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Au XIXe s. : Une vie intellectuelle et mondaine...

Publié le 01 mai 2019 par Perceval
Au XIXe s. : Une vie intellectuelle et mondaine...

Pour se rendre compte que , dans le cours de ce XIXe siècle, le fil suivi – dans cette histoire - s'attache à un personnage ; je me permets de revenir sur quelques faits de l'histoire de Charles-Louis de Chateauneuf, né en 1816 à Limoges...

Au Collège Royal, son professeur de mathématiques, Monsieur Gouré, l'avait initié à ce qui pourrait être à la source d'immenses progrès, l'appréhension de l'infiniment petit, pour de grandioses calculs ...!!! M. Gouré nomme cela: les "Mathématiques transcendantes", c'est à dire le calcul différentiel et intégral...

Au XIXe s. : Une vie intellectuelle et mondaine...
Dandy sur un sofa

Charles-Louis fait partie de cette génération, aux prises avec la mélancolie propre à la Restauration. En 1832, il soutient la rébellion légitimiste, de la duchesse de Berry... Et à Paris, tout en préparant le concours d'entrée au concours de l'École polytechnique, il rejoint les errements des ''enfants du siècle; puis derrière Victor Hugo et les habitués du ''Cénacle'' , il découvre la fièvre romantique...

La route de Ch.-L. De Chateauneuf, est bordée d'étonnants personnages qui vont le conduire dans sa Quête : des femmes d'abord qui lui ouvrent des espaces du possible : la sensibilité, avec ce que l'on nomme à l'époque par ''les sentiments'' et un chemin de connaissance avec toujours les mathématiques ( Wronski, Sarrazin de Montferrier) et l'ésotérisme ( en opposition parfois à la doctrine catholique de ce XIXe siècle) avec A. Constant ( le futur Eliphas Lévi) et la résurgence templière …

Au XIXe s. : Une vie intellectuelle et mondaine...

Entre 1836 ( Ch. L. a 20ans) et 1848 ( 32ans ); Chales-Louis de Chateauneuf; tout en fréquentant les salons, et continuant ses recherches, s'est engagé dans une carrière scientifique qui aurait pu être édifiante s'il ne s'était pas ''dispersé''...

Son intérêt pour l'astronomie initiée par les cours public d’« astronomie populaire », qui remporte un immense succès, de François Arago (1786-1853)...

Charles-Louis – en suivant les méthodes mathématiques développées par Legendre - va travailler au sein d'équipes de l'observatoire de Paris... Un travail fastidieux, pas très valorisant; sur lequel il va peu s'investir, et lui permettre de pouvoir continuer ses propres recherches ...

Lors de rencontres plus mondaines, et aussi par intérêt pour l'art, Charles-Louis rencontre le fils d'Arago, Alfred Arago (1815-1892) peintre et l'un des plus joyeux compagnons du cénacle de la rue Grange-Batelière...

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Ses recherches, en Loge, lui permettent de croiser et même de se lier avec des personnalités comme Edgar Quinet (1803-1875), Augustin Thierry (1795-1856) ou le philosophe Victor Cousin (1792-1867), le peintre Horace Vernet (1789-1863); reconnus ...

Accompagné de Charles de L'Escalopier, conservateur de la Bibliothèque de l'Arsenal, et les ami(e)s de Madame d'A. qui tient un salon du faubourg Saint-Germain.. Ch.-L. De Chateauneuf ne délaisse rien de ce qui – de près ou de loin – s'attache à la connaissance du Graal...

Au XIXe s. : Une vie intellectuelle et mondaine...
L'idéal féminin romantique

Le vent nouveau, littéraire et scientifique, agite les proches et Madame d'A. ils ne craignent pas certaines excentricités ; ainsi elle attire autour d'elle quelques romantiques : Sainte-Beuve, Eugène Sue, Liszt, etc. et aussi des artistes de la Bohème...

Elle met à la mode la fiction de l’amour platonique ( l'amour courtois...) , qui accommode agréablement les plaisirs de la coquetterie avec les avantages de la vertu. Des étrangères viennent beaucoup chez elle, la comtesse Delphine Potocka, la baronne de Meyendorff, madame Apponyi …

La coquetterie et la galanterie y règnent dans les relations des deux sexes... En amour comme en amitié, les liens sont souples, légers et durables …

L'esprit de Charles-Louis était – depuis un certain temps déjà - occupé par une femme qu'il avait rencontré dans le salon de la duchesse d'A.... Mme J. est belle, fine ; et il la tient pour délicate, vertueuse ; et considère que son amour naissant est sans espoir, puisqu'elle est mariée.. ! Tout juste se convainc t-il de lui faire une cour digne d'un chevalier qui aime sa Dame d'un amour courtois...

Cette Dame, germanophile et dans la lignée de Madame de Staël, pratique la conversation en petit cercle d'intimes...

Et, également, dans un cadre beaucoup plus discret, voire secret, une sorte de société secrète comme l'on disait ; où hommes et femmes se réunissaient en ''cour d'amour'' sur des sujets littéraires, philosophiques et même théologiques...

On peut y croiser des femmes comme Cristina de Belgiojoso ( 1808-1871); ou, Olympe Audouard (1830-1890) qui fut interdite de présentation de conférences par le ministre de l'intérieur considérant que «  ces conférences ne sont qu'un prétexte pour un rassemblement de femmes surémancipées. Les théories de Mme Olympe Audouard sont subversives, dangereuses et immorales. »

Au XIXe s. : Une vie intellectuelle et mondaine...

Ces ''sociétés'' ou ''académies'' fonctionnent pour la plupart encore jusqu’à la fin du XIXe siècle, sur le modèle maçonnique, avec ses rituels stricts, et des valeurs qui s'appuient sur un déisme de plus en plus en rejet explicite de la « religion révélée », en particulier du catholicisme.

Cette pratique en ''sociétés'' n'est pas nouvelle... Je rappelle, l'Ordre des Fidèles d'Amour, était une société secrète de gens de lettres à laquelle appartenait Dante, et qui aimait se référer à la longue lignée des troubadours et trouvères...

La ''Société Angélique'' était un groupe d’écrivains et d’érudits formée autour de l’imprimeur éditeur Sebastian Gryphius, puis de Nicolas de Langes, à Lyon au milieu du XVIe siècle...

Plus anecdotique, et relevant d'une tradition qui remonte au XVIIIe siècle, l'Ordre de la Félicité, regroupait hommes et femmes, dans un cadre libertin ...

Au XIXe s. : Une vie intellectuelle et mondaine...

Il semble, selon les documents laissés par Ch.-L. De Chateauneuf, que la ''société'' ou ''l'académie'' qu'il évoque, se considère avec moins de sérieux dans la forme ; mais avec le réel intérêt pour tout ce qui aliment les passions des humains : l'amour, et les questions existentielles, bien sûr ; et ceci en marge de la société bourgeoise et religieuse de l'époque …

Je rappelle que Balzac lui-même créa une ''société secrète'' appelée '' Le Cheval Rouge'' … Voici ce qu'en dit Théophile Gautier : « L’association, qui comptait parmi ses membres, G. de C, L. G., L. D., J. S., Merle, qu’on appelait le beau Merle, nous et quelques autres qu’il est inutile de désigner, s’appelait le Cheval rouge. Lorsqu’il fallait concerter quelque projet, convenir de certaines démarches, Balzac, élu par acclamation grand maître de l’ordre, envoyait par un affidé à chaque cheval (c’était le nom argotique que prenaient les membres entre eux) une lettre dans laquelle était dessiné un petit cheval rouge avec ces mots ; «  Écurie, tel jour, tel endroit ; » le lieu changeait chaque fois, de peur d’éveiller la curiosité ou le soupçon. Dans le monde, quoique nous nous connussions tous et de longue main pour la plupart, nous devions éviter de nous parler ou ne nous aborder que froidement, pour écarter toute idée de connivence.

Après quatre ou cinq réunions, le Cheval rouge cessa d’exister, la plupart des chevaux n’avaient pas de quoi payer leur avoine à la mangeoire symbolique ; et l’association qui devait s’emparer de tout fut dissoute, parce que ses membres manquaient souvent de quinze francs, prix de l’écot.... »

A suivre ....


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