Basculement dans la médiocratie

Publié le 30 juin 2019 par Observatoiredumensonge

Sans doute, depuis 1870, la France n'a-t-elle jamais connu une telle régression.
Bonus : " Désolé Victor Hugo "

Basculement dans la médiocratie

Par Maxime Tandonnet

La tendance est à l'oeuvre depuis des décennies. Le déclin des enseignements de l'histoire, de la littérature, de la philosophie, des mathématiques remonte aux années 1980 et au triomphe du nivellement par le bas. Cependant, nous assistons en ce moment au paroxysme de cette évolution. Trois décisions récentes en témoignent: la réforme du bac, qui prendra la forme, pour l'essentiel, d'un contrôle continu suivi d'un grand oral; la suppression de l'Ecole nationale d'administration, dont tout l'intérêt reposait sur un concours sélectif fondé sur des épreuves écrites et orales (1 admis pour une centaine de candidats eux-mêmes issus des études, examens et concours les plus sélectifs); aujourd'hui, nous apprenons, par-dessus le marché, la suppression du concours d'entrée à Sciences Po. Or ne soyons pas hypocrite, le succès de cette école, depuis la IIIe République - elle s'appelait alors l'Ecole libre des Sciences politiques - tenait tout entier à la sélectivité de son concours d'entrée fondée notamment sur son épreuve écrite d'histoire. Par delà l'hypocrisie, la disparition de ce concours d'entrée signifie la fin de science po, dont il restera les murs, rue Saint Guillaume, l'histoire, mais qui achèvera de disparaître au sens d'une institution phare de sélection et de formation des cadres de la république.
Ces choix correspondent à une idéologie inquiétante. Les pseudo réformes, ou plutôt la quasi suppression du bac, de science po et de l'Ena ne sont qu'un début. Ensuite viendront l'ENS et l'X, bref, les grandes écoles de la République. Qu'il y a-t-il derrière cette logique? L'objectif est idéologique. Derrière l'égalitarisme ou le nivellement par le bas, le but est celui de l'asservissement de la nation. Ses cadres, privés ou publics, ne seront plus désignés par leur curiosité intellectuelle, leur talent, leur culture, leur travail, leur mérite personnel, leur intelligence en un mot, mais par choix arbitraire de ceux qui sont en place, par la cooptation. La suppression des épreuves écrites, un peu partout, marque la fin de l'anonymat. Il convient de faire disparaître le critère de la performance intellectuelle - signe de liberté de pensée, d'esprit critique - pour lui substituer un choix discrétionnaire - la " note de gueule " - fondé notamment sur des critères qui seront avant tout sociaux, voire idéologiques. L'idée sous-jacente à cette quasi disparition du principe du mérite indépendant, personnel est celle l'achèvement de l'esprit critique. Une logique d'embrigadement, de mise eu pas, de normalisation par la médiocratie est à l'oeuvre. La sélection s'effectuera sur un mélange cooptation, copinage, clanisme, relations familiales (dès lors que l'épreuve écrite ne permettra plus d'assurer l'anonymat), par le règne de l'argent roi - prime aux écoles privées - suivant des critères valorisant un conformisme toujours plus grand: il faudra bien penser et réciter sa leçon, conformément à l'idéologie dominante, pour avoir une chance d'être retenu. A cela s'ajoute le discrédit sur le " humanités ", l'histoire, la littérature, la philosophie, fondement de l'esprit critique, de la culture et de l'intelligence politique, dont le rôle dans la distinction des meilleurs sera rendu obsolète.
Sans doute, depuis 1870, la France n'a-t-elle jamais connu une telle régression.

Maxime Tandonnet

Ancien conseiller à la Présidence de la République sous Sarkozy, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...

Du même auteur : Violente poussée de l'idiotie d'en haut

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" Désolé Victor Hugo... "

Par Maxime Tandonnet

" Désolé Victor Hugo, mais aujourd'hui, la jeunesse t'emmerde ". M. Brighelli, dans l'interview ci-dessous, met le doigt sur une question qui, à mes yeux, prime sur toutes les autres: celle du déclin intellectuel. L'érudition et l'élitisme ne font pas partie de mes valeurs. En soi, n'avoir jamais lu Les Essais, les Mémoires d'Outre-tombe, ou A la recherche du temps perdu, ne pas situer dans le temps Adolphe Thiers, Mac Mahon ou Poincaré, tout cela n'a rien de honteux. Le niveau de connaissance, la culture générale ne font pas la valeur d'un individu. Mais en revanche, une tragédie de notre époque tient au recul apparent de la curiosité, l'envie d'apprendre et de comprendre. Il m'arrive de plus en plus souvent de croiser des jeunes gens issus des plus grandes et plus prestigieuses écoles parisiennes - suivez mon regard - qui me disent: l'histoire ne sert plus à rien et ne m'intéresse pas. Le savoir est une chose toute relative, dont l'absence est d'ailleurs provisoire. En revanche, l'envie de savoir comme le respect de la connaissance et de l'intelligence en sont deux autres, piliers de l'humaine condition. Quand la curiosité intellectuelle est en régression, l'amour des livres, des chefs d'oeuvre de la musique ou du cinéma, des bonnes émissions de TV ou de radio (si rares), c'est toute la civilisation qui vacille.

Maxime Tandonnet

FIGAROVOX.- "Désolé victor hugo mais aujourd'hui la jeunesse t'emmerde": ce tweet,parmi de nombreux autres relevés par Le Figaro Étudiant, témoigne de l'hostilité de nombreux bacheliers à l'égard des auteurs rencontrés au baccalauréat de français. Que répondriez-vous à ces jeunes irrévérencieux?
Jean-Paul BRIGHELLI.- Il y a une irrévérence féconde - lorsque les jeunes romantiques insultent les partisans des "classiques" à la première d'Hernani, ou lorsque les surréalistes vomissent sur les cendres encore chaudes d'Anatole France. Et puis il y a l'irrévérence de la bêtise satisfaite, de l'égo surdimensionné, du "moi-je" du petit qui se croit l'égal des géants qui l'ont précédé. Parce qu'on ne lui a pas appris la relativité de son existence et la nullité de son opinion par rapport aux "phares" (pour reprendre un mot cher à Hugo) qui ont fécondé l'humanité. Avoir fait croire à deux générations déjà (depuis le vote de la loi Jospin en juillet 1989, qui donne la liberté d'expression à tous les élèves et marque le début de l'apocalypse molle qui a englouti l'Éducation en France) que leur avis avait en soi une importance aussi grande que celle des vrais penseurs, des authentiques poètes, des créateurs de génie auxquels on se garde bien désormais de les confronter, voilà qui s'apparente à un crime.

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