Actes Sud, septembre 2019,lien 192 pages, 18 euros 80
Sortie de mon mutisme bloguesque pour l’occasion de reparler d’une histoire qui m’avait touchée il y a plusieurs années, celle de La Fleur de l'âge, film fantôme de Carné et Prévert sur une mutinerie au bagne d’enfants de Belle-Île-en-Mer.
À la fois l'existence de ce pénitencier très spécial, et celle du film avorté, m'avaient été révélées par l'exposition à Vannes en avril 2013 des superbes photos de plateau d’Émile Savitrylien.
Les photos de Vannes m'avait déjà appris beaucoup de choses ; j'avais même gratouillé autour pour écrire ma chronique d'alorslien (voir les liens vers la presse de l'époque et autres sites) ; mais le grand mérite de Nicolas Chaudun est de livrer l'histoire de L'Île des enfants perdus à un public de lecteurs beaucoup plus large que celui des visiteurs d'une expo en province (sans parler de l'audience riquiqui de mon blog !).
Petit rappel pour celles et ceux qui ne cliquent pas sur les liens (et qui ont tort car le tort tue !) :
En 1934 un fait divers bouleverse Prévert : pour mater la rébellion des jeunes internés de la maison de redressement de Belle-Île, les autorités locales font appel aux habitants et aux touristes. Une prime est distribuée pour chaque fugitif retrouvé... Jacques en fait un poème, La Chasse à l'enfant, et un scénario. Ce n'est qu'après la guerre que les vieux amis Carné et Prévert pourront concrétiser leur projet de film basé sur cet événement triste et révoltant. Hélas, de mai à juillet 1947, d'incidents en difficultés techniques et financières, le tournage vire à la catastrophe et sera complètement arrêté au bout de trois mois. Cela fait penser à L'Enfer de Clouzot... Sauf que cette fois on a complètement égaré et jamais retrouvé ce que Marcel Carné avait finalement sauvé et monté une dizaine d'années plus tard.