Magazine Humeur

Découverte de la philosophie de Schelling

Publié le 22 mai 2019 par Perceval

La découverte grâce à Monsieur de Balzac, des théories de Swedenborg, semble autoriser Charles-Louis de Chateauneuf, à imaginer le monde du Graal, et de la Légende arthurienne, comme un ensemble d'arcanes et de correspondances avec le monde naturel … Cet univers serait-il parallèle au notre, comme peuvent l'être d'autres univers mythologiques … ?

Découverte de la philosophie de Schelling Mme Félix Ravaisson-Mollien

L'époque étant au rationalisme, comment donner raison à tout cela … ?

Avec Mme J., Charles-Louis de Chateauneuf partage ces discussions et les querelles philosophiques du moment avec un jeune couple Marie Françoise Aglaé et Félix Ravaisson, jeunes mariés et assidus de divers salons mondains...

Ami d'E. Quinet, Félix Ravaisson (1813-1900), est agrégé de philosophie, et inspecteur général des bibliothèques... Ses goûts sont éclectiques, et ce choix lui valut sans-doute sa place à l'université en philosophie ; il est passionné d'archéologie et les recherches du Graal de Ch.-L. l'interroge … Son oncle, qui l'a beaucoup marqué disait de lui à huit ans : « Félix est un Mathématicien complet, un antiquaire, un historien, tout enfin.. »

Découverte de la philosophie de Schelling

« M. Ravaisson aimait le monde. Tout jeu­ne, peu connu encore, il voyait, grâce à sa parenté avec l'ancien ministre Mollien, s'ouvrir devant lui bien des portes. Nous savons qu'il fréquenta chez la princesse Belgiojoso, où il dut rencontrer Mignet, Thiers, et surtout Alfred de Musset ; chez Mme Récamier, déjà âgée alors, mais gracieuse toujours, et groupant autour d'elle des hommes tels que Villemain, Ampère, Balzac, Lamartine : c'est dans le salon de Mme Récamier, sans doute, qu'il fit la con­naissance de Chateaubriand. Un contact fréquent avec tant d'hommes supérieurs devait agir sur l'intelligence comme un stimulant. » Bergson

Portrait de Jean Gaspard Félix Larcher Ravaisson-Mollien par Théodore Chassériau (1846)

Félix Ravaisson avait étudié le violon avec Alard, la peinture avec Broc, élève de David ; il peint, à plusieurs reprises il expose au Salon, sous le nom de Laché... Il admire Léonard de Vinci... Il pense que l'art ou la métaphysique ont la même intuition …

Découverte de la philosophie de Schelling
Eugene-Delacroix

D'abord disciple de M. Cousin qui règne sur la philosophie, il reste rebelle à l'autorité d'autrui ; il s'éloigne du maître, et de la chaire de philosophie … !

Le couple Ravaisson rejoint le cercle des admirateurs de madame de Staël ; germanophile il se dit élève de Schelling qu'il a rencontré en Allemagne …

Avec les conseils et les appuis d'E. Quinet, Ravaisson s'est rendu à Munich à la fin de 1839. Il a découvert dans les cours de Schelling « les éléments d’une philosophie libre et substantielle et, comme il l’appelle, véritablement positive », une philosophie nouvelle et prometteuse...

Ravaisson, admirateur de la philosophie allemande, félicite Schelling de l'avoir réorientée à partir « de la réalité vivante et de l’énergie spirituelle »

Pour nous, la nature est un spectacle, nous l'admirons de l'extérieur … Pourtant, dans la contemplation, nous reconnaissons un moment où « l’acte et la vision de l’acte ne font qu’un. ». Schelling dit qu'alors l'intuition intellectuelle est cette « faculté de voir l’universel dans le particulier, l’infini dans le fini.. » Schelling relève le contraste entre l’intuition, qui voit la continuité, et la réflexion, qui marque les césures...

Découverte de la philosophie de Schelling
Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling

Découvrons Schelling :

Alors que Kant différencie le ''moi connaissant'' et la nature ; puisque qu'il ne nous serait pas possible de connaître la nature ''en soi ''… Fr. W. Schelling (1775-1854) exprime que la nature n'est que l'expression de '' l'Esprit du monde'', elle est de l'esprit visible, un esprit qui ordonne et structure... Et cet esprit est à l’œuvre dans la conscience de l'homme...

Charles-Louis, en écoutant exposer Revaisson, se disait alors qu'en entrant à l'intérieur de soi-même l'homme pourrait ressentir le mystère du monde … Et, cela semblait vibrer avec le mystère du Graal ...

De plus, toutes ces légendes que nous affectionnons – sans nous expliquer pourquoi elles nous fascinent – imagent l'âme d'un peuple... C'est '' l'esprit du monde '' qui est présent, dans la mythe, dans l'art, dans la nature …

Pour Schelling, le monde est « en Dieu » ; pour Hegel (1770-1831) '' l'esprit du monde '' est la somme des manifestations humaines ; seul l'homme a un esprit, et cet esprit du monde progresse à travers l'histoire...

Intéressant de voir que Schelling a pris la suite de Hegel à l'université de Berlin... Et, en 1841, voir Kierkegaard (1813- et Karl Marx, ensemble, suivre les cours de Schelling … ! Même si Marx, lui, se dit que « les philosophes se bornent à interpréter le monde alors qu'il s'agit de le transformer. »

Découverte de la philosophie de Schelling
William Blake - The Ancient of Days

Revenons aux idées de Schelling, mises en notes par Ch.-L. de Chateauneuf, enthousiasmé :

Au commencement … était «  l'Un originel », la pure indifférenciation … Il n'existe pas encore de séparation entre Dieu et ''le Monde'', la nécessité et la liberté, le conscient et l'ombre, le sujet et l'objet, ici et là, avant et après …

Ensuite... La nature est empreinte d'une volonté originelle de différenciation... Y a t-il '' quelque chose qui veut ?... C'est vrai que... Hegel se moque … « Cet ''Originel '' serait « la nuit où tous les chats sont gris, un manque de connaissance et une grande naïveté... »

Schelling tente d'expliquer que cet ''Un originel'' ne peut être objet de la pensée, avant précisément qu'il existe de la différenciation .. 

L'art est l'« organon de la vérité » : en se reconnaissant dans l’œuvre, l'homme accède à sa subjectivité, sa conscience de soi et sa liberté.

Questions : Alors que dans l'univers tout a sa raison d'être, comment le mal peut-il exister ? Et quand tout dépend de tout et que chaque être et chaque fait sont liés aux autres, comme le veut chaque système, comment peut-il être question de liberté ?

Les Mythes :

Découverte de la philosophie de Schelling
par Carola-Eleonore Thiele

Pour Schelling, le mythe n'est pas le résultat de l'imagination de l'homme, c'est au contraire la conscience de l'homme qui est le résultat des mythes. Les mythes ne sont ni des vérités cachées, encore moins des allégories ou des métaphores.

Les mythes sont des tautégories: ils ne disent rien d'autre que ce qu’ils disent. La question n'est pas de savoir s'ils sont vrais ou faux. Ils existent et ne signifient que ce qu'ils sont. « Pour elle, les dieux sont des êtres qui existent réellement, qui ne sont rien d’autre, ne signifient rien d’autre, mais signifient seulement ce qu’ils sont. »

Il faut reconnaître au mythe la capacité de véhiculer une vérité qui lui est propre, c'est à dire encore – pour être bien compris – « tout dans le mythe doit être compris comme il l'énonce, , et non pas comme si une chose était pensée, une autre dite. » Schelling... Malheureusement... - si l'on peut dire - nous ne croyons plus aux dieux … !

Et '' en même temps '' Le mythe est à la fois porteur d’un sens, d’une « vérité » plus ou moins haute, et investi d’une fonction sociale qui en double l’importance.


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine