Quand je serai mouru,
disait l’enfant à ses deux mères:
je serai militaire.
Je rêve assez d’être méchant,
disait l’enfant paisible,
et lancer d’atomiques bombes
sur de vivantes cibles
me plaira beaucoup dans la tombe.
Si j’étais moi je ne vivrais
que pour l’amour du mal,
et je ferais au lazaret
crever tous mes chevals.
Je n’aurai donc été vivant,
disait l’enfant mouru
que pour obéir aux géants
qui ne m’ont jamais cru
Crois-donc en moi dit le nuage
à l’enfant qui repose,
et je ferai de toi le sage
ami de toute chose...
Peinture. Pierre Bonnard.