Journalistes non-encartés, « écartés »

Publié le 24 avril 2019 par Georgezeter

Fait pas bon d'être journaliste sans être encarté : Stéphane Trouille etGaspard Glanz peuvent en témoigner :18 mois dont 1 an ferme pour le 1 er, ajouté à 3 ans d'interdiction de manifester et pour le second : interdiction de se trouver à Paris tous les samedi jusqu'à son procès en octobre prochain. Ne pas oublier non plus le photographe de presse qui a été placé en garde à vue Alexis Kraland. Et je m'en vais citer " le diable en personne " Alain Soral, lui-même condamné à 1 an ferme et son avocat à 5000 euros d'amende pour l'avoir défendu.

Il y a 35.000 journalistes encartés en France. Avec le sésame, ils peuvent avoir leurs entrées à l'Elysée, dans les réunions politiques, des stades, des spectacles et avoir droit aux 10% de défraiements sur leur feuille d'impôts et j'oublie certainement encore quelques petits avantages. Mais, selon la loi, tout le monde peut se prétendre journaliste, témoigner, filmer, enregistrer sur la voie public et s'adresser à un public. Pourtant, lorsqu'un vidéaste dit non-professionnel s'approche, la première chose que la police demande est sa carte de presse, et si celle-ci n'est pas montrée et bien...C'est là que les ennuis commencent. ( exemple Vincent Lapierre)

Un système pernicieux, car, un " professionnel " employé ou pigiste dépend d'un organe media qui a reçu son agrément délivré par la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP), et cette " commission " c'est l'état... Comme en plus, ces agences sont subventionnées par encore l'état, ou détenue par des milliardaires qui bien souvent dépendent des marchés d'état...Bref, en l'état, l'état contrôle de bout en bout toute la chaine et donc, pas étonnant qu'aucunes voix discordantes viennent troubler la bonne marche des affaires... Les critères d'attribution de cette fameuse carte de presse sont sous la loi de 1935...Et donc, absolument pas adaptés à cette nouvelle manière d'informer venue d'Internet ; qui, de part sa configuration est difficilement contrôlable. Et ça, " ils " n'aiment pas du tout ! " Ils "...

Jusqu'à récemment, le monde des medias franco/français avait son épicentre à Paris : c'était l'entre-soi. Les potes journalistes se frottaient aux politiques qui eux même fraternisaient avec le business et la finance. Le bon vieux temps, où on se gardait pour la bonne bouche et les diners en ville des infos que " les autres " en dehors de la capitale ne connaissaient pas : la fille de Mitterrand Mazarine et bien d'autres secrets d'alcôves qu'on s'échangeaient gourmandement. Formés dans le même moule : Sciences Po Paris, HEC, ENA, et ainsi, ce petit monde bien organisé vivait en vase clos, se mariaient entre eux et donnait de l'info bien distillée à la masse inerte...Il y a 10 ans, cela commença à se lézarder et mettre à terre tout cet univers de certitude ; mais aucun media, de la presse écrite ne vit venir le tsunami. Les Giesbert, Duhamel, Barbier et tant d'autres de leur clonage, continuaient benoîtement à servir la soupe tandis qu'une génération de moins de 30 ans, blackboulait tous ces dinosaures de l'infos-fausse. Par qui sont-ils lus ou regardés de nos jours ? Des smocks perclus du bonnet, par des rombières d'Auteuil-Passy ou des en marche perclus de rhumatismes du cerveau.

Tous ces organes que je qualifierais d'officiel ou mainstreams, sont sur Internet, mais qui va prendre la peine d'ouvrir ces pages qui ne font que répercuter à l'infini des infos venues de l'AFP, agence totalement sous la coupe de l'état, dont le patron n'est qu'autre qu'un énarque de plus, le dénommé Fabrice Fries. Le point positif de tout cette manigance est l'émergence de ce qu'on appelle les journalistes indépendants ou d'investigations qui bien souvent après une longue enquête écrivent un livre. Pierre Péan, Denis Robert et Florence Aubenas restent mes héros, car, non content de révéler preuves à l'appuis toutes les dérives de notre belle société/droit d'expression, ils/elle ont eu droit à une volée de bois vert de la part de leurs " chers confrères "...Aucun soutient lorsque la " gross machine " tenta de les enterrer, en les attaquant le plus bas possible en dessous de la ceinture. Il y a aussi, les lanceurs d'alerte ; pour eux, souvent des gens bien paisibles qui, offusqués par les manigances de la société pour laquelle ils travaillent, dénoncent à haute voix ce qui doit être tu...S'en suit un tas de maux dont ils auront bien du mal de se dépêtrer. L'exemple le plus frappant est le cas Assange...Qui a fait les gros titres pendant 3 jours, suite à son arrestation à Londres, puis, son cas s'est évaporé des medias supposés informer. Reste seulement sur Internet des comités de soutien qui ont autant de pouvoir que le combat du pot de chambre contre le pot de fer.

Revenons à Stéphane Trouille et Gaspard Glanz

Stéphane, a été accusé de " violences physique sur le directeur de la police de la Drôme lors d'une manifestation des Gilets Jaunes. " Je ne vais pas revenir sur ce qui s'est passé, mais, ce qui n'a pas plaidé pour lui, est son documentaire sur la Guyane très critique sur le projet minier de la Montagne d'Or...Si cher aux désirs macroniens.

Quant à Gaspard, mis en garde à vue et accusé de " participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations ", qui à la base est un gros doigt d'honneur adressé à un CRS, car, ne comprenant pas pourquoi il avait été visé par un flash-ball , puis lorsqu'il protesta, fut insulté et poussé violemment .

Le même jour, Alexis Kraland, photojournaliste indépendant, mis en garde à vue, est accusé lui aussi de " participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations ", à croire, que c'est tout ce qui reste comme intitulé dans le stock des accusations fantaisistes de ce qui fut la loi et la justice : tout ce qui peut marcher le samedi devient " un groupement voulant dégrader et commettre des violences "...

Pour ces trois cas, qui masquent la foret de condamnés sans réelles preuves, qui ayant des casiers judiciaires vierges se sont vu suite une comparution immédiate, punis d'une peine de prison ferme. Quant on ne peut pas bâillonner, n'est-il pas pratique de rendre la justice aveugle ?

Lui, est un cas unique en France. Que l'on aime ou non ses prises de position sur sont site E.R, il n'empêche que nous sommes dans un pays de libre expression et condamner à un an de prison ferme un journaliste/écrivain, qui dans ce que j'ai lu, est cohérent dans ses analyses et donc, devrait avoir un droit de réponse à ceux qui l'accuse et qu'il ne soit pas boycotté par tous les médias. Nous devrions vivre dans une société où toute opinion a le droit d'être exprimée. Ce n'est absolument pas le cas, et donc, ses prises de parti restent confidentielles, cantonnées sur Internet, et donc, lus et relayés par ceux qui sont de la même sensibilité et déjà convaincus ; ce qui amène à une droitisation de notre monde. Au contraire, qu'il s'exprime en public et ainsi, il pourrait être poussé dans ses retranchements au lieu de ce monologue sur son canapé rouge ou d'aucun n'apporte la contradiction et où ses fans boivent ses paroles tel le messie. Vouloir faire taire la bête, n'est que l'acculer...Et ainsi, a toutes les raisons du monde de se débattre et mordre.

" C'était le tour d'horizon de " notre " petit monde, qui vit en plein déni : informer oui ! mais pas trop. Et comme disait le moustachu hilarant Groucho Marx : J e trouve que la télévision à la maison est très favorable à la culture. Chaque fois que quelqu'un l'allume chez moi, je vais dans la pièce d'à côté et je lis "