Revue de presse BD (318)

Publié le 16 mai 2019 par Zebralefanzine @zebralefanzine

+ Qui dit "Art" dit "Panthéon", c'est pourquoi beaucoup de critiques de BD proposent des anthologies. En réalité la critique de BD ressemble beaucoup plus au "Guide Michelin" qu'à la "Poétique" d'Aristote.

On peut s'amuser de voir chacun présenter son goût personnel comme la panacée universelle. A  l'occasion de la publication d'une épaisse biographie de l'auteur de "Krazy Kat", l'Américain Georges Herriman, Y. Frémion écrit : "Au Panthéon de la BD, difficile de trouver œuvre pouvant rivaliser pour la première place avec Krazy Kat. Un dessin à la fois minimaliste et graphiquement parfait, semblable à aucun autre, sans inspirateur apparent, fulgurant d′efficacité, un scénario minimal aussi, complètement récurrent, presque répétitif, mais hypnotique, une narration sans faille – le tout frisant la perfection absolue, et cela sur quelques décades magiques. (...)"

- "Sans inspirateur apparent" : le critère exclut de nombreux "maîtres" de la BD, à commencer par Hergé.

- Le "minimalisme", critère plus net, exclut Moebius, Bilal.

- Le caractère répétitif et hypnotique du scénario est peut-être plus typique de l'art des "cartoons" ou du "strip" que de la BD.

+ La critique est-elle victime d'un terrorisme intellectuel insidieux, d'origine commerciale et promotionnelle ? On peut le penser en écoutant ce critique-chroniqueur de la Radio GrandPapier (24 avril), qui ose juger négativement un album de BD -"La Trève, chérie"- publié par "L'Employé du Moi", éditeur soutenant la Radio GrandPapier... mais prend quand même beaucoup de pincettes.

Caricature par Piérick Dégomme.

+ Le mouvement des Gilets jaunes trouve peu d'échos dans le milieu des artistes en général et des auteurs de BD en particulier, pourtant échaudés depuis de nombreuses années ; mais la culture "française", dont beaucoup d'artistes sont tributaires, est effectivement produite surtout depuis Paris.

Le manifeste-pétition "Nous ne sommes pas dupes", du collectif "Yellow Submarine", est donc un manifeste de rattrapage, après de nombreuses fins de semaines de heurts entre des forces de police pléthoriques et des manifestants surtout venus de province, sous l'oeil des caméras et du monde entier, heurts qui ont sans doute sur la fiction de la France des Lumières & des Droits de l'Homme un effet d'usure.