passe devant moi. A l'évidence alcoolisé mais il ne semble pas spécialement agressif. Classique. Le métro est coincé et ne redémarre pas. Soudain, des hurlements jaillissent de l'extérieur. Une voix d'homme appelle au secours. Je sors. Sur le quai, le garçon de tout à l'heure, le jeune mendiant, gît au sol. Six ou sept racailles, dont une fille, autour de lui le lynchent à coups de pied. Ils visent le visage et la tête. La bouche est en sang, le corps inerte, recroquevillé. Comme des requins rendus fous par l'odeur du sang, ils continuent à cogner à grands coups de pied, le ventre, le visage, la tête. Ce n'est absolument pas de la témérité ni même de l'audace. Je n'ai fait que me conformer à l'article 223-6 du code pénal sanctionnant la non assistance à personne en danger, quitte à détourner la fureur des tortionnaires contre moi. In fine, pour moi, plus de peur que de mal. Je ne me souviens plus précisément comment cela s'est terminé. Les tortionnaires se sont dispersés dans la masse et la victime, volatilisée. Mais que ce fut long! Pendant tout ce temps, on espère l'apparition d'une autorité, d'un uniforme. Rien, le vide, le néant, un vertigineux sentiment d'abandon et de solitude. Quant à la foule énorme, celle d'un métro bondé, 300, 400 personnes, elle voit, elle entend, elle regarde, passive, mais elle ne bouge pas. On le dit souvent, mais ce n'est pas un mythe: personne ne bouge, les gens sont pétrifiés par la peur et laissent faire. Et depuis, une question me trotte dans la tête: qu'est-ce qui est pire, la démence sanguinaire des bourreaux ou la lâcheté de la foule? Et tout cela, à l'image d'un pays qui s'effondre.Le 14 avril, au fait, c'était ma fête, la saint Maxime.
Maxime Tandonnet
Du même auteur : Violente poussée de l'idiotie d'en haut
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