Ceux qui haïssent la nation s'en donnent à cœur joie.
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"Que sont les Français devenus?"
Par Ivan Rioufol
CHRONIQUE - La paupérisation, la déculturation, l'abêtissement expliquent l'effondrement des mœurs dans bien des familles, y compris bourgeoises.
Que reste-t-il de la galanterie, du respect de la femme, de ces marques d'un peuple éduqué? Que sont, cher Rutebeuf, les Français devenus? Depuis le début de l'année, 75 femmes ont été tuées par un mari, un amant, un ami. En riposte, le gouvernement va organiser, le 3 septembre, un "Grenelle des violences conjugales". Mais la décadence se lit aussi aux insultes qui pleuvent sur les femmes dans les rues, aux mains aux fesses dans le métro ou le bus, aux viols parfois. Samedi dernier, à Paris, 1500 personnes se sont retrouvées, place de la République, pour alerter sur cette régression. Toutefois, qu'attendent les femmes qui protestent pour parler clair? Celles-ci dénoncent un "féminicide", pour faire comprendre que les tuées l'auraient été parce que femmes. Dans "homicide", elles entendent "homme", au lieu d'"humain". Ces néoféministes imposent au meurtre un mobile - la haine de la femme par l'homme prédateur - qui exclut des sources plus complexes, sociales ou culturelles. Elles obscurcissent les causes.
La paupérisation, la déculturation, l'abêtissement expliquent l'effondrement des mœurs dans bien des familles, y compris bourgeoises. La banalisation de la drogue et de la pornographie contribue à l'ensauvagement des esprits faibles. Or le concept de "féminicide", non reconnu par le droit mais repris par Emmanuel Macron, ne permet pas de saisir ces situations sociales. Et les protestataires se gardent également de nommer la responsabilité de la culture islamique dans les atteintes sexistes. C'est pourtant cette idéologie virile qui asservit les femmes des cités. C'est le Coran qui avalise la polygamie, exige de l'épousée qu'elle soit vierge au mariage et de la femme qu'elle se soumette à son mari ("Elles [les femmes] sont votre champ de labour. Allez à votre champ comme vous l'entendez [...]".) C'est la sourate 4 verset 34 qui autorise l'homme à frapper son épouse: "Les hommes ont autorité sur les femmes (...). Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance (...) frappez-les (...)". Or les féministes baissent les yeux devant cet islam rétrograde.
"Ceux qui haïssent la nation s'en donnent à cœur joie"
Réduire la question des violences faites aux femmes à une lutte des sexes, comme le font les fausses rebelles et les militantes de la PMA pour toutes, est un procédé qui occulte les réalités. C'est pourtant cette dialectique conflictuelle que reprend la secrétaire d'État, Marlène Schiappa: son "Grenelle" se place dans la filiation des Accords de Grenelle de Mai 1968 entre les syndicats et le patronat. Le gouvernement espère-t-il obtenir un compromis homme-femme? L'hypothèse est absurde. Des activistes du "féminicide" cherchent en fait à dénaturer le couple homme-femme afin de promouvoir la vertueuse liaison homosexuelle. Les femmes ont raison de dénoncer les brutes, les crétins, les machistes. La justice doit être féroce avec ces frustrés. Mais elle doit aussi punir, par exemple, celles qui excisent les fillettes par tradition. Chaque cas est un cas particulier. Ce n'est pas l'homme, cette engeance selon les féministes, qui est coupable, forcément coupable.
Quand le chef de l'État tweete, samedi: "Monica, Pascale, Taïna, Séverine, Nadine, Guo, Micheline, Béatrice (...)" en égrenant les prénoms des récentes victimes, il ne précise pas ceux des agresseurs. Il serait intéressant de les connaître afin d'identifier l'éventuel impact de la "diversité" dans la hausse des violences. Lors des agressions sexuelles commises dans de grandes villes allemandes, au Nouvel An 2016, l'omerta sur le profil des jeunes Maghrébins avait été la première réponse des autorités. Le flou auquel Macron se prête rend possibles les généralisations sur les maltraitances contre les femmes, dont la société française serait le théâtre depuis toujours. Ceux qui haïssent la nation s'en donnent à cœur joie. Il ne s'agit pas de nier que des femmes ont pu subir, au fil de l'histoire, des affronts et des inégalités dont certaines persistent, notamment dans les salaires. Mais l'alerte lancée par les pouvoirs publics prouve l'aggravation spectaculaire des comportements agressifs dans une société désintégrée. Pour combattre ces fléaux, il faut les regarder en face.
Défendre la civilisation
"Mesdames, la République n'a pas su vous protéger", écrit le président en hommage aux femmes tuées. Les parents et les amis de Vincent Lambert, mort jeudi après l'ultime feu vert judiciaire pour arrêter toute alimentation, reprochent la même chose à l'État. C'est la civilisation française qui attend plus généralement d'être défendue de ses agresseurs. Nombreux sont ceux, déconstructeurs et relativistes, qui détestent la France pour ce qu'elle est. Ces prédateurs sont pourtant laissés en paix par la République. Toute la question est de savoir si le président, subjugué par la "France de demain", juge utile de protéger l'ancien monde. Il le méprise tant que le doute est permis.
La défiance entre le pouvoir et les citoyens ressemble à celle qui gagne des catholiques devant les attitudes déroutantes du pape François. Lundi, au Vatican, il a présidé une "messe pour les migrants", qualifiés de "symbole de tous les exclus de la société globalisée". Le Saint-Père est dans son rôle quand il promeut la charité. Il s'écarte de sa mission quand il s'oppose aux gouvernements qui veulent maîtriser l'immigration. Le Pape montre plus de compassion pour le tiers-monde que pour les Européens inquiets de la fragilité de leur civilisation. L'Église est devenue une super-ONG. Elle incite à l'expatriation des malheureux au lieu de les aider à rester chez eux. Claudel pestait contre les belles âmes qui dénaturent le christianisme: "L'Évangile c'est le sel, vous en avez fait du sucre!" François se comporte comme s'il avait tiré un trait sur la vieille Europe infertile. Voyez: il ne la défend pas.
Rugy et "la vraie vie"
La macronie a-t-elle pris conscience de l'exaspération des Français? Apparemment non. C'est Benjamin Griveaux, qui avait insulté les "gilets jaunes" ("Des gars qui fument des clopes et roulent au diesel"), qui a été adoubé par LREM, mercredi, pour concourir à la mairie de Paris. Quant à François de Rugy, il est épinglé pour avoir offert de somptueux dîners lorsqu'il présidait l'Assemblée nationale. Rugy explique qu'il voulait "rester connecté avec la vraie vie".
Non, ces gens-là n'ont rien compris.
Ivan Rioufol
éditorialiste au Figaro
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Ivan Rioufol pour Le Figaro
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