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Madame J.

Publié le 05 mai 2019 par Perceval
Madame J.

Mme J. a profité de sa liberté, que lui donne un mari volage, pour parcourir l'Allemagne, mais aussi la Russie et la Pologne ...

Femme ravissante, blonde, le regard bleu plein de gaieté, aux manières simples et élégantes. Elle n’a pas froid aux yeux, c’est une femme libre. Elle est très liée à Marie d'Agoult (1805-1876). Elle est dit-on la maîtresse de Sainte-Beuve...

Alors qu'elle écrit à l'un de ses amants, pour lui évoquer des soucis d'argent ; on lui prêterait cette déclaration « Ce n'est pas mon mariage qui m'a gênée, mon mari n'a pas pris un sou de mon argent, il m'a même offert du sien mais comme il veut me ravoir je crains tout ce qui pourrait nous lier. C'est ce qu'on craint d'un mari, d'un maître. Ce n'est pas ce que je crains de toi, O mon amant, je te demanderais toute ta fortune sans craindre que tu ne me demandes, moi, à la fin »

Madame J.
Balzac-Massimilla Doni 1837

Ne serait-ce pas pour elle que Sainte-Beuve (1804-1869) entremêle agréablement, le latin, la philosophie et l'amour; et lui écrit quelques vers...?

Au lieu du frais chapeau, parure des bergères,

Au lieu d'un ruban bleu nouant vos cheveux blonds,

Vous voyez Hypatie, et la terre et les sphères,

Et vous courez aux plus grands noms.

Jamais de Charlemagne et de nos vieilles lois,

De certain Gondebaud, le Numa de nos bois,

Jamais du droit salique et du rang de la femme,

De cent, objets divers et de tous avec flamme,

Je ne me suis vu tant causer

Qu'auprès de vous, ce jour, lendemain du baiser !

Il est doux, quoi qu'on dise, avec celle qui charme,

D'échanger plus d'un mot, de croiser plus d'une arme,

De parler gloire et Grèce et Rome, et cœtera,

Pourvu qu'en tous propos la grâce insinuante

Mêle je ne sais quoi de Ninon souriante,

Que Dacier toujours ignora.

On écoute, on s'enflamme. A vous, sur toute chose,

La politique plaît, et pour vous plaire, on ose ;

Sur un fond de désir, je m'y sens animer ;

Pitt ou Thiers, peu importe, et ma verve est rapide...

Tout d'un coup, un regard humide

Avertit tendrement qu'il est temps de s'aimer.

Sainte-Beuve

Madame J.
Balzac- Dinah de la Baudraye - La Muse dép. 1837

A Paris, Mme J. s'est essayé au commerce des modes, sans réel succès; puis au roman, avec un récit qui traite fort mal le sexe fort, et qui fit scandale.

Elle est également connue pour ses récits de voyage et son intérêt pour le spiritisme.

Elle collaborera à la Revue cosmopolite...

Elle soutient, et aime chanter les chansons, aux idées libérales, de Béranger.

Mme J. s'intéresse à la plupart des " nouvelles " sciences en ce siècle bouillonnant : l'économie politique, l'anthropologie, l'astronomie et la philosophie. Elle lit en anglais, L'Origine des espèces de Charles Darwin (1859) , souhaite développer la philosophie populaire, et milite pour l'instruction des femmes...

Bien que tout ceci paraisse bien mondain; la fréquentation de cercles plus restreints, comme cette ''académie'' secrète, va permettre à Ch.-L de Chateauneuf de parfaire son chemin sur la quête du Graal …

Ces textes ci-dessus sont tirés, en particulier, des bio. De  : Hortense Allart ( et Sainte-Beuve) ; Olympe Audouard,

A suivre...

En notes, j'ai envie d'insister sur un ce féminisme romantique qui a pu s'imposer lors de ce XIXe siècle si misogyne …

Ariane Charton qui s’est spécialisée dans l’étude de l’époque romantique, l'a très bien décrit, avec :

- ''le Roman d'Hortense'' (2010) :

Madame J.

Hortense Allart (1801-1879), quitte son mari et en Italie, devient la dernière maîtresse de Chateaubriand... Puis à Londres, elle rencontre Henry Bulwer-Lytton avec qui elle vivra une histoire passionnelle, malgré des amours contingentes … Elle rencontrera Sainte-Beuve, puis se mariera en 1843, avec M. de Meritens dont elle se sépare bien vite... « c’était une femme fort galante. Intelligente d’ailleurs et très agréable ; très écriveuse aussi, et qui avait la rage d’être la maîtresse ou l’amie des hommes célèbres ». Jules Lemaître, critique.

et - '' Marie d'Agoult '' - grande aristocrate, mère de deux enfants qui s'éprend d'un musicien et quitte tout pour lui, et donc maîtresse de Franz Liszt – et selon les mots de A. Charton : « Marie d’Agoult représente un peu  pour Liszt la muse divine et elle, elle rêve une solitude à deux qui rendrait leur amour unique et divin. » ,

Madame J.

- Marie Dorval, la tragédienne la plus adulée du XIXe siècle, rencontre en 1829, Alfred de Vigny, le poète renommé...  Le poète installe sa muse dans un appartement de la rue Montaigne, où ils se retrouvent avec passion. Vigny est extrêmement jaloux, au point de faire suivre sa «vieille maîtresse» par l'inspecteur Vidocq lui-même, ne supportant pas sa liaison avec un poète plus jeune, Jules Sandeau. 

«Tout était passion chez elle, la maternité, l'art, l'amitié, le dévouement, l'indignation, l'aspiration religieuse ; et comme elle ne savait et ne voulait rien modérer, rien refouler, son existence était d'une plénitude effrayante, d'une agitation au-dessus des forces humaines...», écrit à propos de Marie Dorval son amie George Sand. Ariane Charton a établi l’édition de la correspondance entre Marie Dorval et Vigny intitulée Lettres pour lire au lit, correspondance amoureuse entre Marie Dorval et Alfred de Vigny (Mercure de France, Le Temps retrouvé, 2009)

Madame J.

Olympe Audouard (1832-1890), fut une « femme de lettres » comme elle se nommait, et un « bas-bleu » comme la pointait l'inamical Barbey d’Aurevilly... Une journaliste et une grande voyageuse... Elle fit de nombreuses conférences pour réclamer l’égalité complète pour les femmes, y compris le droit de voter et de se présenter aux élections.

Maîtresse d'Alexandre Dumas, Victor Hugo, dans ses carnets la soupçonne de concevoir pour les vieillards, pourvu qu'ils soient célèbres, d'étranges complaisances ... !


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