Magazine Journal intime
propos ascétiques XXVII
Publié le 15 juillet 2008 par Moinillon
Il
appartient à très peu de gens de connaître avec exactitude leurs propres chutes
: c'est le fait de ceux dont l'esprit ne se laisse jamais détourner du souvenir
de Dieu. De même que les yeux de notre corps, lorsqu'ils sont en bonne santé,
peuvent tout distinguer, jusqu'aux moucherons ou aux moustiques voltigeant dans
les airs, mais lorsqu'ils sont voilés par des sanies ou des humeurs,
même s'il se présente un objet de grande dimension, ils n'en ont qu'une vision
très floue et ne perçoivent pas les petits objets avec le sens de la vue ; de
même en va-t-il pour l'âme : si, grâce à l'attention, elle est parvenue à
atténuer l'infirmité causée par l'amour du monde, elle considère comme graves
ses moindres chutes, et sans cesse elle offre à Dieu larmes sur larmes, dans
une grande action de grâces.