(Pour Anthony Nolan)
Voici venir le Grand Manou
sur son bel éléphant,
le pachyderme aux yeux très doux,
sage comme un enfant.
Il a l’air d’un Maharadjah,
au fringant uniforme,
tout fleuri de beaux falbalas
sous son crâne haut-de-forme.
Son ministre en bicorne blanc
tenant haut l’éventail
l’escorte pour son agrément :
c’est son job, son travail.
Car il fait chaud chez les Indiens:
c’est marqué dans les livres,
et quand le peuple indien se plaint,
suppliant qu’on délivre
les vents attachés aux nuées,
le Grand Manou l’entend,
et l’éléphant de ses deux ailes,
ventile les innocents.
En lisant le Mahrabata,
le Grand Manou s’inspire
des anciens avis avisés,
et l’Alizé respire,
et les Indiens tout requinqués
retrouvent le sourire.
Le Grand Manou en sa splendeur
est resté le très humble
et très fidèle serviteur
de celui qui a façonné
dans l’atelier dormant,
en fine pâte à modeler,
sans brevet déposé,
les éléphants et les enfants.