Delfine Guy, tirage de tête de La Grande Papillon
EXPÉDIÉE DANS L’ARCTIQUE
Après avoir longtemps couru dans la neige
j’étais devenue transparente
Les luges tatouaient sur mon dos
d’amples fleurs noires
et je m’étalais comme un habit fantôme
accueillant dans mes manches
multitude d’enfants
ils n’étaient pas miens
riaient d’une grimace de glace
et tétaient l’absence
par mes fibres inodores
Le paradoxe de l’ourse polaire
s’est maintenu au chaud
mon pelage est une planète vierge
L’océan pourtant prisonnier
me fait don de clefs robustes
ce sont mes crocs
ils luisent tout autour de ma langue
tandis que je m’éveille
du plus long des hivers
et que je souris à l’homme au sexe dressé
Mes deux seins bombés tournent en lune et soleil
Delfine Guy, La Grande Papillon, Poèmes & dessins, éditions Al Manar, Collection Poésie, 2019, pp. 34-35.
DELFINE GUY
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site de la revue Décharge) une lecture de La Grande Papillon par Jacques Morin
→ (sur le site des éditions Al Manar) la fiche de l’éditeur sur La Grande Papillon
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