Je me suis lancée dans un test de ce que l'on appelle dorénavant et communément le vélotaf Le pitch : J'ai 54 ans, je suis bibliothécaire, précision importante car nos emplois du temps ne sont pas souvent compatibles avec les transports en commun et c'est bien dommage quand on a une gare à 5 minutes à pied de chez soi. Autre précision importante j'ai des enfants autonomes : plus de devoirs, de bains, d'histoire à raconter, le soir en arrivant. Personne à déposer à l'école ou à la crèche le matin... Et, je vais en faire rêver quelques unes : un compagnon qui fait à manger (oui oui je sais ;-)
Depuis toujours, j'adore faire du vélo au point de participer depuis quelques années à un périple Cyclobiblio. Au début, avec un simple vélo et puis avec un vélo à assistance électrique, car j'ai un problème :
JE DETESTE LES COTES !Peut être parce que normande d'origine, je suis convaincue que c'est la Normandie qui a inventé ce qu'on appelle le faux-plat !
Bref, j'ai commencé à louer un vélo à assistance électrique par dignité. Oui c'est nul, mais c'est comme ça, je ne supporte pas que l'on m'aide dans les côtes, que l'on me pousse, me traîne ou je ne sais quoi. J'ai d'ailleurs été confortée dans cette idée en assistant à une chute liée à un poussage.
Et puis, quand vous avez votre mec qui monte une première fois une côte et la redescend pour vous demander si ça va, sans même être essoufflé, et la remonte une troisième fois parce que dans un dernier souffle vous lui avez dit de vous ficher la paix, bien que vous soyez au bout de votre vie vous avez des envies de meurtre.
J'ai donc pris goût au VAE (vélo à assistance électrique). A celà, il faut ajouter le contexte : le réchauffement climatique, les bouchons rouennais insupportables, la difficulté à pratiquer une activité sportive régulière...
Alors j'ai commencé à me dire et si j'allais bosser à vélo ? Cela me trottait dans la tête mais je n'arrivais pas à trouver un trajet convenable et puis j'ai du faire de la reconnaissance pour un cyclobiblio "Le Havre-Rouen-Paris" et j'ai fini par trouver.
J'ai aussi des exemples d'une collègue qui fait quasiment le même trajet que moi, mais en sens inverse, un copain twitter qui est passé au VAE avec sa femme pour effectuer leur trajet quotidien.
J'ai commencé avec mon vieux vélo, un jour sur deux en prenant le train le matin, je faisais le retour à vélo. Cela le faisait, sauf que la durée du trajet c'est 1h30 et quand vous finissez à 18h...
Et quand votre compagnon (celui qui monte ces f$*ù^côtes sans être essouflé et qui fait à manger) commence à vous attendre dehors, et, à peine descendue de votre vélo, vous demande si vous voulez des pâtes ou des lentilles avec une certaine exaspération. Vous vous dites qu'il va falloir revoir l'objectif.
Il fallait donc que je diminue ce temps de trajet. Sans pour autant arriver essoufflée et en sueur à la bibliothèque. Très vite, j'en ai déduit qu'un VAE serait l'idéal (et même si j'avais dit que je passerais au VAE quand je serai à la retraite :-)
Sauf que les VAE, ça a un coût non négligeable, alors avant d'investir j'ai voulu tester mes capacités à tenir dans la durée. Au passage, en matière d'incitation à l'utilisation du vélo, il y a des progrès à faire : je n'ai trouvé aucun VAE à louer pendant un mois... Sauf chez Décathlon qui propose un #decatest pendant 7 jours gratuitement (ce billet est cependant non sponsorisé, même si, ce post sera suivi d'un autre sur le test du VELO ELECTRIQUE ELOPS 900 E CADRE BAS ROUGE B'TWIN
J'ai découvert ou re-découvert pendant ce test :
- la discrimination qui règne envers les VAE : les cyclistes pro, ceuw à maillot en lycra ne me disaient pas bonjour, maintenant avec le VAE... C'est pareil.
"Le VAE c'est pas un vélo" m'a répondu, un cycliste avec le sourire, sur les réseaux sociaux.
Je côtoie les automobilistes de très près, des fois de trop près. Je reste persuadée qu'ils ne se rendent pas compte du danger. Il y a un vrai travail d'éducation à faire, de part et d'autre. Hurler sur les gens parce que vous avez eu peur c'est un réflexe, mais malheureusement cela n'a aucun résultat, cela finit généralement par un "ta gueule connasse !" qui clôt la discussion. Pour les voitures, ce que j'ai toujours fait c'est essayer de capter le regard du conducteur afin de m'assurer qu'il m'a vue et de... sourire, tout de suite ça calme, ça apaise. Je remercie par un signe et des fois j'ai même envie de sauter au cou des automobilistes qui mettent leur clignotant et respecte la distance de sécurité en me doublant.
Les piétons : si un vélo vous sonne, ce n'est pas pour vous faire peur où vous eng... mais pour vous prévenir qu'il arrive. La plupart du temps vous ne l'entendez pas et c'est le moment que vous allez choisir pour bifurquer, ce qui est votre droit bien sur :-) Mais pour éviter le drame regarder autour de soi, avant, c'est bien aussi. Sur ces voies partagées ma grande hantise ce sont les enfants et les chiens totalement imprévisibles.
Les autres cyclistes : si je vous double avec mon VAE, n'y voyez aucun esprit revenchard, on n'est pas en compétition, enfin du moins pas moi.
Je suis désolée de l'arrogance ou du comportement de certains. Cela me rappelle Noirmoutier l'été où les cyclistes sont un fléau et provoquent, à juste titre, la colère des insulaires.
Et puis surtout cela permet les généralités : "oui mais les cyclistes..." (Vous pouvez compléter cette phrase avec cette grille Bingo repérée par l'association Rouen Sabine qui m'a été d'une grande aide dans la finalisation de mes parcours)
Pour effectuer ce test (44 km Aller/retour) il m'a fallu m'équiper :
La tenue :
Trop compliquer pour moi de pédaler en robe avec des jolies chaussures sur une aussi grande distance entre chemins et routes. (Oui je sais nos grand mères pédalaient en corset...)
Je le savais déjà, mais ça m'énerve toujours autant : quand vous cherchez une tenue c'est à pleurer. Les marques se sont contentées de fabriquer en rose des tenues inadaptées aux femmes (tout en les vendant plus chères évidemment) Quand je dis inadaptées je pense aux cycliste à bretelles si pratiques quand vous avez besoin de faire une pause pipi.
J'ai cependant trouvé des choses intéressantes sur internet
(Définitivement les cyclistes pro ne me diront pas bonjour ;-)
Et j'ai aussi investi dans un casque, bon quand à la maison, en me voyant avec mon casque on m'a dit : "il faut sauver le soldat Sophie" je me suis dit que j'y étais allée un peu fort :-)
le bardas : c'est un autre de mes problèmes, j'ai l'impression de transporter ma maison, sauf que c'est moi qui porte cette fois pas la voiture et le VAE pèse déjà très lourd. Ce sera d'ailleurs un point important lors de l'acquisition du VAE : la puissance de la batterie poids du vélo + le bardas + mon poids.
Mais j'ai besoin :
- lunettes
- GPS
- Téléphone
- batterie externe
- bouteille d'eau + brumisateur ou cape de pluie en fonction de la saison ;-)
- petite laine
- objet long et pointu en cas de dérraillage
- gants (comme ceux dans les stations-services) + chiffon
- pompe à vélo
- bombe anti-crevaison (ou une formation pour réparer indispensable sur des trajets longs)
Et :
-Tenue de rechange (Une de mes peurs c'est d'oublier ma tenue pour me changer et me retrouver en t-shirt et cycliste rembourré toute la journée. Ce serait un peu comme arriver à l'école en chaussons !
- serviette de toilette
- déodorant
- chaussures de rechange (si si !)
- sac à main
- Et je ne parle pas des livres, DVD, CD, magazines régulièrement empruntés à la bib, ni de la difficulté à transporter ma gamelle.
Le temps de trajet : j'ai réussi à le diminuer à 1h04 avec le VAE, mais, des que, je traîne un peu (les paysages sont magnifiques, il m'arrive de croiser des animaux à 4 pattes) je passe à 1h20 auquel il faut ajouter le temps de me changer. Certes pour relativiser, je me dis qu'il m'arrive de mettre jusqu'à 1h30 en voiture à cause des conditions de circulation.
Bilan : c'est dur ! Ca fait du bien (à ce qu'il paraît, cependant je continue à mal dormir la nuit et à compter les moutons, sauf que ces crétins sont maintenant à vélo et que j'ai du leur installer un tremplin pour sauter la barrière au moment du comptage).
Je ne sais pas aujourd'hui si j'achète un VAE, c'est cependant le moment ou jamais car les aides sont intéressantes. Parce que je sais que je ne ferai pas ce trajet tous les jours, parce que je n'utiliserai pas le vélo de novembre à février sauf à de rares occasions : mon trajet compte une part importante de forêt et si je n'ai pas peur, bien que l'on m'ait déconseillée cette forêt à cause de sa faune humaine. C'est la nuit qui me fait peur, traverser une forêt quand il fait nuit à 18h, j'ai déjà fait et, oui j'avoue c'est une peur culturelle, mais bien réelle dans mon cas pour l'avoir déjà testée.
Il y aurait la solution d'un itinéraire bis mais celui-ci m'expose à trop de risques liés à la circulation. J'ai envie de prendre du plaisir à faire ce parcours, pas à détester la moitié de l'humanité.
Et puis, je ne veux rien m'imposer. Je fais ce que je peux comme j'ai envie et je continuerai à utiliser ma voiture. J'essaie uniquement de faire ma part de colibri (même si je déteste cette expression depuis qu'elle est galvaudée par certains)
Il ne faut pas chercher en moi un exemple, je ne suis pas exemplaire.
Je ne sauverai pas le monde et ne deviendrai pas une extrémiste de la cause climatique ou du vélo (ou si c'est le cas promettez-moi de me le dire)