[LIRE LES POÈMES]
103.
Lire les poèmes (on ne les lit plus guère).
104.
j’écris je pense à toi
quelque chose (comme le souvenir qui nous épuise)
fleurs (disait-elle) qui nous redonnent l’oubli j’étends mon linge au beau milieu j’étais une enfant une hirondelle dans l’église où j’avançais mon père mes frères et sœur ma mère (tombée du ciel dans sa cuisine)
il n’y a pas d’autre maison (disait-elle) que celle où tu n’es plus d’autre cœur à mon cœur je m’arrête (m’arrête) au reflet dans l’eau qui me hante car depuis toujours (disait-elle) depuis toujours j’étais là
les trottoirs les avenues les cinémas comme ils viennent (disait-il) ou le jardin (ensauvagé) la lumière du temps s’y dépose et vivre (disait-il) écrire plus encore m’en éloigne
la maison (disait-elle) je suis assis (disait-il) au fond du puits de ta maison (mais je ne comprends pas)
poèmes (disait-il) qui sont toujours un peu la même chose c’est l’arbre (disait-elle) qui brûle dans le froid de la froide saison
les jours (disait-il) sont-ils les mêmes de ma vie la tristesse (infatigable disait-elle) qui n’est pas toi qui n’est pas mienne (la tristesse de tous)
105.
(vers le calme fleuve des morts)
Éric Sautou, « septembre-décembre (2014) », 103, 104, 105, Les jours viendront, éditions Faï fioc, 54200 Boucq, 2019.
ÉRIC SAUTOU
Ph. Sébastien Solidon
Source
■ Éric Sautou
sur Terres de femmes ▼
→ À son défunt (lecture d’AP)
→ La vie éternelle, I (extrait d’Une infinie précaution)
→ [comme le héron je descends de ma fenêtre] (extrait des Vacances)
→ La Véranda (lecture d’AP)
→ [assise et seule assise] (extrait de La Véranda)
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Éric Sautou
→ (sur Terre à ciel) une page sur Éric Sautou
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