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KEN AVO
(extrait)
Ma motocyclette avait de ces ruades
Comme parfois en ont les choses
Elles éclairent violemment, crûment
Notre piste nerveuse
Le disque tourne fou
Et se raye ça fait mal
C’est un peu comme si j’allais mourir
Toute une vie d’entre mes vies
Défilait à toute vitesse
Sur le réseau de mon angoisse
Je n’avais plus peur de tomber
Quelqu’un était en train de mourir en moi
Quelque part, quelqu’un
Que j’avais détesté
Qui m’avait fait beaucoup souffrir
Mais que je ne voulais ni ne pouvais
En toute occasion, ne pas reconnaître
Être un homme est ambigu
Nul masque au monde ne m’en eût
Caché la froide présence
Quelqu’un qui était en train de me dire
Le pire, le cruel,
L’inacceptable.
Le réel,
C’est l’imagination relayée, vérifiée
Soulagée
Remplacée
Poète celui qui pactisant
Avec la mort
Oublie qu’il va mourir.
Georges Perros, « Ken Avo » (extrait), Poèmes bleus (Éditions Gallimard, 1962), Collection Poésie/Gallimard n° 545, 2019, pp. 24-25. Préface de Bernard Noël.
GEORGES PERROS
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■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions Gallimard) la fiche de l’éditeur sur Poèmes bleus de Georges Perros
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