J’étais cette roche
Qui s’accroche
Aux semelles
Que l’on retire
D’un trait de couteau
J’étais si petite
Tellement petite
J’étais ce grain de sable
Qu’on aime
Puis oublie aussi vite
J’étais ce rocher
Qu’on aime aménager
De fleurs d’orangé
Sur lequel on aime marcher
De la mer s’approcher
Sans se mouiller les pieds
Sur lequel il est facile de glisser
J’étais cette dune
Qui protège jusqu’à la lune
Mais qui bloque la vue
Vers l’inconnu
J’étais cette montagne
Qui offre la vie
Qu’on a coupé sans merci
Alors que je n’ai rien dit
J’étais cette province
Qui offrait une vie meilleure
Qui s’est fait taire
Par trop d’envie
J’étais ce pays
Qui a volé cette province
Qui étais jadis le pays
Pour la rendre sans vie
J’étais ce continent
Volé aux amérindiens
Ayant pour amis
Ces français d’outre-mer
J’étais cette planète
Donnée à l’Homme
Pour y vivre
Pour s’y construire
Je ne suis plus rien de connu
Je n’existe plus
L’Homme m’a tué
De m’avoir trop profité
Je suis une âme
Qui point ne meurt
Même si je pleure
L’Homme infâme
Je suis une âme
Qui point ne meure
Je suis faite d’espoir
Au-delà de la nuit noire
Je suis une âme
Qui croit en l’Homme
Même si cet Homme
A des pensées infâmes
Je suis une âme
Qui croit en l’Homme
Car j’ai déjà été cet Homme
Aux pensées infâmes