Croyez-le ou non, mais l’assistance l’a acclamée à son arrivée ; il fait dire qu’elle est toujours aussi belle : port altier, silhouette grâcieuse, elle a gardé ce physique à mi-chemin entre Gisèle Bündchen et François Mitterrand qui avait tant enthousiasmé les militants socialistes après sa victoire en Poitou-Charentes en 2004. Mais si on en croit ce qu’elle nous a raconté ce soir-là, être une femme trop belle peut être un handicap dans le milieu politique français où dominent encore les mâles blancs primaires (pour être poli).
Si vous lisez son livre, vous saurez dans quelles circonstances, alors qu’elle était députée des Deux-Sèvres, elle a été traitée de « vache folle » par un autre élu – il s’est trouvé un crétin dans la salle pour lui dire « maintenant, vous ruminez », il s’est fait huer, bien fait pour lui. Que dire d’Alain Duhamel qui, pour se justifier de ne pas l’avoir incluse dans sa liste des présidentiables, a osé dire « je ne m’intéresse pas aux histoires d’alcôves » ? Quant à ses « alliés » socialistes, ils ont été absolument abjects : alors même qu’ils se gargarisaient de beaux discours sur la parité, ils n’ont jamais accepté de la soutenir en 2007 et ont d’ailleurs préféré aller faire joujou avec Sarkozy à la première occasion. Le soir même du dépôt de sa candidature au Conseil constitutionnel, Michel Rocard lui-même (décidément, personne n’est parfait) était aller la trouver pour lui ordonner de se désister en sa faveur – l’anecdote a été corroborée par la veuve de l’ancien premier ministre… Malgré tout, elle s’est accrochée jusqu’au bout ; il faut donc lui laisser ça : elle est tenace.
Bref, à mon avis, Ségolène Royal mérite d’être caricaturée, comme n’importe quelle autre politicienne, mais certainement pas en gourdasse comme le font ses adversaires et les comiques couchés – c’est tellement facile, dans ce pays de talibans, de mettre les rieurs des son côté en traitant une femme plus bas que terre ! Je peux me tromper, mais je ne pense pas qu’elle mérite d’être haïe ou méprisée. Quoi qu’il en soit, je n’ai pas acheté son livre, mais je n’allais pas rater cette occasion de la dessiner sur le vif et de lui montrer le résultat : mon dessin semble l’avoir suffisamment enthousiasmée pour qu’elle le signe spontanément (je vous jure que je n’e l’ai pas demandé) entre deux livres que lui tendaient les chasseurs de dédicaces ; je ne pense pas qu’on puisse faire ça avec n’importe quel ancien ministre…
Mon dessin signé par Ségolène Royal.